Russie : Le 11 avril, dans la rue pour Alexandr Koltchenko




Le 16 avril prochain, soit 11 mois jour pour jour après son arrestation et son kidnapping par les autorités russes, l’antifasciste ukrainien Alexandr Koltchenko sera fixé sur le sort qu’elles lui réservent pour les mois à venir. En effet les juges moscovites chargés de son affaire statueront sur la poursuite de sa détention. Il se pourrait qu’ils communiquent également la date de son procès.

Alexandr Koltchenko est un militant antifasciste, anarchiste et écologiste. C’est aussi un postier et syndicaliste étudiant ukrainien qui vivait en Crimée jusqu’au 16 mai 2014, date à laquelle il a été victime d’une arrestation et d’un enlèvement par les services secrets russes, autrement dit le FSB, ex-KGB. Il est actuellement incarcéré à Moscou à la prison de Lefortovo qui est un centre de détention du FSB.

15 à 20 ans de camp de travail

Les autorités russes l’accusent lui et trois autres personnes
 [1] de façon délirante d’avoir organisé un groupe terroriste lié au parti d’extrême droite ukrainien Pravy Sektor (Secteur droite, organisation fasciste). Il est ainsi accusé d’avoir planifié des explosions près de la statue de Lénine à Simféropol le 8 et 9 mai 2014, saboté des voies ferrées et des lignes électriques et tenté d’incendier en avril de la même année les locaux d’organisations politiques favorables au tyran Poutine.

En fait, les autorités russes veulent faire taire un opposant qui a participé dans le camp antifasciste aux manifestations de la place Maïdan à Kiev, lesquelles ont abouti à chasser du pouvoir le président corrompu Viktor Ianoukovitch, du Parti des régions (prorusse). Elles n’ont pas non plus supporté qu’il s’oppose à l’occupation militaire russe qui a faussé le référendum en Crimée en organisant des manifestations pacifiques et populaires.

Pour toutes ces raisons, Alexandr risque 15 à 20 ans de camp de travail, sachant qu’en Russie, tout détenu est astreint à ce régime, quelle que soit sa peine et même s’il se retrouve en détention provisoire.

En Ukraine et en Russie, anarchistes, antifascistes et progressistes russes se mobilisent pour lui. En France une campagne de solidarité internationale a débuté avec la participation d’organisations comme la Ligue des droits de l’homme, la Fédération internationale des droits de l’homme, Solidaires, le Snesup-FSU, Émancipation, la CNT-F, la CNT-SO, Alternative libertaire, Ensemble, le NPA, l’Insurgé et plusieurs groupes issus des immigrations russe et ukraininenne en France.

En Russie, nos camarades ­d’Avtonomie deistvie (Action autonome, organisation communiste libertaire) jouent un rôle particulièrement actif dans l’organisation de la solidarité. Avec le réseau international communiste libertaire Anarkismo, dont AL fait partie, nous nous employons à donner une dimension planétaire à ce combat.

La date du 11 avril sera importante, puisqu’à Paris des rassemblements de protestation se tiendront aux abords de l’ambassade de Russie, mais aussi d’Ukraine dans la mesure où les autorités de ce pays ont fait le choix d’ignorer cette affaire, alors qu’elles pratiquent des échanges de prisonniers avec les autorités russes et que celles-ci dénient à Alexandr sa nationalité ukrainienne afin de le faire juger en tant que Russe, ce qu’il conteste.

Silence médiatique

Dans les nouvelles récentes qu’il a pu communiquer, Alexandr fait savoir qu’il va bien et que ses convictions politiques sont intactes, malgré le régime auquel il est astreint. Cela étant dit les contacts avec l’extérieur sont quasi nuls et le travail de défense de son avocate est en grande partie entravé par les autorités russes.

La mobilisation est donc urgente pour faire connaître cette affaire dans un contexte marqué par l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov. Ce dernier montre que l’État russe et les oligarques avec lesquels ­Poutine gouverne sont décidés à écraser toute voix dissonante en Russie comme en Ukraine.
Profitons donc du fait que les médias accordent un peu plus d’attention à la violation des libertés en Russie pour faire connaître la situation d’Alexandr. Le silence médiatique autour de cette affaire est d’autant plus scandaleux que la presse internationale et tout spécialement la presse française médiatisent à outrance l’opposant russe Alexei Navalny (voir encadré ci-dessous). D’autres initiatives suivront dont nous rendrons compte sur le site Internet d’AL.

Laurent Esquerre (AL Paris Nord-Est)

[1Parmi ces personnes, on trouve
le cinéaste Oleh Sentsov, défendu
par plusieurs cinéastes de renom
dont Wim Wenders et deux autres personnes qui ont fait le choix
de collaborer avec les autorités russes quitte à charger Koltchenko et Sentsov.

 
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