Pleins feux

Contre l’État raciste : Non à l’opération Wuambushu !




Alors que nous sommes en plein mouvement social contre la réforme des retraites depuis plus de trois mois, les offensives de l’État contre les personnes exilées continuent et s’intensifient. L’Union communiste libertaire est signataire de la tribune « Non à l’opération Wuambushu ! » dont nous retranscrivons le texte ici.

À partir du 22 avril, date de la fin du ramadan, le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer Gérald Darmanin et le gouvernement français prévoient une violente opération contre les résidents de Mayotte provenant d’autres îles des Comores. Nommée « Wuambushu », celle-ci a été validée discrètement par Emmanuel Macron en conseil de défense au nom de la lutte contre la « délinquance » et « l’habitat informel ».
Au programme : 400 expulsions quotidiennes pour un total de 24 000 expulsions sur deux mois, destruction de 10 % l’habitat informel de l’île par jour : l’État se prépare à jeter à la rue et à expulser des milliers de personnes et prévient les professeurs que certains de leurs élèves vont « disparaître ». Pour l’occasion, 500 policiers supplémentaires sont attendus en renfort, avec parmi eux des policiers de la CRS8 ou de l’ERIS pour appuyer le RAID et le GIGN déjà sur place.

De façon cynique, l’État compte par ailleurs sur l’impossibilité quasi-totale et systématique de saisir un juge pour pouvoir agir au mépris de tout cadre légal. Si « Wuambushu » est lancée, c’est donc à un déchaînement de violences qu’il faut se préparer, dans le cadre d’une opération militaro-policière qui s’inscrit dans la continuité du durcissement autoritaire du gouvernement et de sa répression violente des étrangers.
L’offensive actuelle est d’ailleurs justifiée par un discours d’extrême droite, faisant des Comoriens et des étrangers les coupables de la situation sociale sur l’île et de tous les maux qui frappent ses habitants. Celui-ci masque la réalité d’un territoire où 77 % des habitants de l’île vivent sous le seuil de pauvreté et où le taux de chômage atteint les 34 %, mais surtout l’origine de cette misère.

La France est pourtant responsable historique d’une situation schizophrénique depuis qu’elle a arraché Mayotte à l’archipel des Comores au milieu des années 1970 pour conserver des positions dans l’Océan Indien. Depuis 1976, vingt résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies ont affirmé la souveraineté des Comores sur l’île de Mayotte, restée officiellement sous domination française.
Le nouvel État comorien indépendant amputé s’est retrouvé aux prises avec une politique néocoloniale caricaturale, qui a laissé ce pays exsangue. Tandis que la politique permanente de division des communautés, consubstantielles du colonialisme, a ancré de plus en plus la société mahoraise à la France, faisant de l’île un territoire d’outre-mer puis un département.

Une gestion coloniale

L’État a continuellement durci sa politique migratoire et les conditions d’accueil des étrangers et en particulier des Comoriens des autres îles : mise en place du « visa Balladur » par Charles Pasqua en 1995, réduction des délais de demande d’asile à sept jours, durcissement du droit du sol… Des lois d’exception qui ont donné lieu à une chasse aux sans-papiers, qui viennent et reviennent sur des embarcations de fortune, prenant des risques démesurés et créant un véritable cimetière marin entre Mayotte et l’île voisine d’Anjouan. La Cimade estimait en 2016 le bilan humain de cette politique à plus de 12 000 morts en mer, ces données n’étant pas actualisées en raison d’une politique délibérée de dissimulation des morts.

Nous dénonçons fermement « Wuambushu ». Cette démonstration de force sécuritaire ne fera qu’aggraver une situation déjà dramatique et offrir à l’État un laboratoire pour sa politique migratoire qui sera encore durcie avec la prochaine loi immigration. Le combat contre l’opération est indissociable de la lutte pour faire reculer l’offensive autoritaire en cours. Il est donc fondamental que l’ensemble des organisations du mouvement social s’en emparent et se mobilisent également le 29 avril, prochaine date de manifestation contre le futur projet de loi immigration du gouvernement.

 
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