Xe congrès d’AL (Angers, 2010)

Quelle intervention syndicale des communistes libertaires ?




1. Le mouvement syndical aujourd’hui

Le mouvement syndical français est marqué par une adaptation de plus en plus visible aux lois du capitalisme et de ses institutions nationale (État, Régions) et supranationale (Union Européenne). Le réformisme syndical est mort depuis que la gauche de transformation sociale dans le cadre des institutions de l’État nation est morte. Le capitalisme et son corollaire, l’économie de marché globalisé, est jugé bon gré malgré indépassable. Le curseur se situant dans plus ou moins d’accompagnement social de ses conséquences humaines.

Dans le même temps, des résistances se font jour : rassemblements syndicalistes anticapitalistes divers dans la CGT, progression de l’union syndicale Solidaires. Pour autant, ces résistances sont encore très largement en dessous des responsabilités et des enjeux à relever face au rouleau compresseur de l’intégration et de la bureaucratisation du syndicalisme.

Lors de notre précédent congrès, nous faisions l’analyse selon laquelle l’US Solidaires était face à deux choix, soit être à la remorque du « pôle syndical bureaucratique anti-libéral » (CGT, FSU et FO) soit être un aiguillon et une force d’entraînement pour toutes les équipes syndicales de lutte de classe de ces trois confédérations et fédération. Or, force est de constater, qu’à part dans certains secteurs bien circonscrits (dans le Rail notamment), ces hypothèses ne se sont pas vérifiées.

Nous devons nuancer et enrichir nos analyses passées, qui ont par trop été influencées par l’implication de certaines et certains militants d’AL dans l’union syndicale Solidaires.

Solidaires dans sa globalité ne représente pas plus que les diverses oppositions de la CGT une alternative au syndicalisme de l’intégration et d’accompagnement au capitalisme. Les cultures syndicales sont certes différentes mais les luttes menées démontrent que derrière des sigles différents, ce sont bien plus le contenu revendicatif et les pratiques de luttes des équipes syndicales qu’il s’agit d’analyser pour envisager une refondation d’outils syndicaux capables de mobiliser largement sur des bases de classe.

Partant de ce constat, nous militons clairement pour une unification à terme de l’ensemble des courants syndicaux de lutte. Cette unification ne se décrète pas, nous y reviendrons.

La CNT, après avoir connue une crise en région parisienne, semble se redévelopper sur des bases syndicales, notamment dans certaines régions. Pour autant, la question de la pertinence et de la possibilité d’occuper un espace syndical déterminant dans les luttes des travailleurs n’est que peu posée. Pour le dire autrement, existe-t-il en France une place autre que le témoignage pour une centrale anarcho-syndicaliste qui se vit et se voit comme l’alternative des travailleurs à tout le mouvement syndical ? Ici, les questions de fond, sans sectarisme ni anathèmes doivent pouvoir être débattues sans langue de bois.

2. Les communistes libertaires, le syndicalisme et les mouvements sociaux

Les communistes libertaires luttent dans le cadre des mobilisations sociales pour l’organisation unitaire des exploités en promouvant chaque fois que nécessaire l’assemblée générale souveraine, seul organe de délibération à décider démocratiquement de la conduite d’une lutte parce que réunissant l’ensemble des travailleurs en lutte, quelque soient leurs affinités idéologiques, leurs appartenances syndicales et/ou politiques.

Cette orientation n’est nullement démagogique et incantatoire. Elle ne s’oppose en rien à l’organisation pérenne sous la forme du syndicat. Mais nous combattons la logique qui consiste à négocier, à orienter la lutte sur la base des intérêts propres d’une quelconque organisation, intérêts propres qui sont le plus souvent ceux d’une minorité de chaque appareil syndical et donc encore moins de l’ensemble des syndiqués, ayant abdiqués ou laissant faire « ceux qui savent ».

Quelle place alors pour les syndicats dans les mouvements sociaux ? Celle d’appuyer et de coordonner le développement de la lutte à tous les niveaux, de proposer devant les assemblées générales de travailleurs leurs points de vue et les informations dont ils disposent. Celle de faire comprendre la nécessité de l’organisation collective une fois la lutte terminée, pour que le collectif des travailleurs soit toujours plus nombreux à être organisé et pouvoir résister.

Le rôle des syndicats ainsi compris en période de mouvement est donc primordial. A défaut de le faire, ils constituent dans la plupart des cas un obstacle au développement des luttes.

L’analyse que nous nous faisons du rôle du syndicat comme celui du rôle d’une organisation révolutionnaire, vaut pour un secteur très syndiqué comme faiblement syndiqué.

Un des aspects à apprécier étant celui du développement de la conscience d’être maîtres de la lutte à mener. En effet, la solidité d’une mobilisation dépend de la maîtrise du contenu et de sa forme par un nombre toujours plus grandissant de travailleurs.

Est-ce que nous fétichisons les mouvements sociaux, risquant par la même de tomber dans une attitude anti-syndicaliste et spontanéiste que nous combattons ? La réponse est clairement négative.

La très grande majorité des travailleurs combatifs se retrouvent dans les syndicats.

C’est donc parmi eux et elles, avec eux et elles que nous militons, tout en cherchant à tirer toujours vers le haut le niveau de conscience de classe, l’exigence de combativité et d’éducation, le combat contre le sectarisme, à montrer de l’humilité contre l’arrogance, à faire vérifier les orientations prises sur la base de l’expérience de terrain.

3. Pour l’unification du syndicalisme de lutte et de transformation sociale

L’émiettement syndical est une arme au service du patronat et des classes possédantes qui s’en servent comme elles l’entendent, suivant la conjoncture politique et sociale.

Elles ont résolu ce problème à double tranchant (car il s’est traduit à leur grand dam par l’apparition d’un syndicalisme moins contrôlable que les confédérations historiques, notamment Solidaires) en actant de nouvelles règles de représentativité par la loi du 20 août 2009 qui visent au regroupement forcé des syndicats pour en faire des machines syndicales bureaucratiques puissantes, capables de mieux contrôler encore et de prévenir d’éventuels conflits qui échapperaient aux agendas institutionnels de contre-réformes sociales.

On comprend bien pourquoi les directions de la CGT et de la CFDT ont accueilli de manière positive cette loi car derrière l’argument légitime de la représentativité des syndicats en fonction de leur audience électorale, il s’agit au contraire de cadenasser les voix discordantes dans le concert du syndicalisme pacifié que l’on nous sert.

Si nous avons jusqu’à présent défendu le pluralisme syndical, ce n’est pas par excès de zèle démocratique mais parce que c’était et cela reste encore un des meilleurs moyens de faire entendre une voix dissidente dans les entreprises et de déclencher des luttes sur la base des intérêts des travailleurs, et non des orientations de gestion technocratique des excès du capitalisme.

Pour autant, nous ne pouvons pas nous contenter de l’état du paysage syndical actuel, qui n’offre aucune dynamique de rassemblement pour les travailleurs, dynamique qui soit vectrice de luttes de masse. Et nous savons ici quel déclencheur revêt la question de l’unité dans les esprits.

Mais de quelle unité syndicale parlons-nous ?

Nous défendons, dans le respect de l’indépendance syndicale (c’est-à-dire dans la détermination par les syndiqué-e-s eux/elles mêmes des choix qu’ils ont à faire, et cela à tous les niveaux), d’avancer publiquement la perspective d’une unification syndicale de luttes et de transformation sociale, dont la pierre angulaire serait la légitimité des travailleurs à intervenir de manière autonome dans la société capitaliste, à défendre de manière indépendante leurs intérêts matériels et moraux, à rechercher dans l’action et les revendications le chemin d’une rupture avec le capitalisme et l’édification d’une société fondée sur la satisfaction pleine et entière des besoins humains dans le respect de la nature.

Mais nul fétichisme d’une centrale unique des travailleurs pour autant ! L’État est et continuera à faire en sorte qu’un camp « syndical », clairement de collaboration de classes ou mimant la lutte pour mieux l’encadrer, existe.

D’autre part, la vieille lubie de la centrale unique des travailleurs déclinée dans ses versions trotskiste, archéo-stalinienne ou syndicaliste révolutionnaire (un patron/un syndicat) suppose souvent que cette dernière développe un syndicalisme purement revendicatif, dans lequel chaque tendance politique du mouvement ouvrier ferait valoir sa conception de la transformation sociale.

La centrale unique des travailleurs est dans cette approche qu’une pâle copie du parlementarisme et des tractations entre courants politiques au sein du syndicat.

Et dans la version syndicaliste révolutionnaire, une perspective complètement anachronique car se fondant sur la réalité syndicale du début du XXe siècle où seul un syndicat (la CGT) se réclamait de la lutte des classes.

A l’opposé, les partisans du « syndicalisme rassemblé » que l’on retrouve aussi bien à la CGT qu’à la FSU, voire à Solidaires, développent une construction syndicale fondée sur la conception d’une démocratie sociale, vaste fumisterie social-démocrate, écartant toute rupture avec le capitalisme et les moyens pour le renverser.

Pour envisager la perspective d’une unification du syndicalisme de luttes et de transformation sociale, encore faut-il opérer un renversement de nos précédentes grilles de lecture et revenir sur la catégorisation que nous avons opéré à notre précédent congrès entre un syndicalisme de luttes porteur d’alternatives et autogestionnaire (Solidaires et la CNT) et un syndicalisme bureaucratique antilibéral (la CGT, la FSU et FO) car elle est beaucoup trop schématique et simplificatrice.

De plus, elle induit comme perspective syndicale, celle d’une intégration progressive et donc d’une sortie des équipes syndicales du pôle antilibéral et bureaucratique vers Solidaires, actant implicitement que cette dernière porte un tel projet de recomposition en alternative totale avec le premier pôle.

Cela ne correspond pas à la réalité. D’une part parce qu’au sein de Solidaires, plusieurs tendances cohabitent sans pour autant développer ni s’entendre sur un projet commun. D’autre part parce que les équipes syndicales de lutte dans la CGT et la FSU ne sont pour la plupart pas dans une perspective de départ, a fortiori quand elles sont majoritaires dans leur territoire ou leur secteur professionnel.

Enfin, cette option ne correspond pas à l’activité déployée sur le terrain par les équipes syndicales CGT, FSU et suivant les secteurs, FO.

Il s’agit donc de nuancer cette catégorisation et de l’affiner pour rendre crédible à la fois notre critique d’un syndicalisme intégré à la bonne marche du capitalisme et de sa gestion des travailleurs et à la fois la perspective dès à présent de reconstruire un syndicalisme de lutte de classe.

Ce dernier doit pouvoir se traduire en termes d’outil syndical par la proposition dans les luttes et dans les orientations de chaque confédération et union syndicale d’une unification de toutes celles et tous ceux qui se réclament et pratiquent la lutte de classe, professionnelle et interprofessionnelle, à vocation de masse.

Cette unification, et nous insistons là-dessus, ne peut s’engager qu’en menant dans les territoires et dans les secteurs professionnels une politique de front syndical pour les revendications et la lutte pour les faire aboutir. En effet, c’est dans l’action sur le terrain que les rapprochements peuvent apparaître utiles et nécessaires.

Le tournant pris par la CGT ces dernières années vers un syndicalisme d’accompagnement et de cogestion des conséquences du capitalisme exige de notre part une attention particulière tant la CGT représente la principale force syndicale en France par le nombre des ses militant-e-s lutte de classe et par les luttes que ses syndicats mènent.

Il est nécessaire que les communistes libertaires de la CGT s’expriment de façon beaucoup plus formalisée et publiquement que par le passé (au-delà des quelques articles parus dans notre presse). Cette expression des communistes libertaires de la CGT ne se veut pas une fin en soi, c’est-à-dire une simple vitrine de plus en opposition irréductible aux autres collectifs et réseaux nationaux oppositionnels (le Front syndical de Classe, les Comités syndicalistes révolutionnaires, Continuer la CGT, Où va la CGT ?...). L’objectif clairement affiché sera celui de la coalition de tous les courants lutte de classe dans la CGT, qui s’affiche comme une alternative globale à l’orientation défaitiste et d’accompagnement du capitalisme avalisée dans les précédents congrès de la Confédération.

En ce sens, il est plus que temps d’en finir avec les divisions, les réticences et pour certains, les sectarismes qui empêchent cette unification des syndicalistes lutte de classe. Depuis des années, tous les courants lutte de classe dans la CGT (syndicalistes révolutionnaires, trotskistes, communistes en rupture de ban avec le PCF et d’autres encore dans ce dernier, communistes libertaires…) en appellent sans cesse à l’unité pour faire front, mais ne passent jamais à l’acte explicitant toujours des divergences de fond insurmontables.

Nous formulons clairement le souhait de dépasser ces divergences et d’identifier ce qui nous réunit pour avancer ensemble et construire ensemble une alternative de classe et de masse dans la CGT. Des initiatives de rencontres entre organisations et regroupements syndicaux sont de ce fait une des premières tâches à mener qui devraient selon nous aller dans ce sens.

4. Reconstruire le projet syndical de transformation sociale

Les projets syndicaux sont le reflet, en se gardant d’un déterminisme stérile, du salariat syndiqué dans sa grande majorité dans la fonction publique, et donc la plupart du temps, se développant sur des revendications adossées à une demande d’une intervention étatique en termes de politiques publiques, ce qui renvoie dans la majorité des cas de figure à trouver naturel un débouché politique aux luttes dans le cadre des institutions et d’un changement de majorité politique.

Certes, cette observation est à nuancer aussi car il ne reste pas grand-chose des services publics. Mais quand les organisations syndicales mobilisent pour reconquérir les services publics privatisés ou en voie de l’être, ils le font sur la base de ce recours à un État qui serait le garant de l’intérêt général.

Ici comme ailleurs dans le privé, c’est bien le projet politique, économique et social de l’autogestion que nous défendons en alternative à une protection étatique illusoire.

Pour autant, nous ne mythifions nullement les luttes des salariés du privé qui ont, à l’image de leurs organisations syndicales, le plus souvent recours à l’État comme solution à leurs situations désespérées.

Mais il est à souligner que les revendications de contrôle ouvrier, de nationalisation sous contrôle des travailleurs, de socialisation des moyens de production et d’échanges, d’autogestion ont été le plus souvent portées par des syndicats et militant-e-s du secteur privé.

Une orientation syndicale de lutte de classe, dans sa stratégie, dans son projet alternatif au capitalisme, doit prendre en compte pour être crédible la nouvelle donne de l’économie et la division internationale du travail qui nous est imposée.

Pour être clair, la revendication d’une politique industrielle durable, portée notamment par la CGT, ne peut pas faire abstraction de la compétition internationale des travailleurs-euses, même hypothétiquement régulée. En effet, la division internationale du travail actuelle entraîne un surcoût écologique (transport...) et une inadaptation de la production locale aux besoins des populations.

Pour être réaliste, elle doit poser comme perspective immédiate des gardes fous conduisant à une dynamique de rupture inévitable avec les fondements du capitalisme actuel.

Tous les peuples ont besoin d’un secteur productif viable, dont les objectifs soient la satisfaction des besoins sociaux fondamentaux (logement, transport, communication, alimentation…).

Cela ne pourra passer que par la perspective d’une prise de pouvoir par les travailleurs et d’un contrôle de la population sur les moyens de production existants, leur réorganisation totale ainsi que leur développement compatible avec la préservation des ressources naturelles et l’équilibre écologique de la planète.

Or, cette prise de pouvoir n’est envisageable qu’à travers le développement progressif d’un mouvement social et syndical dans les pays où il n’existe pas. Ce développement est aujourd’hui favorisé par l’industrialisation dans les pays en développement, et on observe déjà une émergence de luttes collectives dans certains pays.

Le mouvement syndical dans les pays développés doit se faire le porteur d’une stratégie de solidarité internationale destiné à favoriser cette émergence de luttes collectives, seul échappatoire envisageable à la concurrence et au nivellement social par le bas aujourd’hui à l’oeuvre dans l’économie mondialisée, plutôt que de s’enfermer dans une stratégie de rupture avec le libre-échange aux accents de repli national.

Nous avons la responsabilité d’envisager l’hypothèse d’une alternative politique et économique dans des cadres territoriaux plus restreints, en s’appuyant sur les échecs du passé (le socialisme dans un seul pays), mais en prenant en compte que nous sommes dans des pays à la technologie la plus avancée.

5. L’organisation des travailleurs privés d’emploi et des précaires dans le syndicat

Force est de constater que les organisations de chômeurs apparues au milieu des années 1990 en sont réduites à la portion congrue.

Elles ont été la plupart balayées par le reflux des luttes des Sans à partir du début des années 2000, à mesure que le syndicalisme semblait reprendre du service dans les luttes des travailleurs-euses (grèves de 2003 et ses suites).

Les organisations de chômeurs sont nombreuses et développent des profils d’organisation très différents et d’activités qui s’entrecroisent parfois : association d’aide aux chômeurs, association de luttes de chômeurs par les chômeurs, association de lutte de chômeurs par des salariés syndicalistes (Agir ensemble contre le Chômage, AC !), syndicat de chômeurs appartenant à une confédération (la CGT chômeurs)… le panorama est pour le moins étendu et reflète des approches différentes et des priorités militantes parfois divergentes, teintées de sectarisme alors que le milieu militant y est extrêmement réduit.

Faut-il continuer à externaliser l’organisation des chômeurs aujourd’hui, au bénéfice d’associations et de mouvements de chômeurs, une orientation d’ailleurs jamais affirmée mais qui s’expliquait par la recherche, au début des années 1990 par la gauche CFDT et SUD-PTT, d’une revitalisation des luttes sociales ? Ou faut-il « resyndicaliser » l’organisation des chômeurs, leurs luttes et revendications dans une approche globale de l’unité de classe ?

Nous pensons que le second terme est le plus apte à entraîner une organisation plus conséquente des chômeurs, une solidarité plus clairement affirmée en actes des travailleurs avec un emploi. Tout dépend de la volonté d’insérer et d’intégrer cette démarche là dans la stratégie de lutte de chaque syndicat confédéré et unions syndicales.

Dans cette approche, la CGT-chômeurs a poursuivi une activité d’organisation et de luttes depuis le mouvement médiatique des chômeurs de 1998. Elle développe une démarche syndicale originale que nous n’avons pas rencontrée ailleurs pour l’instant. Elle articule la revendication stratégique du droit au travail (décent et correctement rémunéré sur la base des repères revendicatifs CGT dans le cadre d’emplois socialement utiles) à la défense de la condition des privés d’emploi dans leurs quotidiens (indemnisation, formation professionnelle, logement, transport, alimentation…) dans une logique d’une lutte d’ensemble des travailleurs avec ou sans emploi. Si la réalité militante de la CGT-chômeurs est contrastée, elle constitue la plus importante des organisations de chômeurs avec 5000 syndiqué-e-s.

Son opposition à la ligne de recentrage de la Confédération CGT est aussi à souligner afin d’apprécier les éléments de réflexion et d’actions qu’elle porte, tout en restant lucides sur l’extrême disparité de ses implantations, tout comme son manque parfois d’ouvertures à l’égard des associations de luttes de chômeurs (AC !, APEIS, MNCP…).

A ce paysage fort peu enthousiasmant, puisque tous confondus, l’ensemble des organisations de chômeurs n’arrivent plus depuis le mouvement des chômeurs de 1998 à mettre plus de 1000 personnes dans la rue, il faut y ajouter la question de l’organisation des précaires qui a bien contribué dans les façons dont elle a été posée à complexifier l’intervention des militant-e-s.

En effet, les précaires sont-ils une catégorie à part ? Sont-ils constitutifs d’une nouvelle classe sociale comme on peut le lire ici et là ? Les précaires, nouvelle classe révolutionnaire pour certains ? Que n’avons-nous pas entendu, contribuant à embrumer l’esprit des militant-e-s et des organisations voulant organiser ces exploités des temps modernes.

Les précaires sont des travailleurs à part entière, ils travaillent tous dans des entreprises.

La question n’est pas de vouloir constituer des syndicats ad hoc ou des collectifs d’activistes mais bien de porter dans les syndicats leur nécessaire organisation au sein des syndicats d’entreprises ou le cas échéant dans des structures syndicales territoriales quand ces travailleurs changent régulièrement de secteurs professionnels.

Cela implique par voie de conséquence de changer radicalement le contenu des revendications, afin qu’elles s’adressent à tous et toutes, de changer les pratiques de lutte afin de mettre en mouvement l’ensemble du collectif des travailleurs.

 
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