nécrologie

Jean-Pierre Petit, t’inquiète, on s’organise !




Notre copain Jean-Pierre Petit a tiré sa révérence ce 11 mai 2017, nous prenant toutes et tous de court, nous qui militions avec lui, parfois au quotidien. Tellement vite, et surtout tellement trop tôt, si injustement privé de la vie de lutte qui l’attendait encore.

Nous avons toutes et tous le sentiment de perdre un copain, un proche, tant il avait une relation avec chaque personne, dans son mode de vie si totalement collectif. Tant il comptait de vrai.es ami.es, aussi. Le plus souvent sans rien savoir de lui d’intime, ou si peu, car il gardait un mystère sur ces choses, on avait avec lui un sentiment d’évidence, l’évidence d’être ensemble, en mouvement, lutter comme une évidence, et la certitude qu’il serait là si on se pointait à telle réunion, à telle action, infaillible, complice, drôle et attentif.

Il était LÀ, c’est ce mot qui revient dans les textes, dans les chansons, qu’on en pleure ou qu’on en rigole car ce don d’ubiquité aux réunions inquiétait un peu !

On ne t’oublie pas

Jean-Pierre, c’est ta fidélité à tes combats qui nous donne confiance, qui nous encourage, même si nous perdons avec toi une énergie motrice, pourtant si discrète, si modeste.

Depuis quarante ans, tu as accompagné bien des luttes, antiracistes, antifascistes, sociales (notamment autour des mouvements de chômeurs et chômeuses, avec AC !, Chiche), contre la vidéosurveillance (où tu étais précurseur, initiateur et cheville ouvrière de Souriez vous êtes filmés, du KO Libertés, des Big Brother Awards), pour le droit à la ville (mais sans jamais dire le mot) puis contre l’aménagement sauvage (DAL, Maison des ensembles, Costif contre le gros-Paris).

Mais surtout, tous ces fronts et les luttes écologistes (avec Bure, le(s) collectif(s) Nddl, les anti -gaz de schiste), tu les faisais dialoguer ensemble comme les mille facettes d’un combat pour le droit au mode de vie, et à la vie, contre toute concession au capitalisme, contre l’autorité et l’esprit de hiérarchie, jusque dans le syndicat SUD-PTT où tu étais tout aussi actif.

Jean-Pierre Petit à la Foire à l’autogestion 2012, à Montreuil.
cc Virginie Zilbermann

Pas étonnant que tu aies écrit dans un des derniers numéros de La Gueule ouverte, journal anti-autoritaire et écologiste. Cette cohérence, cette convergence des combats te ressemblent bien, toi qui a cherché aussi du côté des alternatives concrètes, initiant le Frap (Festival des résistances et alternatives à Paris), toi qui as fait en sorte que des collectifs qui auraient pu se rater, s’ignorer, au contraire se rencontrent, et dépassent à la fois les divergences, les distances de pratiques et même d’opinions. C’était une gageure politique, et aussi un exploit sportif, mais toujours fait dans le plaisir, si possible dans la fête. Et puis comme l’ont rappelé les Amis d’Orwell et les ami.es tout court sur le plateau de l’émission, avec toi il n’y avait pas de combat sans prestige, ou trop petit. Dès qu’il s’agissait de résister, dès qu’il y avait un potentiel de subversion, tu pouvais en être, contre tout sectarisme.

Tes derniers mots, en retirant ton masque à oxygène, ont été : « Il faut s’organiser »... C’est ainsi qu’on t’a connu, c’est dans cet esprit que l’on va continuer à se battre, en clown, en zadiste ou en civil, en organisé.es ou pas. En se retrouvant toutes et tous ensemble ces jours-ci, en redécouvrant les engagements vécus avec toi par les uns et les autres – car une fois encore, ta discrétion était telle qu’on en apprend encore – nous avons tous pu sentir que tant que nous serions ensemble, tu serais là dans le mouvement, avec nous.

Des militants et militantes d’Alternative libertaire

 
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