Législation liberticide : Antiterrorisme et soupçon généralisé




La France vient de voter sa 17e loi antiterroriste depuis 1986  ! À chaque fois il s’agit de réduire les libertés publiques au prétexte fallacieux d’une « lutte antiterroriste ». À qui profite le crime ?

C’est au prétexte de lutter contre les Français et Françaises partant se battre en Syrie aux côtés de l’«  État islamique  » que le gouvernement a fait voter une énième loi antiterroriste.

Cette loi n’est pas antiterroriste

Elle repose sur quatre principales mesures. Premièrement, il sera désormais possible d’interdire la sortie du territoire à des individus soupçonnés par la police de vouloir participer à des «  entreprises terroristes  » à
l’étranger. Cette disposition ouvre la possibilité d’incriminer la simple «  intention  ». Deuxièmement, il s’agit de permettre un blocage administratif des sites Internet considérés comme faisant l’apologie du «  terrorisme  ». Troisièmement, la loi crée l’infraction «  d’entreprise terroriste individuelle  », variante pas drôle du fameux «  je suis une bande de jeune à moi tout seul  ». En vérité, cette nouvelle infraction vise à punir plus lourdement les personnes suspectées de «  terrorisme  ». Enfin, l’aggravation de l’infraction d’apologie d’actes terroristes permet une extension du domaine d’application de cette formule. Pour couronner le tout, le cadre légal de l’intervention policière est étendu en matière d’infiltration sur le net.

A qui profite le crime ?

La lutte contre le terrorisme est un prétexte mensonger. Pourquoi produire une loi pour quelques centaines de paumé-e-s partis se battre dans les rangs djihadistes  ? Pourquoi, dans ce cas, ne rien dire sur ceux et celles partis se battre dans les milices nationalistes urkrainiennes ou prorusses  ? En réalité, cette loi s’inscrit parfaitement dans la logique des politiques sécuritaires mises en œuvre dans les pays industrialisés. Dans un premier temps, au prétexte de lutter contre un imaginaire ennemi intérieur, les différents gouvernements restreignent les libertés publiques.

Dans un second temps, ces mesures d’exception sont élargies à l’ensemble de la population. Dans les années 1990 les mesures de fichage prises à l’encontre des pédophiles  [1]
ont permis ensuite le fichage massif de syndicalistes. Aux États-Unis, le Patriot Act a permis une répression accrue des mouvements antiguerre.
La rhétorique de la lutte anti-terrorisme est avant tout une ressource pour l’ensemble des politiciens leur permettant de détourner le débat public des vrais problèmes. La loi
Cazeneuve a d’ailleurs été votée dans un étonnant consensus du FN au PCF, seuls les écolos s’abstenant. Ensuite, le marché de la sécurité est devenu une manne financière considérable. Enfin ces dispositifs permettent un contrôle accru d’une population accordant de moins en moins de légitimité aux classes dirigeantes et en proie à la violence du capitalisme  [2]
. Pas besoin de milice, le régime en place possède les «  armes légales  » nécessaires à son évolution autoritaire  [3].

Tristan (AL Toulouse)

[1Malgré l’horreur que peuvent inspirer de tels actes, les actes de pédophilie (compris comme des violences sexuelles sur mineurs hors du cadre familial) représentent une marginalité statistique. Ce qui permet en général de masquer le fait que les violences sexuelles sont, dans leur écrasante majorité, commises dans l’environnement proches des victimes, qu’elles soient mineures ou majeures.

[2Ce n’est pas seulement le contrôle social qui augmente mais aussi les politiques d’enfermement, qu’elles soient carcérales, sanitaires (les hospitalisations psychiatriques sous contrainte ont triplé depuis le début des années 90) ou administratives (comme les centres de rétention), qui touchent les plus pauvres.

[3Méditons sur cette phrase laissée en commentaire sur le site de Libération concernant la fameuse loi «  En 2017, cette loi va contribuer au bonheur des nouveaux élus. Vous savez, quand le temps sera enfin venu de nettoyer la France de toute cette racaille  »

 
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