Communiqué UCL

Soulèvements de la Terre : une victoire mais une alerte pour les libertés publiques




La décision est tombée : on ne dissout pas un soulèvement. L’annulation du décret de dissolution des Soulèvements de la Terre par le Conseil d’État est une victoire pour le mouvement écologiste, et pour tout le mouvement social ! Néanmoins, cette victoire est également une alerte.

Le 21 juin, Gérald Darmanin, en poursuite de la répression de la manifestation de Sainte-Soline contre les méga-bassines, proclamait la dissolution des Soulèvements de la Terre. Après plusieurs mois de bataille juridique, le Conseil d’État a finalement cassé la décision du gouvernement. La justice a estimé que la dissolution ne saurait être justifiée dans le cas des Soulèvements de la Terre, le collectif n’étant pas responsable des violences ayant eu lieu lors de la manifestation.

Néanmoins, le Conseil d’État ne s’est pas uniquement prononcé sur leurs cas. Il a également confirmé que le Groupe antifasciste Lyon et environs, la Coordination contre le racisme et l’islamophobie, mais également que l’Alvarium (groupe identitaire d’Angers) restaient quant à eux dissous. Cette dissolution est une conséquence de la loi « Séparatisme », qui fixe de nouveaux motifs de dissolution administrative, dont la bien floue « provocation à des violences contre les biens ou les personnes » . En faisant une lecture extensive de ce concept, le Conseil d’État créé un précédent dangereux, qui menace tout le mouvement social.

La dissolution, une solution à double tranchant

Si cette annonce de l’échec du gouvernement Macron à dissoudre les Soulèvements de la Terre nous réjouit, nous sommes alarmées par la dissolution de la GALE et de la CRI.

En effet, bien que nous ne partagions pas les lignes politiques de ces organisations, il s’agit d’un signal inquiétant. Si la dissolution de groupes fascistes comme l’Alvarium semble à première vue utile, cette solution est à double tranchant. Le gouvernement renvoie dos à dos les « extrêmes », en prétendant s’attaquer à toutes les violences. Nous ne sommes pas dupes : la stratégie du gouvernement est de museler la contestation sociale en usant de toutes les formes de répressions qui sont à sa portée : violences policières, poursuites pénales de militantes, dissolutions, etc. Aujourd’hui ce sont la GALE et le CRI qui sont touchés, demain cela pourrait être n’importe quel autre collectif, organisation politique ou syndicat s’opposant au gouvernement.

Photo : Kafar33

Non à la criminalisation du mouvement social !

Alors que le gouvernement dissout la GALE, les groupes fascistes lyonnais profitent toujours d’une impunité totale et de la complaisance de la préfecture et de la mairie. Malgré la mobilisation du mouvement social, leurs locaux restent ouverts et leurs agressions impunies.

La dissolution du CRI s’ancre quant à elle dans la continuité de la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) en 2020, bien que les deux entités soient différentes. Le signal envoyé reste une criminalisation de la lutte pour l’égalité et contre le racisme. Elle encourage le harcèlement médiatique et politique des musulmans et musulmanes sous couvert de « lutte contre le séparatisme » et l’extrémisme religieux qui, même s’il peut exister, trouve précisément son carburant dans cette stigmatisation raciste.

Les Soulèvements de la Terre ont fait plier Darmanin. Nous nous en réjouissons mais nous devons continuer le combat écologiste et contre les dissolutions réprimant le mouvement social. L’UCL dénonce cette nouvelle attaque répressive. Face à la répression judiciaire, la solidarité est notre force !

Union communiste libertaire, le 10 novembre 2023

 
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