Aveyron : Après l’expulsion, la lutte continue




Malgré l’expulsion de la Zad de l’Amassada, la lutte locale s’est poursuivie avec un week-end de résistance organisé début novembre. Une semaine d’action nationale a été décidée pour janvier prochain.

Au lendemain de l’expulsion des occupant∙es de l’Amassada à Saint-Victor, beaucoup s’interrogeaient sur la possibilité de poursuivre la lutte. La militarisation du terrain par la gendarmerie nationale rend une action de réoccupation d’autant plus difficile que cette lutte n’a pas connu de mobilisation aussi massive que celle de Notre-Dame-des-Landes. La mairie, opposée au projet de mégatransformateur électrique, a été harcelée par les partisanes et partisans du projet liés à la droite et à l’extrême droite et dont les ramifications avec les entreprises locales ayant obtenu le marché des travaux d’aménagement ne manquent pas. Face à cette pression, qui n’est pas nouvelle, elle s’en est tenue à la légalité républicaine et a préféré lâcher l’affaire. L’association Plateau survolté, qui regroupe un certain nombre d’habitantes et habitants opposé au projet et dont une plainte contre l’opérateur Réseau transport d’électricité (RTE) en contestant l’utilité publique est en cours, se fait discrète. Reste l’Amassada, collectif qui rassemble habitant∙es et militant∙es, toujours aussi résolus.

Les 1, 2 et 3 novembre, l’Amassada organisait un week-end de résistance. Plus de 400 personnes y ont participé. Cela peut sembler modeste, mais il faut savoir qu’aucune lutte n’a rassemblé autant de monde dans le Saint-Affricain depuis 2016. Les opposant∙es au projet venaient d’Aveyron, plus largement d’Occitanie mais aussi de Bures, Notre-Dame-des-Landes, d’Alsace, de Lyon, de Bretagne voire d’Allemagne. On pouvait y rajouter quelques gilets jaunes de Millau et Saint-Affrique, la Confédération paysanne et l’UCL. Les militantes et militants d’Extinction rébellion étaient également venus en nombre.

Un réseau électrique nuisible et inutile

Samedi 2 novembre, les participantes et participants aux deux manifestations, l’une de jour, l’autre de nuit, ont tenté d’arracher les grilles autour du terrain dédié au futur mégatransformateur électrique. Mais les gendarmes ont gazé, puis chargé, empêchant toute intrusion... ou presque, puisqu’un petit groupe qui ne s’était pas joint à la foule a réussi à faire tomber 15 mètres de grillage. Le lendemain, l’assemblée des comités de soutien a décidé d’organiser une semaine d’action nationale du 13 au 18 janvier (date anniversaire de l’inauguration de la première cabane de l’Amassada) dont la cible principale sera RTE.

Cette initiative témoigne d’une structuration à l’échelle nationale de collectifs voulant agir contre l’accaparement des terres, l’industrialisation des campagnes, la farce de la transition énergétique mais aussi pour l’agriculture paysanne, pour la défense des services publics menacés en zone rurale comme ailleurs.

Enfin, il n’est pas inintéressant de relever que le tremblement de terre en Ardèche et dans la Drôme a permis de vérifier une fois de plus l’inutilité de l’autoroute des éoliennes industrielles, dont le mégatransfo de Saint-Victor est un nœud essentiel, pour acheminer l’énergie en limitant sa déperdition. Une semaine après le séisme, plus de 30 000 personnes sont privées d’électricité et Enedis, RTE, ainsi qu’EDF sont incapables de s’appuyer sur cette partie du réseau électrique pour leur venir en aide.

Laurent (UCL Aveyron)

 
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