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Limousin : Expulsion annoncée d’un collectif d’habitantes et d’habitants




Le dimanche 1er novembre 2015, un collectif d’habitant-e-s s’étant baptisé avec humour « le Centre de Recherche International pour un Monde Meilleur » (CRIMM) installé à Courbefy sera expulsé sur ordre de justice avec la complicité de la mairie. Le village, en partie abandonné, avait été racheté par un riche homme d’affaire coréen aux relations mafieuses, aujourd’hui décédé... laissant le lieu dans un entre-deux à propos de sa propriété et de son usage. Ce que souligne l’occupation du CRIMM, c’est la légitimité pour les habitant-e-s d’occuper un espace libre pour y construire des activités alternatives et solidaires . La résistance s’organise et une fête populaire se tiendra sur place le samedi 31 octobre.

Ce village de Haute-Vienne acheté en 2012 par un mafieux Coréen, décédé en 2014 est réinvestit aujourd’hui par un groupe d’habitant-e-s. une décision de justice impose l’expulsion du lieu, avec un sentiment de gâchis et des questions essentielles en suspens. Des animations sont prévues d’ici là. Alternative Libertaire Dordogne qui soutient ce mouvement de solidarité directe appelle toutes et tous, de Dordogne, Haute-Vienne, Corrèze ou Charente, à s’y joindre. Un monde meilleur est encore possible !

Le 21 mai 2012 le hameau abandonné de Courbefy, dans le sud de la Haute-Vienne, a été acquis aux enchères pour la somme de 52 0000 euros par monsieur Joo Byung-eu, personnage controversé, artiste et « homme d’affaires » Coréen, repris de justice et dont la famille est mafieuse. Son projet est alors de faire de Courbefy un centre artistique. Sa fortune et un généreux mécénat lui permettent d’organiser des expositions de photographies dans des lieux prestigieux et de se présenter partout comme un artiste reconnu. Retrouvé mort dans des circonstances encore mal élucidées en mars 2014, la question se pose alors (et encore aujourd’hui) de savoir qui est le propriétaire légal de Courbefy. Son projet était de faire de Courbefy un centre artistique, de type « Villa Médicis ».

Depuis 2012, de fait, rien ne se passe si ce n’est l’envahissement progressif du site par la végétation, sa dégradation, et tout cela dans l’indifférence des pouvoirs publics et la consternation des citoyens soucieux de préserver un site exceptionnel porteur de l’âme de ce pays.

Le 15 octobre 2015, le CRIMM (Centre de Recherche International pour un Monde Meilleur) s’est installé dans le village. Composé d’artistes et/ou d’individu.e.s libres, il se veut une entité collective dans laquelle des êtres humains agissent unis par l’idée et l’aspiration à réfléchir ensemble sur la teneur d’un "monde meilleur".

Le CRIMM a pour vocation de générer l’interrogation et de récolter des propositions. Transformant le lieu en un espace commun, avec une assemblée générale quotidienne à la tombée de la nuit où sont prises des décisions collectives, basées sur l’autogestion et la démocratie directe. Le choix du site n’est d’ailleurs pas un hasard : Le CRIMM souhaite permettre au collectif de mettre en question notre monde parce qu’il nous semble emblématique sur des questions de patrimoine et de territorialité.

Réhabilitant le site, nettoyant tous les abords, défrichant, afin de redonner au lieu un aspect qu’il mérite, et ce après des années d’abandon, le CRIMM subit malgré tout les foudres des élus locaux d’un côté, et notamment le maire délégué de Saint-Nicolas-de-Courbefy, et de l’autre de la société Ahae Press Incorporation, représentant les successeurs potentiels du Mécène, mais dont beaucoup sont soit en fuite, soit en prison !

Quelques questions demeurent

Vendredi 23 octobre 2015, le CRIMM était donc assigné en référé et, sans surprise, l’expulsion a été signifiée pour le 31 octobre. Dimanche 1er novembre, les forces armées de la République française seront habilitées à vider le site de Courbefy de tous ses occupants.

Le CRIMM nous invite à nous poser quelques questions :

  • « Pourquoi la société Ahae et la municipalité n’ayant apparemment aucune projection à court terme sur le site ne laisse-t-elle pas cette expérience de vie et de recherche artistique faire ses preuves dans sa volonté de préservation et de dynamisation du site ?
  • Pourquoi toutes les tentatives de redonner vie à Courbefy sont-elles si rapidement balayées ?
  • Pourquoi la bonification de deux bâtiments, l’entretien et la restauration de ses abords, la création d’un espace de vie et de rencontres, la remise en état du terrain de tennis, etc. ne sont pas perçus de manière positive par le propriétaire et la municipalité ?
  • Comment se fait-il que la société Ahae ne veuille pas communiquer sur son projet à Courbefy ? Pourquoi laisse-t-elle le site à l’abandon ?
  • Pourquoi la municipalité ne prend-t-elle pas le recul nécessaire et n’interroge-t-elle pas publiquement la société Ahae sur ses projections sur le site afin, notamment, de voir si ce projet de « Villa Medicis » est compatible ou complémentaire avec la partie publique de ce lieu (Bonnes Fontaines, chapelle du XII° siècle, ruines du château, sentiers de randonnée,...) ?
  • Pourquoi continuer à mettre en avant le caractère privé du « village » pour interdire toute proposition alors qu’aux yeux de tous il est en déshérence depuis de nombreuses années et que son rachat en 2012 par Ahae n’a rien changé à cet état de fait ?
  • Où les structures et individus qui se sont lancés dans cette aventure vont-elles poser leurs valises ? N’auraient-elles pas pu résider et porter ce questionnement collectif jusqu’à la fin de l’hiver, comme ils l’avaient annoncés ? »

Dimanche 1° novembre, le CRIMM aura donc sans doute quitté les lieux, mais restera toujours ouvert à la discussion avec l’ensemble des parties.
Les chercheurs pour un monde meilleur invitent d’ailleurs tous ceux et celles qui ont envie de se demander quoi faire de ce lieu de venir se balader, discuter, et échanger sur les sentiers de Courbefy, samedi 31 octobre dès 15 heures.

Alternative Libertaire Dordogne soutient le Centre de Recherche International pour un Monde Meilleur, qui se bat pour des solidarités directes, et appelle toutes et tous, qu’ils soient de Dordogne, de Haute-Vienne ou d’ailleurs à se joindre à la fête populaire de ce samedi 31 octobre, dès 15 heures.

Alternative libertaire Dordogne

 
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