Sans-papiers de Bondy : Sept ans de lutte pour des logements décents




À Bondy, les résidents de la clinique Michelet ont lutté durant sept ans pour obtenir papiers et logement décent. Cette lutte a permis de battre en brèche le cynisme d’un riche marchand de sommeil.

Dans la clinique désaffectée Michelet de Bondy (93), l’aventure de la lutte collective a commencé il y a sept ans, en 2007, mais la galère des résidentes et résidents a commencé bien plus tôt, fin 2001– début 2002, pour les plus anciens. C’est en effet quelques mois après la cessation d’activité de la clinique que son propriétaire, anesthésiste de profession, a eu la lucrative idée de louer, telles quelles, les chambres de la clinique à un tarif moyen de 500 euros mensuels, à qui ne trouvait pas à se loger ailleurs. Six ans plus tard, la totalité des locaux sont occupés, de la morgue aux anciennes salles d’accouchement, en passant par les sous-sols et autres annexes, par plus de cent cinquante personnes dont soixante enfants. Les résidents sont étrangers et la moitié d’entre eux sont sans papiers. Le comité de soutien qui se met en place en septembre 2007 est imposant et très large mais bon nombre de ses membres se feront vite très discrets, pour certains pris dans les contradictions de leurs responsabilités municipales (mairie PS), pour d’autres rapidement essoufflés par ce travail de terrain de longue haleine. Ne reste très vite qu’une poignée de militants d’Alternative libertaire et de Bondy autrement, opposition municipale de gauche.

D’abord les papiers, ensuite le logement

L’assemblée générale des habitants décide alors de mener le combat en deux temps : ­d’abord les papiers, ensuite le logement. Deux années de mobilisation seront nécessaires pour gagner la régularisation de tous. Puis commencera la lutte pour le logement, en association avec Droit au logement (DAL). Le lien de certains militants avec le Réseau éducation sans frontières (RESF) et DAL permettra un travail fructueux avec ces associations qui accompagneront la lutte jusqu’au bout.

Une partie d’échecs avec trois adversaires

Les résidents et leurs soutiens organiseront des dizaines de diffusions de tracts, des rassemblements devant la préfecture, des apéritifs et repas conviviaux à destination des habitants de ce quartier pavillonnaire. Ils harcèleront élus et personnalités pour obtenir leur soutien, répondront à moult interviews, ouvriront leurs logis aux caméras. Pendant sept ans, le collectif de lutte a joué une partie d’échecs avec trois adversaires : le propriétaire, la préfecture et la municipalité, à différents titres puisque aucune négociation avec le propriétaire n’a jamais été envisagée. Celui-ci est omniprésent puisqu’il habite à côté de la clinique. Il est également procédurier : habitué des tribunaux (administratif, d’instance, de grande instance), il fait appel à chaque condamnation concernant son activité de marchand de sommeil, puis se pourvoit en cassation, tirant ainsi profit de la lenteur de la justice. Après sept années d’une lutte exemplaire menée par les habitants eux-mêmes, cinq préfets différents (sur fond de changements de majorité) et deux maires successifs, l’affaire semble trouver une issue. Deux tiers des résidents sont aujourd’hui relogés et le collectif continue à veiller à ce que tous le soient.

Chloé (AL 93)

 
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