Culture

Lire : Piqueray, La Réfractaire : 85 ans d’anarchie.




May Piqueray (1898-1983) a traversé le XXe siècle animée par la révolte. Antimilitariste et réfractaire à toutes les injustices, refusant de serrer la main de Trotski ou fabriquant des faux papiers jusque dans les bureaux des autorités de Vichy, côtoyant Makhno, Emma Goldman, Marius Jacob, elle ne cessera de lutter. Maltraitée par sa mère, qui ne lui a jamais pardonnée d’avoir failli mourrir en la mettant au monde, «  placée  » à onze ans chez un négociant en beurre, «  entrée en anarchie  » par instinct, emprisonnée à plusieurs reprises, secrétaire d’Alexandre Berkman, infatigable militante, le récit de sa vie témoigne d’une intransigeance de caractère et d’un courage à toute épreuve.

Ainsi, elle obtiendra de Trotski la libération d’anarchistes russes, bien qu’elle ait entonné en sa présence Le Triomphe de l’anarchie, de Charles D’Avray. Proche de Louis Lecoin, elle partagera tous ses combats antimilitaristes et sa lutte en faveur des objecteurs de conscience.

Elle ravitaillera les réfugiés espagnols dans les camps du sud de la France, créera le journal Le Réfractaire en 1974, participera aux mobilisations pour le Larzac et contre la centrale nucléaire de Creys-Malville, fin juillet 1977 notamment. Jusqu’à son dernier jour, elle se revendiquera comme anarchiste  : «  Eh non, je ne réprouve pas ce qualificatif, avec l’indignation grotesque de tels ignorants des vocables ou de tels partisans de régime à poigne, qui, par méconnaissance ou par hypocrisie, détournèrent le terme de son sens en lui prêtant la signification de “désordre”. En ma conscience, anarchie signifie  : sans lutte d’ambition, sans envie du voisin, sans haines meurtrières, puisque le terme “anarchiste” exclu tout chef, tout maître, tout despotisme et toutes les dominations de fait qui n’engendrent que guerres et servitudes.  » Passionnante autobiographie, judicieusement rééditée par les éditions Libertalia.

Ernest London (UCL Le Puy-en-Velay)

 
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