TVA sociale : Double peine pour les travailleurs et travailleuses




Le gouvernement compte faire voter avant les élections présidentielles la « TVA sociale ». Pour résumer, le salaire indirect diminue et les prix augmentent. Tout bénéf, pour le patronat.

En période de crise économique, l’obsession de chaque patron est de maintenir ses profits, afin de montrer auprès d’actionnaires ou de donneurs d’ordres qu’il est toujours dans la compétition. Pour cela, la solution la plus simple est de baisser nos salaires. Tailler dans le salaire direct (le salaire net) étant un peu trop voyant, le patronat entend plutôt en finir avec le salaire indirect (la différence entre le brut et le net) avec l’aide du gouvernement. C’est pourquoi on nous ressort la TVA dite « sociale » inventée en 2007 [1].

Première étape : la diminution des salaires indirects. En d’autres termes, le patronat diminuerait encore sa contribution au financement de la Sécu, c’est-à-dire à nos retraites, à l’assurance-maladie, au chômage et aux allocations familiales. Gouvernement, patronat et médias nomment le salaire indirect « coût du travail », car il est pour eux trop élevé en comparaison à celui des salarié-e-s allemands ou chinois. Cette « baisse du coût du travail » engendrerait donc selon eux une baisse des délocalisations et une reprise de la sacro-sainte croissance, d’où le qualificatif de TVA « anti-délocalisation ». Il s’agit encore une fois d’un chantage à l’emploi, du même type que celui subit par les Conti de Clairoix en 2007, mais à grande échelle.

Deuxième étape : afin de compenser la baisse du financement de la Sécu par le patronat, le gouvernement augmenterait la TVA. Celle-ci est actuellement à 19,6 % (7 % pour les produits de première nécessité). Cet impôt est tout à fait inégalitaire, car il est le même quel que soit le revenu [2]. La législation européenne autorise une augmentation jusqu’à 25 %. D’après l’UMP, les prix resteraient stables, car le patronat répercuterait la baisse des salaires indirects sur le prix de vente de ses produits, compensant ainsi la hausse de la TVA. Or si le Medef soutient fortement la TVA anti-sociale, c’est uniquement parce qu’elle va dans le sens d’un financement de la Sécu par l’impôt au lieu du salaire indirect payé par le patronat. Laurence Parisot, la présidente du Medef, n’hésite pas à envisager une hausse de la TVA à 25 % afin de compenser une baisse des cotisations patronales de 7,5%. [3]

Si la TVA anti-sociale était adoptée, le scénario le plus probable serait donc que nos salaires indirects baisseraient et que la hausse de la TVA provoquerait une hausse des prix : on passerait deux fois à la caisse, pour aider le patronat à se faire de l’argent. Si on accepte ce chantage à l’emploi, alors il n’y aura plus de limite aux baisses de salaires. C’est maintenant qu’il faut s’opposer à cette logique, d’autant que cette annonce pourrait être la goutte de trop.

Grégoire Mariman (AL Paris Sud)

[1Et annoncée entre les deux tours des législatives, ce qui avait coûté 40 sièges à l’UMP d’après Raffarin.

[2Il est même plus faible pour les hauts revenus, puisque ceux-ci épargnent plus et consomment moins que les bas revenus.

[3Voir le Nouveau pacte fiscal et social pour la compétitivité de la France du Medef. D’autres projets sont envisagés, incluant notamment une hausse de la CSG, mais sur le fond ça ne change rien.

 
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