Tafta : L’autre monde se mobilise




Samedi 18 avril avait lieu la journée internationale de lutte contre le libre-échange : l’occasion de revenir sur les enjeux écologiques, mais aussi économiques et démocratiques du Tafta.

Lors de la journée internationale de lutte contre le libre-échange du 18 avril dernier, les médias français ont moins couvert les mobilisations nationales que celles de l’étranger, plus massives, surtout en Allemagne – manifestation de 23 000 personnes à Munich.

L’idéologie des multinationales

La marche parisienne a toutefois rassemblé plus de 2000 personnes, dont une partie est restée pour la flashmob du soir, et 90 actions se tenaient dans d’autres villes. Le meeting de ­Montreuil, organisé par Attac, a surtout fait le lien avec les négociations sur le climat prévues fin 2015, sur lesquelles celles du ­Tafta planent comme un vent contraire. Comment engager des États sur la réduction des gaz à effet de serre, s’ils travaillent parallèlement à favoriser le modèle économique le plus émetteur, et le plus consommateur des ressources qui régulent le climat ?

Idéologie inspirée par et pour les multinationales, le « libre-échange » est l’ennemi de toute transition climatique. Le culte de la concurrence y engendre le productivisme et l’industrialisation. Autre aspect majeur, la privatisation des ressources : jusqu’à la création de mesures de protection de l’environnement (eau, air, etc.), les entreprises exploitaient et gaspillaient ces biens communs, gratuitement ou presque, et c’était l’un des secrets de leur rentabilité. Le Tafta permettrait d’y revenir, en attaquant pour « entrave au commerce » les règles environnementales patiemment obtenues.

Enfin, le marché mondialisé dont les transnationales ont besoin pour faire du profit et spéculer s’oppose à la relocalisation de l’économie. Pour la production d’énergie par exemple, l’OMC a empêché nombre de programmes publics de transition énergétique – en Ontario, en Inde – en démantelant les subventions aux productions et emplois locaux, au nom de l’« égalité de traitement » entre entreprises nationales et étrangères.

Subversion de la démocratie

Les collectifs stop-Tafta ne s’en tiennent pas à l’approche écologiste. La subversion de la démocratie par le libre-échange est un angle d’attaque fort, ainsi que la question agricole et donc alimentaire et sanitaire, sur lesquelles la Confédération paysanne et ses équivalents étrangers font campagne contre les traités.

Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que les mouvements citoyennistes, écolos, paysans et syndicaux (à la marge) qui portent cette lutte sont laissés bien seuls. Les menaces que représentent les traités, notamment pour le monde du travail et la sécurité individuelle, mériteraient que d’autres acteurs syndicaux et politiques se mobilisent. Mais c’est d’autant plus difficile que l’on touche au point nodal de notre rapport de force avec les capitalistes : notre dépendance à leur système.

Mouchette (commission écologie)

 
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