Sociaux-traîtres : Riposte populaire contre les marionnettes capitalistes




Le changement de gouvernement ne fait que renforcer la guerre sociale que la « gauche » au pouvoir mène contre les classes populaires. Pour briser le désespoir et enfin relever la tête, plus que jamais il est temps de lutter, de se fédérer et de porter une alternative révolutionnaire.

Face au changement de gouvernement la plupart des éditorialistes se demandaient si le gouvernement avait pris un tournant libéral ou social-démocrate. Mais ces perroquets de la bourgeoisie ont beau jacasser, la caravane passe. L’éviction de Montebourg et consorts ne changera pas grand-chose sur le fond de la politique du gouvernement.

Politique de droite décomplexée

Depuis que les socialistes sont au pouvoir, ils mènent une politique qui va dans le même sens : cadeaux fiscaux aux plus riches, destruction du droit du travail, etc. Sans oublier une politique raciste et sécuritaire. Pour autant la déclaration d’amour de Valls aux entreprises, à l’université du Medef, devant un public de patrons l’acclamant, montre que l’heure est à l’accélération. La ligne politique ne change pas, mais la façon de faire oui. Désormais il s’agit de mener une politique (de droite) totalement décomplexée. Une politique ouvertement contre les travailleurs, les précaires et les jeunes. Une politique d’étranglement du peuple que réclament les capitalistes européens et français pour leurs profits. Les réactions réjouies du Medef le montrent bien, les patrons vont récupérer le pactole et ont désormais les coudées franches pour demander ce qu’ils veulent : 35 heures, travail du dimanche, Smic, les attaques vont se multiplier. Les socialistes ont bien compris qu’ils ne pouvaient s’appuyer sur aucune forme de légitimité politique pour gouverner. L’impopularité bat des records et la colère gronde dans le pays. La classe des politiciens est complètement décrédibilisée. La complicité ouverte avec les capitalistes et les nombreuses « affaires » démontrent chaque jour que le clientélisme et la corruption ne sont pas des exceptions mais la rançon quotidienne, à tous les échelons, d’un système croulant. Mais peu importe, les politiciens ne reculeront devant rien pour appliquer leur politique. Passages en force à l’Assemblée nationale, recompositions politiques opportunistes, répression accrue contre ceux et celles qui luttent, tous les moyens sont bons du moment que ça va « dans le bon sens ». Plus les gouvernements ont une légitimité faible, plus s’accroît leur autoritarisme.

Évolution incertaine du régime

Le régime de la Ve République repose sur le bipartisme à travers un arsenal institutionnel solide, cloisonné, qui fait qu’un parti peut représenter 30 % des voix et n’avoir que quelques députés (de la même manière qu’il permet à un parti qui fait 2 % d’en avoir 20). Cette stabilité institutionnelle est une garantie pour les capitalistes, leur permettant d’asseoir leur domination tout en jouant le jeu de la « démocratie représentative ». La bourgeoisie a tout intérêt à ce que les choses ne changent pas et que le jeu funeste de la Ve République continue. Mais les choses peuvent changer quand le pays n’est plus gouvernable du fait d’une instabilité sociale ou institutionnelle. La question se pose aujourd’hui : les partis traditionnels seront-ils en mesure de gouverner selon le jeu institutionnel habituel ? Rien n’est moins sûr. L’application d’une politique « austéritaire », par une classe politique devenue instable et fragilisée, pourrait nécessiter une évolution du régime. Le scénario le plus probable est celle d’une évolution autoritaire, déjà entamée, du régime que ce soit sous la forme d’un gouvernement technocratique ou par un retour de la « droite dure » aux affaires. Il y a aussi le risque, de plus en plus palpable, d’une arrivée au pouvoir de l’extrême droite dont les idées gagnent du terrain. Mais pour le camp des exploi­­­tés, l’heure est à l’action dans une situation qui nécessite paradoxalement d’agir à la fois dans l’urgence d’une situation inquiétante, tout en construisant à moyen terme les bases d’une véritable alternative politique. Le désespoir n’est pas de mise. La priorité aujourd’hui est de redonner espoir à toutes celles et ceux qui subissent le capitalisme. Mais pour cela il faut être clair sur les impasses dans lesquelles ne pas retomber. Depuis 2005 se succèdent les recompositions à la « gauche de la gauche ». Bien souvent des solutions « par le haut » qui n’aboutissent qu’à quelques résultats électoraux avant de se casser la figure dans des logiques d’alliance qui paraissent bien opportunistes. Les priorités se situent ailleurs que dans des stratégies de « coups politiques » qui conduisent aux mêmes désillusions et qui affaiblissent le camp des exploité-e-s. Le terrain des luttes est évidemment une priorité. Celles-ci sont le meilleur antidote à l’influence de l’extrême droite. Elles sont le terreau de la conscience de classe et sans un niveau de luttes plus intense, la question d’une politique alternative est chimérique. Car ce n’est pas la politique qui crée les luttes mais bien celles-ci qui créent la politique. De nombreuses mobilisations ont eu lieu et/ou se développent (cheminots, intermittents et précaires, etc.). Autant de signes ­d’une colère qui monte et qui ne demande qu’à s’étendre. Dans ce sens, la convergence des luttes est un enjeu important. Bien que la perspective d’un « conflit central » semble lointaine, des convergences ont déjà été mises en place dans certaines villes comme Toulouse ou Marseille.

Unité autour des luttes et des revendications d’urgence

À cet égard la poursuite de ­l’initiative unitaire débutée le 12 avril dernier est primordiale. À deux conditions. ­D’une part que soit rendue la place centrale aux organisations du mouvement social, seul moyen pour que ­l’initiative puisse être connectée à des dynamiques de lutte et qu’elle ne soit pas otage d’enjeux politiciens. D’autre part, que soit constitué un socle commun de revendications d’urgence permettant de fédérer au-delà des cercles militants et de donner du contenu à de prochaines journées de mobilisation.

Un projet politique pour demain

En cette période de confusionnisme politique les révolutionnaires doivent non seulement être à l’animation des luttes mais se doivent également de porter une alternative politique. Il est donc important que les anticapitalistes fassent entendre leur voix face aux réformistes. C’est dans ce sens qu’AL a initié, dans différentes villes, des fronts anticapitalistes, qui se veulent des outils souples de convergence dans l’action et les revendications des personnes, organisées ou pas, se reconnaissant dans un anticapitalisme combatif, écologique, autogestionnaire et égalitaire. Développer ce type de convergence, dans une logique de mobilisation en dehors de toute perspective électorale doit permettre que soient posées les questions de l’alternative politique, de la construction d’un pouvoir populaire, s’appuyant à la fois sur les luttes existantes mais également sur les alternatives en acte.

Tristan (AL Toulouse)

 
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