Genres : En France, l’intersexuation rime encore avec mutilations




En septembre, le collectif intersexes et Alliée.s (CIA) a lancé la première campagne visant à l’arrêt des mutilations pour les enfants et adolescents intersexes ; en France, ce seraient près de 2 % des naissances annuelles qui seraient concernées, donc autant de personnes subissant encore des violences médicales.

L’intersexuation est le fait de présenter des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas celles des classifications binaires d’hommes ou de femmes. Lorsque cela se produit, les parents vont devoir décider d’assigner un sexe à leur enfant, avec tout ce que cela va impliquer ; en effet, le corps médical va ensuite pratiquer différentes interventions, que ce soient à partir de traitements hormonaux ou d’interventions chirurgicales, pour que l’enfant rentre dans la case voulue.

Or, la grande majorité des enfants concerné.es sont en bonne santé, et rien ne justifie la construction de ces interventions d’un point de vue médical. À l’inverse, les conséquences de ces protocoles sont souvent lourdes, physiquement mais aussi dramatiques pour la construction identitaire des personnes concernées, qui se sont vues imposer une identité et des modifications corporelles non nécessaires.

La justification qui a cours actuellement concernant ces actes, est qu’ils favoriseraient le bon développement psychologique et social de l’enfant en lui permettant de pouvoir s’identifier à des pairs, et ne pas être stigmatisé... Alors même que la première des stigmatisations est produite par les professionnels médicaux, pour qui ces enfants sont avant tout « anormaux ».

L’appel lancé par le collectif Intersexes et Allié-e-s 1 met en avant ces éléments, en rappelant que ces pratiques ont pu être dénoncées à l’échelle internationale et par de nombreuses associations de défense des droits.

En France, le rapport du Conseil d’État paru en juin dernier préparant la révision de la loi bioéthique met en avant la question du consentement de l’enfant comme préalable de toute intervention, si son état de santé ne nécessite pas d’intervention d’urgence.

Ne plus voir l’intersexuation comme un état pathologique

L’idée d’attendre que l’enfant puisse lui-même exprimer un choix a donc émergé, avec tout ce que cela implique. D’une part, il faudrait que l’ensemble des professionnels soient formés à ne plus voir l’intersexuation comme un état pathologique auquel il faut remédier, mais bien comme l’existence de variations dans la construction des caractéristiques sexuelles.

Il faut aussi pouvoir rendre effectif ce droit à l’attente, avec la possibilité de reporter l’attribution du sexe à l’état civil pour les enfants concerné.es, jusqu’à ce qu’une décision ait pu être prise par la personne elle-même. Or, si des préconisations ont pu être formulées en ce sens, rien n’a encore été proposé de façon concrète.

La campagne [1] proposée par le collectif, qui a créé un site dédié , une pétition en ligne et des outils à diffuser, a pour objectif de fédérer autour de l’arrêt des mutilations et de la possibilité du choix, mais elle permet aussi de donner de la visibilité à l’intersexuation et à toutes les questions afférentes, en étant portée par des personnes directement concernées.

Flo (Lorient)

 
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