Régionales : La crise politique s’amplifie, avec une poussée du FN




Les élections régionales dévoilent l’ampleur de la crise des institutions et du rejet des mauvaises farces politiciennes. La poussée du FN va faire éclater les frontières ente les partis traditionnels. Tous nous promettent de faire de la politique autrement, alors chiche : on passe à l’autogestion ?

Donnons trois exemples pour marquer l’ampleur du rejet des acteurs traditionnels du jeu politique. Dans les villes les plus pauvres du 93, l’abstention monte au dessus de 73 %. En Guadeloupe, Martinique et Corse, PS et Républicains sont balayés au profit des régionalistes. L’ampleur du sursaut de participation au second tour est strictement un vote de rejet du FN et la preuve en est qu’en l’absence de danger FN en Île-de-France, le PS, uni aux Verts et au Front de gauche, ne profite pas du sursaut.

Poussée du FN

Le FN établit au second tour un nouveau record historique d’électeurs malgré un contexte de forte abstention. À force de reprendre les thèmes favoris du FN, Sarkozy et Valls ont nourri le terrain politique. En jouant la carte de la peur après les attentats du 13 novembre, le PS et les médias ont joué le même jeu. Une intervention grotesque de Gattaz a même permis à Marine Le Pen d’afficher un peu plus son vilain masque « petit peuple contre les élites ». Le réflexe des électeurs a partout empêché la conquête du pouvoir régional par l’extrême droite mais tout le monde voit bien qu’on est au bout du bout. L’instrumentalisation du FN depuis Mitterrand pour affaiblir la droite a fini par créer un monstre qui échappe à tout contrôle ! Le véritable triomphe électoral dans les communes gérées par le FN doit vraiment nous alarmer. La poussée du FN va obliger les états-majors des partis à de nouvelles acrobaties jusqu’à les faire exploser.

Alors que le FN obtient 358 sièges, les forces à gauche du PS s’effondrent. Les Verts passent de 263 à 65 élus ; le PC d’une centaine à 29, le PG d’une quinzaine à 7. Ensemble affiche trois élus, Nouvelle donne et Nouvelle gauche socialiste un chacune. Et encore faut-il préciser que tous ces élus sont obtenus au prix d’un accord avec le PS ! LO se réjouit officiellement de son score de 1,5 % et le NPA n’est plus en état de présenter la moindre liste.
Bien malin qui pourrait prédire les résultats de la prochaine présidentielle en 2017.

En revanche, les scores du FN lui garantissent son renforcement au Parlement, ce qui ouvre la probabilité d’absence de majorité parlementaire claire. Ce sont les alliances qui se feraient alors au Parlement qui se testent dès à présent. La direction des Républicains choisit manifestement de poursuivre son virage à droite pour courir sur les terres du FN au risque d’un éclatement du parti et d’une recomposition au centre. Le PS réfléchit à son sabordage au profit d’une alliance ouverte au centre et l’entrée de personnalités de droite au gouvernement fait l’objet d’intenses tractations. Le Front de gauche a explosé en présentant des stratégies de premier tour variées et désunies. En son sein de nombreux militants et militantes n’ont pas digéré les fusions de listes avec le PS, grossissant le flot des abstentionnistes au second tour.

Fronts anticapitalistes

Les bouffons grotesques de la soirée électorale avaient tous le même élément de langage répété jusqu’à la nausée : « On a compris le message du peuple, on va faire de la politique autrement. » Alors qu’ils ont tous appris ensemble à l’ENA et autres grandes écoles à faire la même politique ! Nous entendons aussi des militantes et militants syndicaux ou associatifs,ou des différentes composantes du Front de gauche ou du NPA se poser la même question. Le dialogue avec eux et elles nous intéresse grandement. Rappelons que ce débat est déjà ancien. Dès les années 1970 le PSU la pose avant d’imploser en jouant la force d’appoint du PS et du PCF selon les cas. Entre 1976 et 1978, l’autogestion était mise en débat dans le PCF sur sa lancée « eurocommuniste » mais vite enterrée. Puis les Verts se sont créés sur ce créneau. La LCR des années 1985/1995 a porté le même thème sous le nom d’alternative. Les campagnes présidentielles Juquin et Bové portaient la même perspective. Les Alternatifs affichaient également ce projet pour finir comme le PSU.

Toutes ces tentatives, dans leur diversité, ont échoué pour trois raisons principales : elles ne rompaient pas vraiment avec la forme parti (avant-gardisme et autoritarisme) ; elles ne s’engageaient pas vraiment dans des constructions d’alternatives aux institutions ; elles n’explosaient pas tant sur la question d’aller aux élections que sur celle des alliances pour obtenir des élus. C’est pourquoi nous déclinons notre projet communiste libertaire, autogestionnaire, autour de la construction locale de fronts anticapitalistes.

On en cause vite ?

Jean-Yves (AL 93)

 
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