Ecologie

Confédération paysanne : Vendanges sauvages chez LVMH




Le 28 août dernier, la Confédération paysanne et les Soulèvements de la terre organisaient une vendange sur la propriété de Bernard Arnault contre l’accaparement des terres et la financiarisation de l’agriculture.

La spéculation foncière file bon train sur les vignes du rosé de Provence et attire les appétits financiers. Depuis quelques années, le prix des terres flambe et elles deviennent inabordables. Si la Safer, organisme semi-public, peut intervenir sur des transactions de terres agricoles pour réguler les prix de vente ou redistribuer le foncier, elle ne peut pas, à l’heure actuelle, intervenir sur les achats de parts sociales dans une société.

En 2019, le groupe LVMH prend possession du château d’Esclans en rachetant 55 % des parts de la société. De cette façon, il passe sous les radars de la Safer. Il mène ensuite une politique d’agrandissement en rachetant autour pour aujourd’hui posséder plus de 400 hectares dont 140 de vignoble. Mais le gros de sa production provient de l’achat de raisin aux viticulteurs locaux qui, cumulé, représente plus de 1000 ha. Il construit un monopole sur tout un territoire où la pression foncière est telle qu’on est passé de 45 000 à 120 000 euros l’hectare en l’espace de dix ans. Si l’exemple de LVHM est particulièrement parlant, ce n’est pas le seul à mener cette politique en Provence.

Crédit : confédération paysanne

Les raisins de la colère

« Récupérer les fruits de l’accaparement » : le 28 août, la Confédération Paysanne et les Soulèvements de la terre ont vendangé une parcelle du Château d’Esclans pour ensuite presser les raisins devant leur nouvelle cave-usine en construction. Les 300 personnes présentes ont manifesté avec joie et détermination leur volonté de préserver une agriculture paysanne. Cette action d’envergure nationale s’inscrit dans une suite d’actions dénonçant l’accaparement du foncier et promouvant une loi foncière protectrice pour les terres agricoles.

Le phénomène d’accaparement des terres n’est ni nouveau ni particulier à la France mais le réchauffement climatique nous met devant un mur. Les fortes contraintes auxquelles va être soumise l’agriculture vont nécessiter de retourner vers une diversification des systèmes de production, à rebours des concentrations qui uniformisent les cultures. C’est par la multitude de petites et moyennes fermes que nous pouvons créer de la résilience et de la diversité alimentaire sur un territoire.

L’avenir n’est pas la production de vin en masse pour conquérir des marchés, l’avenir est de produire pour nourrir la région. Récupérer ces terres pour les redistribuer est la seule option politique raisonnable à porter  !

Georges Claas (UCL Var)

 
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