Syndicalisme

Amazon : le « pic de fin d’année » au mépris de la santé




Derrière les monstrueux profits d’Amazon, ce sont avant tout des centaines de milliers de salariées à l’œuvre. Contre cette exploitation méthodiquement pensée, qui va jusqu’à tuer, certaines relèvent la tête en s’organisant syndicalement.

Le 10 décembre dernier, une éruption de tornades a dévasté le centre des États-Unis, faisant près d’une centaine de victimes  : parmi elles, on en dénombrait six sous les décombres dans un entrepôt géant d’Amazon. Les premiers témoignages tendent déjà vers une responsabilité de la direction, qui a forcé les travailleurs et travailleuses à rester, au mépris de toute règle élémentaire de sécurité.

Une cupidité qui n’est pas sans rappeler l’attitude de la direction d’Amazon France Logistique, lors des premiers mois de la pandémie de Covid. L’entreprise avait été contrainte par la justice à fermer ses entrepôts, le temps d’instaurer de sérieuses mesures sanitaires réclamées par les salariées, qui avaient entrepris des débrayages sauvages [1].

La valeur des actions de la multinationale a tellement grimpé lors de la crise sanitaire, qu’on estime que Jeff Bezos aurait pu verser 100 000 dollars à chacun des 700 000 salariées d’Amazon, tout en restant aussi riche qu’avant la pandémie. Le patron aux 200 milliards de dollars a même osé remercier les salariées d’Amazon pour son récent vol spatial, assumant qu’ils et elles ont «  payé pour ça  ».

Turn-over et délation

Malgré le cynisme affiché par son PDG, Amazon essaye tant bien que mal de faire croire à ses salariées qu’ils et elles vivent dans le meilleur des mondes. En «  récompense  » du pic de fin d’années, comprenant de nombreuses heures sup’ obligatoires, l’entreprise verse sa minuscule prime de 100 euros, là où les syndicats en réclament 1 000. Derrière les journées déguisées, se cachent les mêmes entretiens individuels quotidiens parce que le ou la manutentionnaire a cinq minutes de «  temps d’arrêt  » ou une légère baisse de productivité sur la semaine.

Le paroxysme de ce système est atteint avec le climat de rivalité attisé entre tous et toutes les salariées, notamment les intérimaires. Tout est bon pour convoiter le CDI, quitte à se tirer dans les pattes, même par la délation. Un comble quand on sait que la durée moyenne d’un CDI n’y est que de deux ans et demi  ! Un turn-over extrême malgré les annonces de nouvelles embauches, qui sont surtout des remplacements de départs. Objectif  : presser chaque salariée à fond [2].

Lors du pic de fin d’année, où cadences et effectifs sont multipliés, il en est de même avec les accidents de travail. Donnant systématiquement lieu à un refus, Amazon fait aussi traîner les papiers auprès de la CPAM, et donc les indemnités pour les salariées, obligées de revenir trop tôt au travail.

Malgré les pressions, la résistance s’organise. Aux États-Unis, l’implantation syndicale a été mise en échec après une intense campagne patronale. Malgré cette défaite, ces velléités de lutte sont encourageantes. En France, dès l’ouverture des premiers entrepôts en 2013, la riposte syndicale s’est organisée. Malgré des difficultés de mobilisation, les salariées ne s’y trompent pas  : une CGT revendicative est bien implantée et des sections SUD commencent elles aussi à se déployer dans plusieurs entrepôts.

Jérôme (UCL Douai)

 
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