Chômeurs : le Revenu minimum d’activité ou workfare




Alors que le gouvernement et le Medef mènent une politique de casse de l’emploi et des droits des chômeur(se)s sans précédent, nous ouvrons nos colonnes à une camarade d’Agir ensemble contre le chômage ! (AC !), association qui lutte depuis 1993 pour défendre les sans-emploi et les précaires.

Le Medef l’a rêvé, le gouvernement va le faire : transformer, avec la création du RMA (Revenu minimum d’activité) les rmistes en travailleurs pauvres et bon marché !

Cela gênait beaucoup le Medef que plus d’un million de personnes échappent à l’obligation de travailler et de se faire exploiter à bas prix, en échange d’une allocation pourtant misérable : allocation minimum d’indigence ou 411,70 euros par mois pour une personne seule, avant abattement du forfait logement…

Lorsqu’en 1988 le Revenu minimum d’insertion (RMI) fut institué par la gauche, même si son montant fut volontairement fixé très bas pour ne pas porter concurrence aux emplois à temps partiel, il reposait sur une idée généreuse : permettre aux personnes les plus éloignées de l’emploi, les moins « employables », de se reconstituer sur le plan psychologique et de la santé et de toucher un revenu minimum dit d’insertion, c’est-à-dire reposant sur un important volet insertion. À preuve, toutes sortes d’actions pouvaient entrer dans cette notion d’insertion : actions réparatrices de santé, aide au logement, actions de requalification professionnelle, etc.

De fait, sur le million de Rmistes, une part assez importante sort du RMI pour reprendre un emploi chaque année, ce qui montre que le RMI n’est pas totalement une « trappe à pauvres ». Mais le montant actuel du RMI ne permet pas de payer un loyer autonome dans la majorité des cas, il est toujours interdit aux moins de 25 ans ainsi qu’aux étranger(e)s n’attestant pas de trois ans de présence sur le territoire. Enfin, les crédits des plans départementaux d’insertion sont à peine consommés, ce qui marque la frilosité des départements pour répondre aux besoins des Rmistes. C’est pourquoi les associations de chômeurs (soutenues au niveau institutionnel par le PCF et les Verts) ont toujours demandé le relèvement du RMI et son extension aux moins de 25 ans.

On n’en est plus là, le RMI est aujourd’hui brutalement remis en question autant dans sa philosophie initiale (une prestation d’insertion) que dans ses modalités pratiques, avec le projet de loi qu’a déjà adopté en première lecture le Sénat le 28 mai dernier et qui va être discuté à la mi-novembre à l’Assemblée nationale.

Travailler pour (presque) rien !

Tout d’abord le RMI va être totalement départementalisé (bonjour le clientélisme !) et son volet insertion restreint. Mais l’objectif de la « réforme » va plus loin. Il s’agit tout bonnement de fournir au patronat une main d’œuvre à prix bradé, car le projet est d’obliger les Rmistes de plus de un an, par de fortes pressions et menaces de radiation, à accepter un emploi à mi-temps, avec interdiction de cumul, pour un demi-SMIC soit 180 euros de plus que le RMI actuel. Pire, le RMI serait versé aux employeurs, ceux-ci n’auraient plus qu’à payer 180 euros pour disposer d’un salarié à mi-temps. Ils ne cotiseraient à la retraite que sur ces 180 euros ! Enfin, dans ce cas-là, le volet insertion disparaîtrait totalement, l’employeur en étant seul comptable.

Il s’agit donc bien d’un workfare, ou travail forcé, car les pressions sur les Rmistes iront jusqu’à la radiation, et de la création d’un sous-statut du travail pour pas loin d’un million de personnes. Il est bien évident que cette mesure ne fera pas reculer le chômage, car de nombreux patrons préféreront licencier leurs salarié(e)s pour prendre à la place deux « Rmastes » payés 180 euros de leur poche…

Cette attaque frontale contre la logique d’insertion s’accompagne, on le sait, d’une révision à la baisse des durées d’indemnisation des chômeur(se)s indemnisé(e)s par les Assedic, qui vont ainsi plus rapidement basculer pour une partie d’entre eux/elles au RMI, pour d’autres à l’ASS (Allocation de solidarité spécifique versée par l’État aux « fins de droit »), pour d’autres enfin vers aucune allocation. Pour renforcer le tableau, le gouvernement annonce une réduction de la durée de l’ASS à deux ans pour ceux qui entrent dans le dispositif, à trois ans pour les actuels indemnisés, à partir du 1er juillet 2004.

Mobilisation générale

On assiste donc bien à une offensive sans précédent depuis la Libération contre les droits des chômeur(se)s et de l’ensemble des salarié(e)s, offensive extrêmement réfléchie, coordonnée et déterminée. Ces projets doivent être bloqués. Les chômeur(se)s et Rmistes ne se laisseront pas faire. Les chômeur(se)s ne doivent pas céder à l’abattement et rester isolé(e)s face à ces attaques.

Dans un premier temps, il faut qu’ils/elles contactent les associations de chômeurs, AC !, APEIS, MNCP, qui organisent des permanences et tiennent tous les lundis après-midi une assemblée générale à la Bourse du travail de Paris, rue du Château-d’Eau (métro : République). Chômeur(se)s, Rmistes, précaires, unissez-vous, résistons ensemble !

Évelyne Perrin (AC !, Réseau Stop Précarité)

 
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