Antipatriarcat

Quatorze semaines : des moyens pour un droit effectif à l’IVG




Une proposition de loi visant à renforcer le droit à l’interruption volontaire de grossesse a été adoptée par l’Assemblée nationale le 8 octobre. Cette loi constitue une avancée pour les droits des femmes, mais son parcours avant l’adoption finale est semé d’embûches, alors qu’elle est bien insuffisante. Seules nos luttes garantiront un droit effectif à l’interruption volontaire de grossesse.

La nouvelle proposition de loi allonge la durée légale de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) de douze à quatorze semaines. Ceci est primordial, car entre 3 000 et 5 000 femmes vont chaque année à l’étranger, à leurs frais, pour avorter. Les femmes les plus précaires ne peuvent souvent pas se le permettre. Entre autres dispositions de cette loi, il y a la possibilité pour les sages-femmes de réaliser des IVG chirurgicales jusqu’à dix semaines, alors qu’elles ne pouvaient réaliser que des IVG médicamenteuses jusqu’à présent.

L’ordre des médecins et l’Académie de médecine s’opposent à cette loi. Ce n’est pas étonnant, ces institutions sont réactionnaires et n’ont eu de cesse de tenter de limiter les droits des femmes, s’opposant déjà en 1974 à la loi de légalisation de l’IVG. Nos vies ne peuvent être placées entre les mains de ces personnes pour qui les femmes ne peuvent disposer de leur corps comme elles l’entendent  !

La proposition de loi prévoit également la suppression de la clause de conscience spécifique à l’IVG (les médecins ont déjà une clause de conscience générale)  : tant mieux  ! Ça ne plaît certes pas à ces messieurs, mais ce n’est pas à eux de décider pour nous. Il diront qu’ils ne souhaitent que protéger la santé des femmes ; mais nous forcer à avorter clandestinement, c’est nous mettre concrètement en danger.

Manque de moyens pour le droit à l’IVG

Allonger les délais, c’est important, pour éviter bien des situations dramatiques. Mais ce n’est certainement pas suffisant. Huit pour cent des centres IVG ont fermé ces dernières années. Dans de nombreux territoires, il faut parcourir 100 km pour avorter. En cela, l’élargissement de la possibilité pour les sages-femmes de pratiquer l’IVG est une bonne chose, mais il faut aller bien plus loin.

Aujourd’hui, l’accès libre et gratuit à l’IVG pour toutes les femmes n’est certainement pas garanti. Cela mène à des situations tragiques, car une femme qui veut avorter avortera. Des IVG hors délai peuvent donc être pratiquées dans de mauvaises conditions sanitaires, mettant en danger la santé des femmes. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est augmenter les moyens pour que le droit à l’IVG soit effectif.

Même si la proposition de loi est portée entre autres par des députées de LREM, Macron et Castex ne cachent pas leur désapprobation. Ils font d’ailleurs appel au Comité national d’éthique pour l’examiner. Seules nos luttes, les luttes des femmes pour notre droit à disposer de notre corps, à avoir des enfants si nous le voulons et quand nous le voulons, seront victorieuses. Il nous faut continuer à nous organiser dans nos associations féministes, dans nos Plannings familiaux, dans nos syndicats, pour que pas une femme ne soit laissée de côté.

Adèle (UCL Pantin)

 
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