Communiqué UCL

91 élues d’extrême droite au Parlement, Macron complice




Le résultat des élections législatives est sans appel : le RN arrive en force, la NUPES et Macron échouent à la majorité absolue et l’abstention est record. Le plus choquant est évidemment le score du RN qui triple quasiment son meilleur résultat à l’époque de sa première entrée à l’Assemblée Nationale en 1986. Plus de 90 députés dont un certain nombre de fascistes font leur entrée au parlement avec l’aide de Macron. Cette présence massive et inédite depuis l’instauration de la Ve république est un signe de plus de l’avancée électorale de l’extrême droite, mais aussi de la fascisation rampante de l’État, au travers des tactiques cyniques d’un camp libéral prêt à ouvrir les digues pour se maintenir au pouvoir.

Un score tragiquement historique des racistes décomplexés

Le RN devient le deuxième parti politique représenté à l’Assemblée Nationale, devant la France Insoumise. En 1986 et à cause de l’instauration d’une part de proportionnelle par Mitterrand aux législatives, le FN entrait à l’Assemblée Nationale avec 35 députés. Cette manœuvre du président socialiste pour éviter une cohabitation avec le RPR (aujourd’hui LR) est la même mise en œuvre 36 ans plus tard par le camp néo-libéral, au travers de ses déclarations mettant sur un pied d’égalité l’alliance électorale de la gauche (la NUPES) et le RN. Le résultat est tout simplement catastrophique. Pourtant, les exemples historiques ne manquent pas pour se rappeler que quand les fascistes sont légitimés et accèdent à des postes de pouvoir, il est difficile de les en sortir. Avec 89 sièges, le RN vient peut-être de s’installer durablement dans les instances étatiques, et a de toute manière le poids nécessaire pour pouvoir imposer ses thèmes au cœur même du débat parlementaire : xénophobie, racisme, autoritarisme. En effet, il pourra peser face à un camp présidentiel affaibli, sans majorité, toujours plus violent, en promettant d’être le garant de l’ordre face à la gauche que le pouvoir s’est évertué à diaboliser. C’est d’autant plus probable, qu’une partie des éléments de l’idéologie nationaliste était déjà bien présente dans la politique de la majorité présidentielle actuelle.

L’État va financer le RN à coup de millions d’euros

Pour le RN, cette victoire rapporte gros, également sur le plan financier. D’une part, le nombre de voix obtenues rapporte au parti une somme annuelle fixe. D’autre part, chaque élue permettra au RN de caser des proches du clan Le Pen, de recycler d’anciens membres moins « sortables » comme attachés parlementaires. Enfin, des millions d’euros (autour de 10 millions par an pour le RN) de subventions publiques accompagnent les postes de député-es, normalement pour animer la vie démocratique de leur circonscription. Alors que le parti se dévitalisait de l’intérieur ces dernières années, qu’une partie de ses cadres et militant-es avaient quitté le navire, par ces résultats, le RN va être à nouveau en capacité de se développer, voir peut être comme jamais auparavant. En passant électoralement devant le parti traditionnel de la droite, il peut lui ravir la place de tremplin politique pour les jeunes notables des classes supérieures, même si l’expérience du FN/RN au Parlement européen a bien montré qu’il s’en servirait plutôt pour remplir les caisses du parti massivement endetté et les poches de ses chefs. Mais c’est bien notre argent qui va financer les sorties racistes des membres du RN.

Libéraux et extrême droite, alliés objectifs pour défendre le capitalisme

Si ce score du RN est inattendu, il n’est pas totalement imprévu. La stratégie de dédiabolisation menée depuis des années et bien connue a franchi une nouvelle étape durant cette élection, lorsque plusieurs membres de la majorité présidentielle (comme la ministre battue Amélie de Montchalin, ou l’ancien ministre lui aussi battu Christophe Castaner) ont mis dos à dos la menace fasciste et les « anarchistes de la NUPES » qui menaceraient l’ordre et la République. Plus encore, une grande majorité des candidates LREM battues dans des circonscriptions opposant au 2e tour RN et NUPES n’ont pas exprimé de consigne de vote anti-RN, certaines s’étant même maintenues, permettant la victoire des candidates RN dans le cadre de triangulaires. Les dernières digues ont sauté face à la peur d’une victoire de la gauche. Comme à chaque situation de crise, les libéraux autoritaires ont montré leur préférence pour le fascisme face à un risque de contrôle modéré du capitalisme. Par leur échec à répondre aux problèmes du moment (inflation, crise écologique, revalorisations salariales…) autrement que par les solutions les plus autoritaires et policières, ils ont ouvert volontairement la voie à un tel score d’un parti fasciste.

Les élections passent mais la lutte continue !

Nous l’avons dit et répété pendant toute la période et nous le répéterons encore : le fascisme se combat à la base, par la base !

En tant que militantes antifascistes, anticapitalistes et révolutionnaire, nous ne pouvons nous reposer uniquement sur un contrepoids parlementaire pour faire face aux fascistes et leurs idées. La séquence électorale passée, c’est dans la rue et par les luttes que nous mènerons contre les politiques racistes, contre les menaces fascistes que nous les ferons reculer. C’est en construisant un mouvement social fort, au plus près des intérêts de notre camp, celui des exploitées et contre les dominations que nous subissons, que nous feront baisser la menace fascistes. Faire baisser cette pression passe aussi nécessairement par l’engagement direct et réel contre l’ensemble des groupes d’extrême droite, du RN aux multiples bande fascistes, sur le terrain.

C’est pourquoi nous appelons l’ensemble des organisations de la gauche sociale et révolutionnaire, des organisations syndicales combatives et du mouvement social à investir le champ de la lutte antifasciste et à construire, localement et nationalement les outils pour mener le combat efficacement contre l’extrême droite et ses idées. Nous appelons à l’unité du camp antifasciste, car les divisions et les différends qui nous mènent dans des situations absurdes et contre-productives sont définitivement en deçà des enjeux de notre période et minent durablement nos capacités à combattre. Ne les laissons pas gagner plus longtemps.

Union communiste libertaire, le 22 juin 2022.

 
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