Syndicalisme

Constellium à Angers : Battre l’alu tant qu’il est chaud




En décembre 2022, une grève pour les salaires s’est déroulée dans une boîte de la métallurgie de la région d’Angers, Constellium, une usine où travaillent environ 300 salariées pour fabriquer des produits en aluminium. La grève chez Eolane à Angers, relatée dans Alternative Libertaire d’avril, a montré que certaines conditions étaient indispensables à une grève victorieuse. Le cas de Constellium a confirmé l’analyse, même si la situation était différente.

À l’occasion des négociations annuelles obligatoires (NAO), la section CGT revendiquait 200 euros d’augmentation par mois pour tout le monde ainsi qu’une clause de revoyure pour que les augmentations de salaires puissent suivre l’inflation.

Toutes les équipes ont été réunies et une grève a été votée, tout comme les modalités. Commencer par deux heures de débrayage par équipe ­pendant deux jours, puis une grève reconductible à partir du matin de la réunion de négociation et jusqu’à obtention d’une proposition satisfaisante de la part de la direction. La grève a été suivie par une écrasante majorité du personnel ouvrier, et tout au long du mouvement les décisions étaient prises collectivement par les grévistes.

Des délégations CGT d’autres entreprises sont passées pour soutenir la grève sur le piquet. L’Union locale CGT d’Angers, qui tenait son congrès cette même semaine, a apporté un soutien financier qui a permis aux grévistes de manger gratuitement.

Le calendrier patronal ne nous engage pas

Récemment créée, la section CGT, moteur dans la mobilisation, ne pouvait être présente aux négociations car non encore représentative. D’autres syndicats qui y participaient s’étaient engagés lors des premières réunions à respecter les décisions des grévistes. Mais l’un d’eux a tout de même décidé de signer un accord sans consulter les grévistes.

Dans une telle situation, il faut s’affranchir des règles qui nous semblent imposées. Comme chez Eolane [1], les grévistes auraient pu élire un comité de grève et l’imposer comme nouvel interlocuteur à la direction. Plusieurs raisons l’ont empêché et la grève a pris fin. Mais les leçons ont été tirées pour les prochaines fois. En attendant, 120 euros d’augmentation par mois auront été obtenus.

Après les salaires, on se bat pour les retraites  !

Pas de repos ! Après les salaires, c’est pour défendre nos retraites qu’il fallait se battre. Comme partout, le nombre de grévistes et de manifestants lors des premières journées nationales était supérieur à l’habitude chez Constellium. Et comme partout, la participation aux tentatives d’AG était en revanche très faible, rendant difficiles d’autres actions et la reconduction de la grève.

Le 7 mars, les sections CGT des trois plus grosses entreprises de la zone industrielle ont appelé toutes et tous les salariées de la zone à se rassembler ensemble au bord du plus gros rond point à proximité afin d’être visibles et pour y tenir une AG. Seule une minorité de grévistes a participé à cette action innovante, mais des salariées de petites boîtes de la zone les ont rejointes. Le tout dans la bonne ambiance et avec le soutien des passantes.

L’AG a évoqué l’élargissement de notre dynamique et trouvé des idées en appelant à des débrayages de deux heures le matin et deux heures l’après-midi, et à profiter de ces moments pour mettre en place des actions sur la zone. Tout cela a donné des idées pour l’avenir, a permis de créer un précédent et la prise de contacts en tissant les liens entre travailleurs et travailleuses de boîtes voisines.

Guillaume (UCL Angers)

 
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