Edito : Justice-fiction




Imaginez un pays, une république bourgeoise, où le ministre de la Justice ouvre une enquête contre des juges car ces derniers ont épluché les échanges téléphoniques de journalistes et d’avocats pour trouver la personne ayant informé un ancien président de la république et son avocat (et ami du ministre de la Justice) des écoutes dont ils faisaient l’objet dans une enquête pour corruption.

Imaginez un pays, une république bourgeoise, où le ministre de la Justice ouvre une enquête contre des juges car ces derniers ont épluché les échanges téléphoniques de journalistes et d’avocats pour trouver la personne ayant informé un ancien président de la république et son avocat (et ami du ministre de la Justice) des écoutes dont ils faisaient l’objet dans une enquête pour corruption.

Vous suivez ?
Imaginez que ce ministre soit un avocat ayant plaidé pour un ancien ministre condamné pour blanchiment d’argent, pour des« parrains » de la droite condamnés pour des délits multiples, ou encore pour des policiers « bousculés »lors de la perquisition du siège d’un parti d’opposition. Imaginez que ce ministre vire une conseillère de son cabinet et que celle-ci se trouve être une magistrate ayant mis en examen les chefs d’un parti, allié au pouvoir en place, pour complicité de détournement de fonds publics.

N’importe quelle personne rationnelle rirait devant ce théâtre de bouffons que certains nomment « justice ». Et personne n’est dupe des effets de manche sur « l’indépendance de la justice » et des outrances calculées sur « la présomption d’innocence ».

Chaque année, des dizaines de milliers de personnes sont mises sur écoute et un tiers des personnes incarcérées n’ont pas été condamnées. Dans ce pays, la « justice »fonctionne très bien : elle envoie les pauvres en prison, protège les flics et s’arrange avec les bourgeois. Car dans un monde capitaliste, la justice n’est qu’une fiction et le droit un bavardage éculé.

UCL, 27 septembre 2020

 
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