Communiqué UCL

Palestine-Israël : pas de paix sans la fin de l’occupation, de la colonisation, de l’apartheid




L’horreur a répondu à l’horreur. Les centaines d’assassinats de civils en Israël sont un drame, et ce drame est une conséquence des milliers de civils ensevelis sous les décombres de Gaza par les bombardements israéliens depuis 2008. On ne peut pas sans conséquence opprimer, spolier, affamer, enfermer un peuple entier dans cette prison à ciel ouvert qu’est la Palestine : c’est la première leçon de l’explosion meurtrière du 7 octobre. L’État d’Israël y répond déjà par un énième cycle de destruction et de massacre. Il serait temps, au contraire, qu’il comprenne que son système colonial est intenable. Liberté pour la Palestine !

Le samedi 7 octobre, le Hamas a lancé une attaque coordonnée d’une ampleur inédite sur le territoire israélien et sur les colonies, détruisant en plusieurs endroits le mur qui entoure Gaza, s’emparant de plusieurs villages le long du mur et kidnappant au moins 100 soldats et des civils. L’armée et les services de renseignement israéliens ont été pris de court, mais ont entamé une riposte extrêmement violente sur la bande de Gaza, ainsi que sur le sud du Liban après l’envoi de roquettes par le Hezbollah, allié libanais du Hamas. On dénombre plusieurs centaines de morts palestiniennes et israéliennes.

Cette attaque, cinquante ans jour pour jour après le début de la guerre de 1973 entre l’Égypte et la Syrie d’une part et Israël de l’autre, a été prévue et organisée de longue date à Gaza. C’est une réponse à la politique colonialiste et d’apartheid de l’État d’Israël et de son gouvernement fasciste, raciste, suprémaciste et colonialiste qui a multiplié les provocations ces derniers mois (armée sur l’esplanade des Mosquées, expulsions de Palestinien⋅nes, refus de toute solution politique et pacifique) et renforcé le soutien à la colonisation en Cisjordanie. C’est aussi une réponse à la normalisation diplomatique en cours entre Israël et les États du Golfe, notamment l’Arabie Saoudite, et au soutien constant apporté par les USA, l’Union Européenne et la France au régime israélien.
C’est surtout la conséquence de 75 ans de colonisation, d’exploitation brutale et raciste, d’occupation et d’apartheid de la part de l’État d’Israël face aux Palestinien⋅nes, Arabes israélien⋅nes, Druzes, Juif⋅ves d’Éthiopie… La conséquence du refus de toute solution politique et de paix partagée, de la reconnaissance du droit au retour des réfugié⋅es (pourtant garanti par l’ONU), du blocus de Gaza depuis plus de 15 ans et des discriminations et violences quotidiennes.

La fourniture d’électricité et de biens de consommation a été arrêtée envers Gaza, qui en dépend pour son fonctionnement quotidien, par le gouvernement d’extrême droite de Netanyahou qui a prévenu qu’il était « en guerre » et que la riposte serait la plus violente de ces dernières années, engageant la population à évacuer la zone frontalière tout en entamant des bombardements sur la bande de Gaza. Ce gouvernement corrompu, critiqué ces derniers mois par d’immenses manifestations de la part d’une grande partie de la population israélienne, mène une guerre meurtrière permanente contre la population palestinienne, et justifie son maintien au pouvoir par une politique sécuritaire et autoritaire. C’est lui qui porte la responsabilité de la guerre et des morts des deux côtés. Comme toujours, ce sont les populations civiles qui payent le prix des guerres décidées par les classes dirigeantes impérialistes. Les prochains jours nous diront si l’offensive du Hamas signera la fin du gouvernement Netanyahou, ou au contraire l’unification de la population derrière lui dans la guerre. La situation actuelle est en tout cas la preuve de l’échec des politiques prétendant à une solution impérialiste et militaire en Palestine.

L’Union communiste libertaire soutient la lutte du peuple palestinien pour l’autodétermination, la liberté, le droit à une vie digne, dans une fédération multiethnique, laïque et démocratique. Les perspectives nationalistes, religieuses et guerrières, même si elles sont l’expression d’une situation sans issue, n’offriront jamais la garantie de la paix et la justice au Proche-Orient. Ces perspectives servent le jeu des autocrates et des extrêmes droites intolérantes.
Nous vous invitons à consulter la motion intitulée « Pour une Palestine libre, laïque et démocratique » que l’UCL a adopté lors de sa coordination fédérale de juin 2020.

Nous déplorons les victimes civiles, qui n’ont pas à payer le prix des stratégies politiques de l’État d’Israël ou du Hamas, mouvement nationaliste et intégriste religieux, issu des Frères musulmans, et qui s’est historiquement construit aux dépends des forces révolutionnaires laïques. Nous nous opposons à la criminalisation des soutiens à la résistance palestinienne en Europe et à leur appellation de « terroristes ». Nous nous opposons également à toutes les instrumentalisations des violences à des fins racistes, qu’elles soient anti-arabes ou antisémites, ou en appui à des régimes autoritaires comme l’Iran, principal soutien du Hamas, qui est un mouvement nationaliste et intégriste religieux qui ne peut pas être confondu avec le peuple palestinien.

Nous renouvelons nos exigences de mettre fin à la colonisation et à l’apartheid en Palestine, et de respecter les résolutions internationales (partage du territoire, droit au retour, etc.) comme préalable à une solution à long terme [1].
Nous apportons notre soutien à la résistance palestinienne populaire, laïque, démocratique et révolutionnaire et à tous les opposant⋅es et militant⋅es anticolonialistes israélien⋅ne⋅s.

Nous appelons à l’arrêt des violences commises par l’armée israélienne et le Hamas, qui impactent lourdement les populations civiles des deux côtés. Nous ne partageons pas l’idéologie du Hamas, qui n’a pas à cœur les justes aspirations du peuple palestinien. Nous soutenons la lutte de résistance et de libération palestinienne. Nous comprenons la nécessité pour cette lutte de stratégies parfois violentes, conséquences d’une situation de blocage politique. Nous appelons à la démilitarisation de l’État d’Israël et à une vraie recherche d’une solution, fondée sur les demandes légitimes du peuple palestinien. Ce sont les conditions nécessaires à toute résolution durable du conflit.

Union communiste libertaire, le 9 octobre 2023.

[1Rappelons plusieurs points à ce sujet : 1- que la colonisation de la Palestine et l’expulsion des Palestiniennes de leurs terres dure depuis plus d’un siècle et qu’elle avait commencé bien avant 1948, 2- qu’Israël n’a jamais respecté aucune des résolutions de 1967 de l’ONU l’obligeant à quitter les territoires occupés et à appliquer le droit au retour des réfugiés, 3- que les accords de paix de 1993 (accords d’Oslo) n’ont en fait qu’accentué la colonisation, 4- que c’est presque un mort par jour que subissent les Palestiniennes en plus des coupures d’eau et d’électricité, du vol des terres et des agressions quotidiennes des colons, et 5- que quand, à travers le monde, c’est sous la forme d’une campagne pacifique, la campagne BDS, que s’exprime la solidarité, la réponse des États comme la France est de les criminaliser.

 
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