Désastre nucléaire de Fukushima : Conséquences détonnantes




Les conséquences réelles – sanitaires et sociales – de l’accident de Fukushima ne seront peut-être connues qu’après notre mort. Ce sera surement la catastrophe la plus grave du nucléaire. La vie quotidienne relève du cauchemar pour les Japonaises et les Japonais qui revivent Tchernobyl dans la pire des configurations.

L’ampleur du désastre qu’a entrainé la catastrophe de Fukushima est inimaginable. Les travaux d’assainissement, de sécurité et de démantèlement dureront des décennies ; avec une gestion déplorable de la crise par les autorités japonaises . C’est un accident du niveau le plus élevé qui est survenu en mars 2011 à la suite d’un tsunami provoqué par un important séisme [1]. Le risque sismique récurrent au Japon provoquera à terme de nouvelles catastrophes. Il ne s’agit pas de fantasme : un mois après, un séisme de magnitude 7,1 a secoué le nord-est de l’ile provoquant une fuite d’eau radioactive à la centrale d’Onagawa. Difficile d’indiquer succinctement l’ensemble des conséquences provoquées par l’accumulation et la concentration des particules radioactives dans les différentes espèces végétales et animales, et ceci bien au-delà de Fukushima. D’abord, ce sont des contaminations immédiates et sur le long terme qui entraîneront cancers et malformations génétiques. Puis, l’ensemble des cycles naturels hydriques et géologiques seront touchés pour plusieurs centaines d’années avec des conséquences importantes sur la faune et la flore, terrestres et maritimes. Enfin, n’oublions pas les travailleuses et travailleurs du nucléaire directement touchés par l’accident et par la gestion post-crise : décontaminations des centrales, de l’environnement, retraitement des déchets et démantèlement. Dans ce catalogue pervers, les transports des déchets radioactifs auront les mêmes conséquences que nos célèbres Castor, ces trains radioactifs qui traversent nos contrées en les polluant [2].

[*Une pollution systémique*]

Des analyses faites sur 1 730 habitantes et habitants de la préfecture de Fukushima montrent que 50% de la population a déjà dépassé les limites annuelles autorisées. Une étude réalisée sur l’alimentation montre qu’en moyenne un habitant de la zone contaminée ingère huit fois plus de césium radioactif (3,4 Becquerel/j) qu’un habitant de Tokyo (0,5 Bq/j) [3]. La limite autorisée est de 2 Bq/j. La présence d’iode radioactif atteste que la pollution continue. Des prélèvements d’urine effectués par un laboratoire français auprès d’une vingtaine d’enfants de la région de Fukushima ont montré que tous sont contaminés par du césium radioactif. Un enfant examiné sur 13 aurait des problèmes thyroïdiens. L’Agence japonaise de l’énergie atomique s’inquiète de la conséquence des pluies sur le pays. Des mesures faites dans les forêts indiquent que les pluies rabattant les particules radioactives et la chute des feuilles provoquent une hausse importante de la radioactivité au niveau du sol. Dans ces forêts, il est recommandé de porter un masque pour s’y déplacer. Tepco, la société exploitante de la centrale de Fukushima, ne sait plus quoi faire de l’eau contaminée et demande l’autorisation de la rejeter en mer, ce que refuse le gouvernement. Cependant, plus de 10 000 tonnes d’eau radioactive ont déjà fui en mer. Il s’agit de la plus grave pollution marine de tous les temps [4].

[*Sortir du nucléaire pour changer de société*]

La polémique grandit après la publication d’une étude épidémiologique préliminaire montrant une augmentation de la mortalité infantile de 1,8 % aux États-Unis mesurée pendant les 14 semaines après l’arrivée du nuage radioactif japonais [5], ce qui équivaudrait à 14 000 décès supplémentaires au bout d’un an seulement. Ce nuage est comparé par les experts au nuage de Tchernobyl qui avait provoqué en Europe une surmortalité infantile correspondant à 16 500 décès sur 17 semaines. De plus, l’étendue de la catastrophe impliquera la contamination des matières premières indispensables à l’ensemble des industries de production et de transformation : des matières agroalimentaires aux produits de la pêche en passant par l’eau potable. Face au manque de transparence et d’efficacité du gouvernement japonais, la colère populaire gronde. A Tokyo, 11 000 personnes ont manifesté le 11 février pour demander l’arrêt du nucléaire. Or, il ne reste plus que 9 centrales sur 53 en fonctionnement. Il est trop tôt pour savoir si la sortie du nucléaire aura lieu, mais nous pouvons être sûrs que les coûts énormes, majoritairement à la charge de l’Etat et des collectivités, seront supportés par la population. Elle subira le chantage de l’austérité au nom d’une prétendue reprise économique. Ne laissons pas les industriels étatiques ou privés dicter nos modes de vie. Une sortie du nucléaire ne se décide pas dans l’urgence mais via un débat collectif. C’est le moment de l’engager pour une société socialement plus juste au profit des populations. Cela afin d’éviter une nouvelle catastrophe, en France, au Japon, ou ailleurs. Plus que jamais, une révolution libertaire reste à faire.

Commission écologie d’AL

[1voir l’article à ce sujet page 4

[2voir AL n°205 d’avril 2011

[3Asahi Shimbun du 23 décembre 2011

[4Voir l’excellent blog fukushima.over-blog.fr

[5Voir l’excellent blog fukushima.over-blog.fr

 
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