Communiqué UCL

Partages des ressources, partage des richesses, même combat !




En plein mouvement contre la réforme des retraites, après le passage en force du 49.3, la colère gronde et les regards étaient rivés ce samedi 25 mars sur la mobilisation contre les mégabassines. Une grande manifestation a eu lieu dans le Poitou pour défendre l’accès à l’eau comme bien commun et dénoncer l’illégitimité et l’absurdité écologique des bassines. 30 000 personnes ont convergé depuis l’Europe vers les villages de Sainte-Soline et Melle pour lutter contre l’un des nombreux projets de mégabassines dans les Deux-Sèvres. Elles ont fait face à un arsenal répressif et une violence inouïe de la part de la police et la gendarmerie sur place.

Les mégabassines (ou « réserves de substitution d’irrigation agricole ») sont des réservoirs d’eau artificiels, plastifiés et imperméables qui s’étendent sur 8 à 18 ha, qui permettent de pomper pendant l’hiver l’eau des nappes phréatiques et de la stocker pour irriguer les cultures l’été.

Dégradation de la qualité de l’eau stagnante, évaporation majorée, non prise en compte du réchauffement climatique, et donc des sécheresses hivernales dans les études d’impact des mégabassines : les paysannes et écologistes ont déjà démontré qu’elles ne sont pas une solution pertinente face aux changements climatiques à venir.

Au contraire, elles visent à permettre au modèle agricole intensif de maintenir voire d’augmenter ses rendements même pendant les périodes de sécheresses pluri-annuelles, au lieu de rechercher davantage de sobriété et de commencer dès à présent à adapter nos cultures, en cultivant des semences moins consommatrices d’eau, comme le blé ou les lentilles, ce que beaucoup d’agriculteurs et agricultrices ont déjà commencé à faire.

Ces bassines sont un mécanisme d’accaparement de l’eau pour les appétits toujours plus gourmands des grosses exploitations agricoles productivistes, les monocultures de maïs destiné au bétail ou à l’exportation, qui ne représentent que 6% des exploitations agricoles dans les Deux-Sèvres, accaparement qui se fait au détriment de toutes les autres productions, qui risquent de manquer d’eau. Le tout sans concertations et en étant financé à 60% par de l’argent public.

Mobilisation massive, répression féroce

Dans la continuité de la dernière mobilisation, le 30 octobre 2022, le rendez-vous était donc donné ce samedi 25 mars pour une nouvelle journée de mobilisation contre les mégabassines. En dépit des blocages policiers, quelques 30 000 participantes ont convergé vers les villages de Sainte-Soline et de Melle, venues de France, d’Europe et pour certaines plus loin encore, dont des délégations de différents pays (Chili, Allemagne, États-Unis, Espagne, Italie, Kurdistan etc. ), démontrant l’importance de cette juste cause et le soutien massif dont elle bénéficie. Le rassemblement a été l’occasion de moment de débats, de conférences, des festivités.

Les entraves à la liberté de manifester n’ayant pas découragé les participantes de manifester vers la mégabassines en construction de Sainte-Soline, les policiers et les gendarmes mobilisés en nombre sur le weekend (3200) ont déployé une violence inouïe pour empêcher les cortèges d’accéder à la mégabassine. Le déchaînement de matériel répressif laisse peu de doute sur la volonté de traumatiser, de blesser et d’empêcher la manifestation : 4000 grenades assourdissantes GM2L (grenades explosives et lacrymogènes) tirées en 2h, jetées au niveau des têtes, LBD sans discernement, bataillon de quads de la BRAV-M qui charge frontalement les manifestantes, attaque de cortèges jusque là calmes … Un des 3 cortèges a tout de même réussi à pénétrer dans la bassine, mais a du en repartir pour évacuer les blessées.

On recense 200 blessées à différents degrés de gravité, dont plusieurs dizaines voient au minimum leur pronostic fonctionnel engagé, pour certaines mutilées au niveau des jambes ou du visage, et 2 personnes sont à cette heure entre la vie et la mort. À ces horreurs, s’ajoute l’interdiction faite aux secours, par le haut niveau du commandement d’évacuer les blessées très graves du site. Un des deux manifestants, entre la vie et la mort, a attendu 3h40 avant son évacuation alors que le diagnostic d’une médecin urgentiste était sans équivoque dès la première constatation des blessures.

Intimidations, mensonges et menaces : ce gouvernement est aux abois

Depuis samedi, le gouvernement mène une bataille de la désinformation, en mentant éhontément sur le nombre de manifestantes, sur les violences terribles perpétrées par la police et les gendarmes, ce malgré les images.
Nouvel affront, pour détourner l’attention des preuves de ses mensonges, Darmanin annonce ce soir engager une procédure de dissolution des Soulèvements de la terre.

La répression violente, physique, judiciaire et les moyens déployés pour défendre les intérêts de quelques grands exploitants montre le peu d’intérêt que porte le gouvernement pour les paysannes qui défendent une agriculture nourricière et respectueuse de l’environnement. Face aux enjeux écologiques de partage de ressources de plus en plus limitées, l’État se radicalise en ayant une réponse purement sécuritaire et criminelle.

Le pouvoir français tente de briser nos luttes, nos espoirs, mais nous resterons solidaires. Les oppositions aux mégaprojets inutiles et nuisibles sont de même nature que l’opposition résolue au contre-projet de réforme des retraites.

Ce sont deux visions irréconciliables du monde de demain qui s’opposent. Un monde vendu aux intérêts court-termistes des capitalistes ou un monde viable pour toutes, un monde solidarité et de partage.

Le déni de démocratie, la spoliation des droits et la répression assassine ne consumeront pas notre détermination, nous défendrons nos droits et nos intérêts de classe tant qu’il le faudra.

La lutte écologique et sociale est vitale !

L’UCL se tient solidaire des personnes blessées et arrêtées ou poursuivies depuis ce samedi.
Nous serons présentes aux rassemblements appelés par la Confédération Paysanne, Bassines Non Merci et les Soulèvements de la terre devant les préfectures jeudi 30 mars 2023 à 19h.

Union communiste libertaire, le 28 mars 2023

 
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