Santé : Les Lilas ne sont pas morts




Après trois ans de menace de fermeture et de promesses non tenues du gouvernement, la reconstruction de la maternité des Lilas semble finalement possible… Mais d’une manière qui pose question à bien des égards.

Suite aux trahisons de l’agence régionale de santé et de la ministre Touraine, qui ont interrompu le projet initial de reconstruction des locaux de la maternité des Lilas depuis longtemps vétustes et inadaptés, aucune des solutions de substitution proposées n’avait été jugée acceptable au sein de l’équipe de la maternité et du collectif de soutien.

Une solution inquiétante se présente aujourd’hui : l’adossement à une clinique privée à but lucratif, Floréal, située à proximité de l’ancien site, sur la commune de Bagnolet. Cette reprise serait couplée à une prise en mains du conseil d’administration par Docte Gestio, entreprise « requin » de la gestion des structures de santé. L’optique de ce groupe privé est claire : la recherche du profit. Et il a posé ses exigences : être majoritaire au conseil d’administration de l’association Naissance, qui chapeaute la maternité.

Emprise d’un groupe privé

Cette solution avait été proposée et refusée il y a plusieurs mois par l’ensemble des salarié-e-s, et a été reproposée en février 2015, alors que le risque de dépôt de bilan se faisait pressant. Elle est pour l’instant à ­l’étude, même si les salarié-e-s semblent soutenir la position du CA et l’accepter en désespoir de cause. Il n’y a aucune certitude ni sur le nombre d’emplois qui seront sauvés, ni sur les perspectives de poursuite du projet de la maternité : offrir une liberté de choix aux femmes qui souhaitent accoucher ou avorter, proposer des alternatives au surmédical et un accompagnement individualisé aux patients.

Si pour la majorité des salariés, l’enjeu primordial est la sauvegarde des postes dans un contexte de déficit, se pose également la question du sens d’une poursuite d’activité sous l’emprise d’un groupe privé, sous des conditions encore indéterminées, et qui à terme pourrait même se solder par le rachat de la maternité. En outre, les négociations entre CA et ministère se sont déroulées dans une certaine opacité, qui n’a pas favorisé le climat de confiance et l’union des salarié-e-s, soutiens et gestionnaires. Ce qui a conduit la présidente du CA à démissionner en mars, en dénonçant le manque de fonctionnement démocratique au sein de la lutte.

Bien que les médias aient relayé l’affaire sous un jour optimiste, aucune solution définitive n’est pour l’instant arrêtée ; et si le « projet Floréal » venait à voir le jour, il s’agirait de défendre les intérêts et les conditions de travail des salarié-e-s, et de soutenir la philosophie des Lilas. La lutte est donc loin d’être finie.

Clémence (AL Paris-Nord-Est)

 
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