Entreprises : Situation tendue à Saint-Gobain




Casse des salaires, casse de l’emploi, les salarié-e-s s’attendent à tout.

Le groupe Saint-Gobain a subi une eurogrève d’une heure le 11 mai, à l’initiative de l’intersyndicale CGT-CFDT-FO-CFTC rejoints par l’UGT et les CCOO espagnoles, la FGTB belge et la CGTP portugaise. Les inquiétudes portent sur « l’orientation stratégique du groupe Saint-Gobain et des conséquences en termes d’emplois et d’activités ».

Dès février, Saint-Gobain avait vu des grèves éclater à l’usine Desjonquères de Tréport (Seine-Maritime), ainsi que dans les six usines de sa filière emballage (Saint-Romain-du-Puy, Cognac, Alby, Vauxrot, Oiry et Châlons-sur-Saône), à l’appel de la fédération Verre et Céramique de la CGT. L’usine de Tréport est en effet en passe d’être cédée à deux fonds d’investissement (Sagard et Cognetas), qui prévoient le démantèlement de trois fours et la suppression de 461 emplois d’ici 2011. Après un rassemblement le 20 février au siège du groupe à La Défense, une réunion de la direction avec l’intersyndicale CGT-FO-CFDT-CFTC avait accouché d’une déclaration assurant qu’aucun licenciement économique n’était prévu. Par ailleurs, les salarié-e-s avaient obtenus par la grève des augmentations de salaire de 2,5% ainsi qu’une prime exceptionnelle de 400 euros.Dans la filière Emballage, la quasi-totalité des ouvrières et ouvriers avaient débrayé, comme à Cognac (Charente) où l’usine a connu 12 jours de grève avec barrages filtrant les livraisons, soit le plus gros mouvement depuis une dizaine d’années. La plate-forme de revendication est claire : 150 euros d’augmentation mensuelle nets, retraite à 55 ans en reconnaissance de la pénibilité du travail.

En plus de la vente de la filière Emballage, les salariés s’opposent à la diminution de leur prime d’intéressement (elle représentait en moyenne 2 200 euros par an) et aux suppressions de postes annoncées (125 emplois sont menacés à Vauxrot). Finalement, la direction a cédé sur une augmentation mensuelle de 80 euros bruts et une prime de reprise de 300 euros. En revanche aucune garantie n’est apportée quant aux suppressions de postes.

Pourtant, le groupe Saint-Gobain ne s’est jamais si bien porté. En 2006, le chiffre d’affaire a augmenté de 18,5 % par rapport à 2005, et les dividendes des actionnaires ont progressé de 25 %. Une fois de plus, les seuls actionnaires voient leur revenu augmenter grâce à la sueur des salarié-e-s qui, de leur côté, voient leur revenu stagner ou baisser. Face à cela, la grève a encore prouvé son efficacité, sa nécessité, et son actualité. Les ouvrières et les ouvriers n’excluent pas la possibilité d’un nouveau mouvement : « S’il le faut, on débraiera à nouveau », assure ainsi Pierre, à Cognac.

En recevant leur fiche de paie de février, les salariés de Saint-Gobain Emballage avaient effectivement constaté que leur prime d’intéressement avait été amputée de 53 %.

Arthur (AL Rennes)

 
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