Elections européennes : Que du vent !




Les élections européennes auront lieu le 13 juin prochain, en un seul tour et avec un nouveau mode de scrutin par grandes régions. Des élections vides de sens, si ce n’est au niveau national.

Ces élections se déroulent dans un contexte d’élargissement européen, de débat sur la constitution et de problèmes de politique intérieure dans plusieurs pays. Le nombre de questions posées simultanément garantit l’absence de véritables choix sur les orientations.

Élargissement et constitution : circulez, il n’y a rien à voir !

L’Union européenne vient de s’élargir à dix nouveaux pays sans aucun débat démocratique. Une fois de plus, il s’agit d’un « développement » par le haut. Or la question de l’élargissement n’a pas fini de se poser. Les dirigeants d’autres pays souhaitent intégrer l’espace économique européen.

Le plus médiatisé d’entre eux est la Turquie. Les arguments historiques, géographiques ou culturels opposés à cette intégration ne servent qu’à camoufler en général une démarche xénophobe ou un objectif de protectionnisme économique. Mais cette question est secondaire : avec ou sans la Turquie, nous continuons à nous mobiliser contre le capitalisme européen.

Le débat sur la constitution européenne commence. Pour des raisons économiques, l’intégration de principe de nouveaux pays a été faite avant de se demander comment fonctionner à 25. La réponse apportée par Giscard est dans la continuité idéologique et historique de la construction européenne : l’Union a comme objectif la préservation et le développement des profits capitalistes ; pour cela, il faut réduire la façade démocratique au strict minimum nécessaire pour camoufler le système oligarchique au profit des possédants.

Le Parlement européen n’agit de toutes façons qu’à la marge sur les orientations de l’Europe. Les véritables centres de pouvoir sont la Commission et les réunions de chefs d’États et de gouvernements. Le Parlement européen est un hochet pour distraire les électeurs et électrices et faire croire à un fonctionnement démocratique.
Pour toute ces raisons il faut que tou(te)s les ressortissant(e)s de l’Union européenne puissent se prononcer. C’est pourquoi Alternative libertaire estime qu’un référendum est nécessaire et qu’il faut opposer un non internationaliste et anticapitaliste à cette constitution antidémocratique et capitaliste.

Des enjeux nationaux

Les enjeux nationaux dans plusieurs pays importants démographiquement sont en revanche cruciaux.

En France et en Espagne, la droite vient de subir deux lourdes défaites. En France, l’UMP essaye de faire diversion en s’alignant sur la campagne xénophobe antiturque de Philippe de Villiers et du Front national, ou en instrumentalisant la question du référendum sur la constitution.

La social-démocratie européenne ne représente pas une alternative. En France, le Parti socialiste et les Verts sont ralliés au projet de constitution européenne ultralibérale. La trahison des social-démocraties est aussi manifeste en Grande-Bretagne et en Allemagne. En Grande-Bretagne, le travailliste Tony Blair applique une politique libérale à l’intérieur, impérialiste à l’extérieur. En Allemagne, l’« agenda 2010 » de Gerhard Schroeder (SPD) constitue un véritable plan de bataille contre les salarié(e)s et les chômeur(euse)s.

Pour une convergence européenne des luttes

Le système politique actuel conduit de nombreux(se) travailleur(se) à choisir la peste pour pouvoir se débarrasser du choléra. C’est ce qui s’est passé aux élections régionales en France : la « victoire » du PS n’est rien d’autre que la conséquence mécanique de la défaite de Raffarin. Il y a fort à parier que les élections européennes vont nous montrer le même spectacle.

L’extrême gauche électoraliste ne constitue pas plus que la social-démocratie une alternative pour s’opposer à l’Europe du capital. Lors des précédentes élections européennes, Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire nous avaient seriné que « des députés trotskystes à Strasbourg, ça peut changer les choses ». On voit le résultat aujourd’hui : néant, si ce n’est de l’air pour leurs finances ! Les élections régionales ont démontré l’inutilité de ces partis sur le terrain institutionnel. Ils se posent en représentants de mouvements sociaux qui ne leur ont strictement rien demandé !

Au final, on revient toujours à la même problématique de construction des luttes sociales. Pour construire une Europe des droits, de l’égalité sociale et de la solidarité, ce ne sont pas des élections qu’il faut.

Ce sont des luttes, victorieuses, coordonnées au niveau européen. Un coche a été raté sur les retraites, pour lesquelles les mouvements de résistance dans plusieurs pays européens n’ont pas réussi à se coordonner. Si nous ne voulons pas perdre tous nos droits, il ne faudra pas rater les prochaines occasions.

Laurent Scapin (secrétariat international d’AL)

 
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