Politique

Répression syndicale : Le gouvernement et RTE terrorisent les grévistes




Quatre salariés syndiqués CGT de l’entreprise RTE sont au cœur d’une enquête antiterroriste de la DGSI pour avoir effectué une manipulation informatique sans danger au cours d’une grève pour réclamer des augmentations de salaires suite à l’inflation.

Le 4 octobre, quatre salariés grévistes et membre de la CGT de l’entreprise RTE, entreprise gestionnaire du réseau de transport d’électricité, ont été placés en garde à vue par les services de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Ils ont alors tous les quatre subis des gardes à vues de quatre-vingt-seize heures dans le cadre d’une procédure antiterroriste. Le domicile des grévistes a également été perquisitionné et des sources syndicales indiquent que du matériel informatique ainsi que les tablettes iPad des enfants ont été embarquées.

Mais pourquoi une telle procédure contre de simples grévistes  ? Selon StreetPress  [1], qui a interrogé le parquet de Paris, une enquête avait été ouverte en juillet 2022 suite à un mouvement de grève dans l’entreprise pour des chefs « d’entrave à un système de traitement de données, sabotage informatique, accès et maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données, introduction, modification et suppression de données d’un tel système ».

La CGT explique dans un communiqué que la manipulation informatique effectuée sur les postes électriques par les salariés lors de la grève est tout à fait courante. « Passer les postes électriques en local » est une action symbolique qui n’entraine pas de perturbation sur le réseau ou pour les usagers. Pendant le mouvement de grève, 24 postes sur 369 ont été passés en local dans le Nord de la France, ce qui correspond à 6,5 % du réseau (qui continuait de fonctionner). Rien de dramatique donc pour une grève qui a duré environ quatre mois.

96 heures de garde à vue

Le quatuor de la CGT s’était également vu signifier une mise à pied à titre conservatoire début septembre. Cette mesure de mise à pied s’applique habituellement aux salariées qui présentent un danger pour l’entreprise et suspend le salaire pour une durée d’un mois maximum avant un entretien pour sanctions disciplinaires, la CGT craint donc des licenciements.

Les quatre mois de grève et la répression terrible que les grévistes ont subie n’ont pas permis aux revendications des syndicats d’être acceptées. Comme dans beaucoup d’entreprises, la grève portait sur des demandes d’augmentations des salaires plus que légitimes suite à l’inflation. Dans une interview du média Blast [2], le délégué syndical de la CGT RTE explique que la répression s’est faite main dans la main entre l’État et la direction de l’entreprise qui compte en son sein de nombreux anciens hauts fonctionnaires proches de Macron et un directeur de la sécurité colonel de gendarmerie « qui s’était illustré à l’époque du barrage de Sivens et de l’enquête sur la mort de Rémi Fraisse ».

Benjamin (UCL Orléans)

[1« La DGSI perquisitionne et embarque quatre grévistes de RTE », StreetPress, 5 octobre 2022.

[2« Les services anti-terroristes mobilisés pour mater les grévistes », Blast, 13 octobre 2022.

 
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