syndicalisme

Bibliothécaires vs austérité : un appel lancé de Grenoble pour le salon du livre de Paris




Tandis qu’au niveau national Grenoble jouit d’une image « alternative » au fil des articles de presse vantant la gestion de la ville par les écolos et le PG, les élus imposent localement l’austérité… Et ferment entre autre des bibliothèques. Le 24 mars, la lutte qui dure depuis 10 mois à Grenoble s’exporte à Paris, et compte faire du salon du livre une nouvelle tribune de lutte et un espace de convergence.

A bientôt 10 mois de lutte et d’action, le bus affrété par l’intersyndicale (Sud CT, CNT, FO et CGT) et le collectif des bibliothécaires en lutte de Grenoble à destination du salon du livre de Paris, le 24 mars 2017, annonce un coup d’éclat mérité et un nouveau pallier dans le combat contre la fermeture de trois bibliothèques municipales de Grenoble, et les multiples mesures austéritaires imposées en Juin 2016 par la majorité municipale EELV-PG-Ensemble et le maire écologiste Eric Piolle (entre autres : fermetures de trois bibliothèques, de deux maisons des habitants, suppressions de postes avec départs à la retraite non-remplacés, réduction des services de santé scolaire, d’aide aux personnes âgées, etc). 10 mois depuis l’annonce —sans concertation et sans préalables— d’un plan de casse en conférence de presse qui confirme l’impasse réformiste de « l’alternative municipale grenobloise ».

Dans la foulée des mobilisations contre la loi travail, c’est une nouvelle course d’endurance qui s’est lancée au fil des grèves (9 jours depuis juin 2016, dont des journées à des taux de grévistes à 90% pour les bibliothèques !) envahissements de conseils municipaux, des actions syndicales ou des collectifs d’habitant.e.s, et du travail de riposte critique à la rhétorique médiatique et communicationnelle du maire et des élu-e-s de la majorité justifiant l’injustifiable. La détermination sans faille des bibliothécaires et l’écho très favorable de leur combat auprès de la population de l’agglomération en a fait la locomotive de tête de la mobilisation globale contre l’ensemble du plan de casse.

cc Jean Claverie

Aux revendications simples et claires d’un moratoire et de garder les équipements et les équipes en l’état, appuyées notamment par une pétition officielle ayant récoltée déjà 4.000 signatures, la mairie à multiplié les manœuvres politiciennes pour imposer les fermetures, allant jusqu’à sous-traiter à un prestataire privé le pillage de la collection de livres d’une des bibliothèques : quelques semaines auparavant, c’est la mobilisation matinale des habitant.e.s et des représentant.e.s syndicaux qui avait fait barrage à la tentative des élu-e-s de vider le site « en douce » pour mettre ceux et celles qui ne se résignent pas devant le « fait accompli ». Une logique de démantèlement de l’outil de travail et du service public qui résonnait localement très étrangement avec l’affaire Ecopla, sur laquelle pourtant le maire Eric Piolle s’était permis d’écrire un communiqué soutenant la reprise en Scop et dénonçant les manœuvres de vol des machines en secret tentée par l’entreprise italienne Cuki-Cofresco.

Locomotive locale d’une lutte globale contre l’austérité et ses conséquences, la dynamique grenobloise des bibliothécaires, confrontée au silence d’une partie des acteurs institutionnels du métier draguée par la communication municipale, vient donc percer le mur médiatique et chercher de l’élan par cette montée parisienne au salon du livre, tandis que le même jour un préavis de grève est posé pour les agent.e.s qui resteront à Grenoble. Grâce au soutien de l’intersyndicale mais aussi en utilisant le financement participatif, les bibliothécaires, syndiqué-e-s ou non, financent un bus et lancent un appel (ci-dessous) qui a été premièrement relayé par une partie des collectifs ou organisations du mouvement social actifs dans le domaine culturel, repris par quelques titres de presse spécialisée, puis des plate-formes d’information du mouvement social comme Paris-luttes.info, avant apparaître dans des journaux nationaux, comme récemment L’Humanité.

Peu à peu, cet appel à la convergence devient audible et provoque des réactions et des volontés de s’agréger, car ce qui est pointé, au-delà de la conjoncture grenobloise, c’est la tendance austéritaire et antisociale à toute les échelles. Le salon du livre de paris sera donc en 2017 également un espace politique de critique, de contestation, et de défense des biens communs à mesure que le rendez-vous donné sera pris et tenu. Il apparaît qu’il gagne donc à être largement annoncé, et c’est l’objet de ce texte.

Plus généralement, la mise face à ses contradictions de la mairie « rouge-verte » à une échelle plus nationale bien au-delà de la ville de Grenoble est salutaire. Alors que mi-mars la ville de Grenoble organisait sa « biennale des villes en transition » (voir la très bonne contribution critique de l’UD Solidaires Isère à ce sujet), parrainée par des entreprises privées et organisée conjointement avec une école de commerce, les initiatives en symétrique du mouvement social —dont les organisations font aussi les frais des choix municipaux— comme la marche pour le droit au logement « réquisition go » montrent un autre chemin de réappropriation politique des enjeux immédiats et de la vie démocratique qui ne s’enfonce pas dans l’ornière gestionnaire et communicationnelle, mais qui peine par contre parfois à rassembler largement et au-delà des milieux habituels des militant.e.s. La lutte exemplaire des bibliothèques elle aussi le souligne : peu importe les étiquettes et les réputations médiatiques construites par les élus, seuls comptent les faits et les intentionnalités, et les responsabilités s’établissent dans les actes. Le seul contre-pouvoir reste le mouvement social.

Alternative Libertaire Grenoble


Bibliothécaires en lutte : toutes et tous à Paris le 24 mars 2017 !

Nous, bibliothécaires de Grenoble, soutenu-es par l’intersyndicale CGT-FO-SUD-CNT, sommes en lutte depuis le mois de juin 2016. Cette lutte fait suite à l’annonce de la fermeture de trois bibliothèques de quartier et la suppression de 13 postes.

Ces fermetures, dans le contexte d’un plan d’austérité mis en place par la municipalité grenobloise, viennent frapper un réseau de bibliothèques exemplaire à plus d’un titre. Face à une attaque sans précédent contre notre métier, nos emplois et les valeurs du service public, nous combattons ces choix que nous jugeons délétères et qui, nous l’affirmons haut et fort, hypothèquent l’idéal démocratique. Nous récusons les choix budgétaires, qui, à Grenoble, dépossèdent les quartiers populaires de leur bibliothèque, et font peser sur les plus défavorisés le coût de l’austérité.

A l’heure où la fragmentation sociale gagne du terrain, où le repli sur soi et la défiance à l’égard de l’autre gangrènent chaque jour un peu plus notre devenir commun, fermer des bibliothèques, c’est selon nous, se montrer aveugle ou se faire complice du délitement de la société. Car ce qui fonde la bibliothèque, c’est son incarnation du principe d’égalité. Elle est encore l’un des derniers lieux ouvert à tous où se joue l’apprentissage du vivre ensemble et de la citoyenneté. Œuvrant activement pour la résorption des inégalités, elle reste l’instrument privilégié du projet de démocratisation culturelle.

Convaincus de l’utilité sociale de notre métier, de l’importance de son rôle éducatif et émancipateur, nous sommes fermement décidés à le défendre au plan national, en organisant le déplacement d’une délégation de bibliothécaires jusqu’au Salon du Livre de Paris d’une part, jusqu’au Ministère de la Fonction Publique d’autre part, pour exiger les moyens d’exercer un service public de proximité et de qualité. Faisant le constat que les bibliothèques de Grenoble ne sont pas les seules mises à mal et que d’autres bibliothèques françaises sont aux prises avec des difficultés similaires, nous appelons tous les professionnels de la lecture publique à rejoindre notre lutte pour revendiquer la préservation et la valorisation d’un métier d’engagement.

Si vous aussi, vous refusez d’être les sacrifié-es d’une logique purement comptable de la société, si vous aussi vous refusez les coupes sombres dans les effectifs, les restructurations, la dégradation des conditions de travail, le démantèlement et la marchandisation du bien commun, si vous aussi vous êtes indigné-es par le rouleau compresseur de l’austérité budgétaire, rejoignons-nous le 24 mars prochain à Paris.

Pour nous suivre et connaître les différents rendez-vous, notre facebook : bibliothecairesdegrenobleenlutte

 
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