Canicule : développer une colère collective plutôt que la peur et l’abattement




Un évènement climatique extrême de plus… Ces dernières canicules suivent celle de 2003, puis celles de 2019. Mais cette année c’est consécutivement en juin puis à nouveau en juillet que la barre des 40 degrés a été dépassée en France métropolitaine. Chose qui est en passe de devenir normale, avant même l’été ! Et déjà ce mois de mai 2022 a été le plus chaud enregistré sur le territoire. Des chaleurs auxquelles s’ajoutent des épisodes de gels tardifs et les grêles dévastatrices qui ont de lourdes conséquences sur les cultures. La sècheresse est généralisée, extrême dans certains endroits (moins de 100mm de précipitations depuis le début de l’année).

Évidemment, la France n’est pas la seule concernée : incendies géants en Australie, en Grèce, en Espagne, etc., sécheresse en Italie, troupeaux de vaches décimés par la chaleur aux États-Unis…

Dans les pays du Sud, très majoritairement agricoles ou pastoraux, la situation est encore plus catastrophique. La Somalie est, par exemple, en état d’urgence depuis novembre, et connaît sa pire pénurie d’eau depuis 40 ans. Actuellement, au seul mois de mai, le nombre de déplacées par la sécheresse s’élève à 33 000 en Somalie et pourrait au total dépasser le million et demi sur toute la période de crise, soit 10% de la population du pays !

Nous prenons de plein fouet les conséquences d’un changement climatique pourtant anticipé depuis plus de 30 ans.

Des sentiments contraires

Face à cette situation, nous sommes seules face à nos sentiments, souvent contraires. Nous avons l’impression de ne pas faire assez individuellement, les médias et pouvoirs politiques ne manquant pas une occasion de nous inciter « aux petits gestes » et à l’action individuelle, entretenant chez nous un fort sentiment de culpabilité. Alors même qu’en réalité ce sont les prolétaires qui payent le prix : les écoles deviennent des saunas, certaines n’ayant même pas de zones ombrées dans la cour de récréation ; dans les logements mal isolés ou mal conçus, on attend la fin de la canicule à plus de 30 degrés à l’intérieur ; sur le lieu de travail, les conditions deviennent insupportables.

La peur également se mêle à l’abattement : comment contrecarrer un processus si long, complexe et à si large échelle ?

Des coupables existent

L’Union communiste libertaire tient à rappeler que les premiers coupables sont à chercher parmi ceux qui entretiennent le système capitaliste : les capitalistes eux-même bien sûr, mais aussi les États et institutions qui les renforcent et ne font rien pour corriger le tir. Les coupables, ce sont les Bolloré, Lafarge, Total et consorts qui continuent à piller les ressources de la planète, et ce sont les Macron, Hollande, Sarkozy et tous les autres qui leur facilitent la tâche. Les coupables ce sont aussi Bayer, Limagrain, Danone et l’industrie agro-alimentaire dans son ensemble qui accaparent les terres, développent une agriculture sans arbres en prenant le monopole de l’eau.

Des institutions inconséquentes

Alors même que nous allons droit dans le mur, la bétonisation continue au même rythme effarant, on agrandit les aéroports, les périphériques. Dans les villes, les mairies se félicitent de rares espaces verts qui ne suffisent pas à abaisser la température. Des secteurs gourmands en eau, dont on peut se passer, profitent toujours de subventions quand les maraîchères et maraîchers sont dans l’incapacité de semer à cause du manque d’eau. Et « en même temps », la « transition » ne fait que renforcer le modèle agro-industriel qui a fait tant de dommages aux terres et aux personnes qui la cultivent à travers la création de bassines géantes de rétention d’eau et de méthaniseurs industriels subventionnés. Et au milieu de tout ça, les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial ne baissent toujours pas.

La colère collective nécessaire

Au milieu de cette dévastation et cette détresse, les résistances populaires existent. Le fait est que toutes les avancées écologistes ont été obtenues par la lutte : l’abandon du projet d’aéroport à Notre Dame-des-Landes, l’interdiction programmée du glyphosate, le projet de surf park à Saint-Père-en Retz, l’arrêt des OGM…

Face au mépris, nous devons transformer nos sentiments de peur et d’abattement en colère collective, renforcer les luttes d’aujourd’hui et construire celles de demain. Plus que jamais auparavant, nous devons faire front commun avec toutes les forces politiques, syndicales ou associatives qui prennent la mesure de l’enjeu historique auquel fait face notre classe. Il nous faut construire un rapport de force capable d’empêcher les capitalistes de nuire plus longtemps à l’environnement, dont nos conditions de vies dépendent. Notre horizon écologiste est une triple révolution : celle des modes de production, celle des modes de vie ainsi que celle des échanges.

Enfin nous soutenons toutes et tous les travailleurs et travailleuses qui exerceront leur droit de retrait et exprimons notre solidarité auprès de toutes celles et ceux qui subissent les conséquences de cette canicule au travail comme à domicile.

Union communiste libertaire, le 15 juillet 2022

 
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