Antifascisme

Fermetures et dissolutions : l’hydre fasciste, encore et toujours




À Chambéry, en décembre 2017, le groupuscule néonazi Edelweiss-Savoie annonçait sa dissolution dans le mouvement Bastion social. Dans la foulée s’ouvrait un « bar associatif », l’Edelweiss. Un an plus tard, sous la pression des militantes antifascistes le local fermait. Depuis lors la violence fasciste est toujours omniprésente dans la cité savoyarde.

Ce samedi 15 octobre se tenait à Chambéry la première Marche des Fiertés. Dans la nuit qui suivit, la Maison des associations était souillée de tags homophobes. Une semaine plus tôt c’était le local du PCF de Savoie à Chambéry qui était victime d’une nouvelle dégradation, la quatrième depuis l’été 2019, à base de tags antisémites et d’impacts de tirs. Depuis plusieurs années, l’extrême droite est omniprésente et active à Chambéry, multipliant intimidations, dégradations et agressions. Chambéry fut même l’une des villes où s’est, brièvement, implanté un local sous le label «  Bastion social  ».

Pour rappel en 2017, le Groupe union défense (Gud) à bout de souffle se relançait sous la forme du Bastion social, à l’image du CasaPound italien. L’objectif  : ouvrir des lieux (bars, clubs de sports, etc.) pour faire vivre la tendance nationaliste-révolutionnaire au sein de l’extrême droite. Lancé par des membres du Gud Lyon, le Bastion social ouvrait un remier pseudosquat, interdit aux immigrés, de façon éphémère. Après Strasbourg et l’ouverture du bar l’Arcadia, c’est à Chambéry que s’ouvrait un troisième lieu début 2018, l’Edelweiss.

Une trentaine de militantes et militants actifs gravitent alors autour de ce bar et participent activement à la « double besogne » version faf. D’un côté, ces militants collent massivement leurs affiches nauséabondes et multiplient les distributions de tracts à visage découvert. De l’autre ils s’organisent en milice fasciste qui multiplie les sorties contre les personnes migrantes ou désignées comme telles et les militantes et militants gauchistes, syndicalistes ou antifascistes. Une forte mobilisation antifasciste s’organise alors, une manifestation réunit plusieurs centaines de personnes dans les rues de Chambéry en février 2018. Le local des fafs, qui se campent ostensiblement devant, est alors protégé par les forces de l’ordre. Face à la mobilisation qui ne faiblit pas, la mairie elle-même dépose un vœu pour la fermeture du local, qu’elle n’a pas autorité d’exécuter, en conseil municipal, mais est dans l’incapacité d’agir plus en avant. Le droit de propriété est sacré  !

Une victoire en trompe l’œil

Au bout d’un an, l’aventure du Bastion social s’arrête finalement à Chambéry. Dans leur communiqué d’auto-dissolution, les militantes et militants promettaient que le « combat pour la libération du peuple Français [ne faisait] que commencer ». L’arrêt des activités du Bastion social ne signait en effet pas la fin de l’activisme faf. Aussitôt, le groupe EdelweiSS Pays de Savoie était (re-)créé (le double S majuscule n’est bien évidement pas une erreur de typographie de notre part).

Si la fermeture des locaux fascistes, tout autant que la dissolution de ces groupes violents, est une bonne chose en soi, ce ne sera jamais suffisant pour se défaire de la vermine fasciste. Ces actes administratifs ont même un effet pervers, ils laissent croire que nous pouvons nous en remettre à l’État et la force publique pour en finir avec ces groupes violents. Il n’en est rien. Ce ne sera que par une opposition systématique à tout ce que représente l’extrême droite, par les mobilisations sociales et la solidarité de classe que nous l’enverrons enfin définitivement dans les poubelles de l’Histoire.

David (UCL Chambéry)


Pour aller plus loin, un article du numéro 332 d’Alternative Libertaire sur la dissolution de l’Alvarium à Angers.

 
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