Antipatriarcat

Plus rebelle sans mon Rimmel




« Si demain les femmes se réveillaient et décidaient qu’elles aiment vraiment leur corps, imaginez le nombre d’industries qui feraient faillite » cette citation de Gail Dines, sociologue et féministe radicale américano-britannique, a trouvé une illustration avec la crise du marché du rouge à lèvres due au port du masque.

Moins de sorties pendant le confinement, le port du masque obligatoire, et une reprise faible à la réouverture des magasins, le marché du maquillage est à la baisse. 17 % de baisse pour le marché global des cosmétiques de janvier à août, 53 % de baisse pour le maquillage et encore plus pour le rouge à lèvres [1]. Comme cette volonté n’est pas politique, malheureusement, les ventes de mascara s’envolent. Mais cette baisse ouvre des perspectives.

Le self-esteem pour répondre aux injonctions physiques

Imaginons que les femmes se satisfassent de leur apparence : plus de maquillage, plus de shampoings miracles, de teintures, de rajeunissants de la peau, de nettoyeurs de vulves, de produits divers pour éliminer les poils, de dentifrice spécial dents de femmes… Et que du coup, elles se mettent à trouver que, pour les vêtements, les fringues ça doit surtout être confortable : disparition des chaussures faites pour tout sauf marcher, de la haute-couture et son mépris pour les femmes, des sous-vêtements sexy selon les normes patriarcales, de la plupart des marques de vêtements.
D’autres domaines pourraient être touchés : les fringues de sport girly et brillantes, les salles de sport et les nutritionnistes, tout ce qui est lié aux régimes et à
l’amaigrissement, tous les produits alimentaires industriels allégés ou bidouillés…
Aimer son corps pourrait conduire à s’aimer en général et ne plus vouloir être exploitée ou manipulée. On irait vers la fin des machines à laver à 192 programmes et autres appareils superflus destinés à faire croire aux femmes que leur valeur réside dans les compétences domestiques (en plus de leur conformité aux normes physiques) et que les équipements modernes sont la garantie du bonheur domestique.

Moins de publicités sexistes, plus de féminisme

Une bonne partie des secteurs de la chimie et de la pharmacie, de l’électroménager de l’agroalimentaire, du textile et de l’habillement se trouveraient en crise importante si les femmes arrêtaient de consommer de l’inutile qui n’ajoute rien aux plaisirs et au bonheur, au contraire. Et le secteur de la pub disparaîtrait, emportant le marketing genré dans le néant d’où il n’aurait jamais dû sortir. Ça fait rêver non ?
Mais la réalité, c’est que les femmes subissent à tout âge, en permanence et en tout lieu une insupportable pression sur leur apparence. Une bonne dose d’estime de soi et un entourage bienveillant (ou un grand mépris pour l’avis des autres) pourrait permettre d’outrepasser les diktats publicitaires et patriarcaux quand ils essaient seulement de nous convaincre et qu’on est capable de les voir et décrypter. Mais comment se sortir des règlements absurdes et sexistes, des initiatives des crétins qui ont un petit pouvoir de nous empêcher de faire des choses ? Se regrouper et lutter, fortes et solidaires est sûrement une partie de la solution.

Christine (UCL Sarthe)

cc Pixabay / Alanydak

[1Selon BFMTV qui relaie les chiffres de l’entreprise Nielsen, le 9 septembre 2020

 
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