Afrique du Sud : Pourquoi Michael Schmidt a été banni




La surprise a été grande, lorsque les lecteurs et lectrices de Michael Schmidt, auteur d’ouvrages et d’articles sur l’histoire de l’anarchisme, ont appris que celui-ci participait activement à des groupes d’extrême droite. Retour sur le traitement de l’affaire par le réseau communiste libertaire international Anarkismo.

Michael Schmidt, historien et journaliste basé en Afrique du Sud, qui se revendique anarchiste et a beaucoup publié sur ce sujet, notamment chez AK Press et sur Anarkismo.net, a été identifié comme participant à des groupes web d’extrême droite sous différents pseudos, il y a quelques années. Il tâchait d’opérer une synthèse d’anarchisme et de suprématisme blanc. Il a d’abord affirmé que c’était dans le but d’effectuer des recherches, bien que cela ait manqué de crédibilité. Puis en 2017, il a écrit une confession partielle, et a admis avoir été influencé par ces groupes et ces idées d’extrême droite au cours de son travail d’enquête, mais aussi avoir activement détourné les enquêtes menées sur ses activités par le Front Anarcho-Communiste Zabalaza (ZACF, Afrique du Sud) et avoir menti à des camarades ainsi qu’au réseau Anarkismo. Anarkismo regroupe plusieurs organisations du courant communiste libertaire à travers le monde, dont Alternative libertaire  ; c’est aussi un site internet (www.anarkismo.net) où est relayée l’expression du réseau, d’organisations membres et de contributeurs et contributrices particuliers.

Cette affaire a eu un écho relativement important dans le milieu anarchiste anglo-saxon. Dans la mesure où Michael Schmidt publiait des articles sur le site d’Anarkismo, le réseau a rompu les liens avec lui. De même, en 2017, suite à sa lettre de confession partielle, l’Institut de théorie et d’histoire anarchiste, dont il était membre, a décidé de l’exclure. Auparavant, Anarkismo a souhaité mettre en place une commission d’éthique ouverte à d’autres organisations du mouvement anarchiste, dans le but de le juger.

Une affaire qui a coûté du temps et de l’énergie

Cette commission a été ébauchée pendant quelques années, mais finalement aucune structure extérieure au réseau n’a répondu à l’appel à y participer. A l’heure où sont écrites ces lignes, Anarkismo a renoncé à mettre en place une commission interne et s’en est tenu à la décision consensuelle de bannir Michael Schmidt du mouvement. Aux dernières nouvelles, celui-ci ne doit pas poursuivre la série d’ouvrages intitulée Counter-Power, inaugurée avec le livre Black Flame  : the revolutionary class politics of anarchism and syndicalism.

Cette affaire a coûté de l’énergie aux camarades qui y ont investi du temps pour la traiter ; néanmoins on peut en retenir des enseignements pour gérer d’éventuels cas similaires. Le bilan que l’on peut tirer de cette affaire ayant duré plusieurs années a mis en évidence des limites du fonctionnement d’Anarkismo, en termes de réactivité par exemple. Au-delà de ce problème en particulier, Alternative libertaire devrait s’investir davantage qu’elle ne l’a fait au sein du réseau, ce qui est en train de se faire progressivement.

Quentin (AL Rennes)

 
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