Collectifs 3A : L’alternance ou l’alternative




Le 15 novembre avait lieu une journée nationale de manifestations contre la nouvelle cure d’austérité prévue par le gouvernement dans le cadre du projet de loi de finances pour 2015. Si l’on peut se féliciter d’une mobilisation unitaire sur ce sujet, force est de constater que ni les revendications, ni les modalités d’action proposées ne permettent pour l’instant de construire une riposte à la hauteur des enjeux.

Bien sûr, on ne va pas trop faire la fine bouche  : dans un contexte aussi morose, il est salutaire que le collectif Alternative à l’austérité (3A)  [1], né des suites de la marche du 12 avril contre la politique du gouvernement, ait impulsé une journée de mobilisation le 15 novembre contre le vote du budget. Que des associations, des fédérations syndicales et des organisations politiques parlent d’une même voix pour dénoncer la politique antisociale du gouvernement est d’autant plus salutaire qu’en dépit des attaques redoublées contre les travailleurs et les travailleuses, on peut déplorer le manque de luttes sociales susceptibles de faire évoluer le rapport de forces.

Malgré cela, et même si Alternative libertaire participe depuis sa création aux réunions du collectif 3A, nous avons décidé de ne pas signer l’appel unitaire issu des débats de ce collectif car nous considérons que les revendications et les formes de mobilisation doivent être adaptées aux enjeux.

Changer de gouvernement ou changer de société ?

En choisissant de mettre en avant la proposition d’une «  réforme fiscale d’ampleur  » comme axe central d’une politique alternative, les signataires de cet appel ont fait le choix de se placer uniquement dans la perspective d’un changement de gouvernement et ont d’ailleurs œuvré à élargir le collectif 3A en direction d’organisations susceptibles de participer à cette nouvelle majorité réformiste 
 [2]. Comment penser rompre ainsi non seulement avec les politiques menées depuis des décennies mais plus largement avec un système politique et économique fondamentalement injuste et inégalitaire  ?

Fatalement, les chiffres des manifestations du 15 novembre laissent entrevoir à quel point ces combinaisons politiques sont éloignées des préoccupations de la population  : les 30 000 personnes annoncées à Paris n’étaient en réalité pas plus de 10 000.

Passons à l’action !

Le constat est assez pessimiste et le risque est grand que ce collectif se résume à constituer l’inoffensif creuset d’une recomposition politique à la gauche du PS, complètement déconnecté de la réalité sociale. S’il ne change pas de cap, il faudra trouver ailleurs l’outil permettant de construire une mobilisation large et populaire et de poser les fondations de réels contre-pouvoirs. Pour cela, il n’y a pas d’autre solution que de s’appuyer sur des revendications concrètes (liées au logement, à l’accès à l’énergie, à l’emploi) et de pousser partout à des actions de solidarité contre les effets de cette politique qui réprime, expulse, licencie et précarise. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une riposte d’ampleur, au sein de laquelle des forces anticapitalistes coordonnées prendraient toute leur place pour pointer clairement les responsabilités et attaquer le système à la racine. Alors que la précarité augmente dramatiquement et que la répression s’intensifie, il est plus que jamais nécessaire de retisser une solidarité de classe et de développer des formes de résistance répondant directement aux souffrances quotidiennes.

Benjamin Bakin (AL Paris Nord-Est)

[2De Nouvelle Donne aux Socialistes affligés en passant par Europe Écologie-Les Verts ou le Mouvement des jeunes socialistes.

 
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