Orléans débout : pas loin de faire du surplace




Dans certaines villes moyennes, Nuit debout a pu être un tremplin pour l’action. Ailleurs, comme à Orléans, faute d’atteindre une masse critique et de se concentrer sur un sujet, l’expérience s’est quelque peu dispersée.


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Nuit debout a débuté lundi 4 avril sur la place principale d’Orléans. Le mouvement n’a jamais réellement décollé, regroupant entre 20 et 40 personnes par soir. Il était essentiellement animé par des personnes travaillant dans le domaine du social, de la culture, des étudiant.es et des enseignant.es, quelques sans-abri se joignant aux soirées.

La population d’Orléans étant environ 20 fois moins importante que celle de Paris, on n’est pas loin, proportionnellement, de la participation aux Nuits debout parisiennes. Sauf qu’à Paris, même en étant très minoritaire, un mouvement peut agréger assez de monde pour mettre en place des actions, alors qu’à Orléans il est plus vite face à ses propres limites : à quelques dizaines on tourne vite en rond.

Les préoccupations des participantes et des participants aux Nuits debout orléanaises étaient essentiellement centrées autour de réflexions sur la démocratie et la citoyenneté (réécriture de la Constitution, des paroles de La Marseillaise, etc.) et des modes de vie alternatifs (soupes avec des légumes de récupération, fabriquer son dentifrice ou son déodorant soi-même etc.). Un effort important était consacré aux modalités de débat (avec des codes de langage issu des Indignés)… sans réelle nécessité, en fait, vu la faible participation. La loi Travail était vue que comme une thématique parmi d’autres, même si à chaque journée d’action une Nuit debout était organisée dès la fin de la manifestation.

Ruffin attire 150 personnes

Pourtant les soirées axées spécifiquement sur la loi El Khomri ont été des succès : « Femmes et loi Travail », organisé par la commission femmes de Solidaires Loiret, puis le débat autour de l’appel « On bloque tout » ont rassemblé environ 70 personnes, sans réel élargissement sociologique pour autant. La venue de François Ruffin pour la projection de Merci Patron ! a attiré près de 150 personnes, devant lesquelles il a rappelé la centralité de la revendication de la lutte contre la loi Travail, suivi en cela par plusieurs syndicalistes. Mais là encore le débat a dérivé sur autre chose.

Le mouvement a ensuite adopté sur un mode de fonctionnement moins lourd, avec une assemblée générale votante hebdomadaire et des débats ciblés.

Nuit debout Orléans a permis à des personnes qui n’auraient pas agi contre la loi Travail selon les canaux habituels d’y prêter attention, et de nouer un dialogue avec des militantes et des militants syndicaux. Pour autant, il reste encore un fossé entre les préoccupations des uns et des autres.

Grégoire (AL Orléans)

 
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