Mobilisation du 11 octobre : A la recherche d’une conviction




Montée péniblement durant le mois d’août, la mobilisation du 11 octobre contre les politiques d’austérité met l’intersyndicale face à un clivage majeur, peu propice à entraîner les salarié-e-s. Analyse.

Devant l’ampleur des attaques portées par le gouvernement – et derrière lui l’Union européenne – contre les salarié-e-s, l’intersyndicale (CFDT, CGT, FSU, Solidaires, Unsa) apparaît divisée. Déjà rabougrie après les départs de FO, de la CGC et de la CFTC, elle n’a pu s’accorder sur les formes d’action : entre un pôle CFDT-Unsa refusant carrément d’appeler à la grève et un pôle Solidaires-FSU résolu à y aller, la CGT pourvue de ses dix axes de proposition tâchait de faire le pont... Finalement, l’intersyndicale du 15 septembre n’aboutira pas à un appel commun, et le travail unitaire, dont on sait combien il est décisif pour l’entrée dans l’action des salarié-e-s, est renvoyé à l’échelon départemental.

[*Un indispensable travail de conviction politique*]

Si l’unité n’était pas tenable, c’est en raison d’une profonde divergence politique sur la question de la dette, de ses causes et de son illégitimité. En parlant de « maîtriser les déficits », d’assurer « la croissance », les appels des 18 août et 1er septembre faisaient déjà jaser pour leur réformisme directement inspiré par la CFDT. Or, il n’y a aucune union sacrée à avoir, mais bien une lutte résolue pour la défense des intérêts du monde du travail.

Voilà qui vient s’ajouter au contexte déjà peu favorable à une mobilisation contre des politiques structurelles, puisque l’horizon 2012 va absorber les volontés de sanctionner le gouvernement sur ces questions. Et pourtant, le mouvement social n’est pas atone en cette rentrée – sur les questions de santé par exemple. Mais on sent que le mécontentement politique peine à se changer en mouvement de masse.

Pourquoi ? Comme nous l’avons précédemment écrit, le mouvement syndical de lutte (présent dans divers syndicats et principalement à la CGT, à Solidaires et à la FSU) a trop peu tiré de bilans collectifs de l’échec de l’automne dernier : absence d’implantation syndicale majeure dans le privé, combativité réduite à quelques secteurs, stratégie d’affrontement avec le gouvernement et le patronat non assumée, revendications floues, peu comprises et partagées par les travailleurs et travailleuses en mouvement. Le rôle des militantes et militants syndicalistes devrait dans ce contexte être le suivant : construire et incarner un pôle de référence et de résistance, qui est justement ce qui manque au mouvement d’aujourd’hui. C’est à ce syndicalisme-là de porter une analyse radicale invalidant les politiques d’austérité, dont les 10 milliards d’économie annoncés ne sont qu’un premier pas. Les organisations révolutionnaires ne doivent pas être en reste pour porter fermement un affrontement central avec les capitalistes et ses serviteurs : État, Union européenne, partis libéraux et d’extrême droite.

Mouchette (AL Saint-Denis) et Rémi Ermon (AL Lorient)

 
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