Syndicalisme

EDF : Tensions électriques à la DTG




La direction d’une unité d’ingénierie d’EDF veut remettre en cause le temps de travail hebdomadaire des salariées. Malgré les manœuvres patronales, ces derniers refusent et les syndicats organisent la colère.

Pour se charger du suivi et de la surveillance de son vaste parc énergétique, EDF dispose de la Division technique générale (DTG), une unité de mesure et d’expertise basée principalement en Rhône-Alpes. Les quelque 600 salariées qui la composent sont depuis des mois en conflit avec leur direction.

Tout a commencé avec une procédure juridique entamée en 2018 par SUD, la CGT et le Comité social et ­économique (dont FO), autour de l’accord local de temps de travail, qui décline l’accord national EDF (dit de 1999) ayant mis en place les trente-cinq heures dans l’entreprise. Cet accord local permet notamment un passage collectif à trente-deux heures par semaine à la DTG, ce qui constitue le socle de la paix sociale  : les salariées considèrent qu’en contrepartie de leurs nombreux déplacements sur l’ensemble du territoire, leur équilibre de vie est acceptable s’ils et elles peuvent bénéficier de la semaine de quatre jours. La procédure juridique concernait 60 agents et agentes de quatre services à qui la direction refusait le passage collectif à trente-deux heures.

Mais en janvier 2020, la veille de la décision officielle du TGI qui a donné raison aux syndicats contre la direction, celle-ci a carrément dénoncé l’accord local de 1999  ! Les quinze mois de discussions qui s’en suivirent furent un simulacre de négociation : les propositions locales de la direction étaient sur bien des points totalement incompatibles avec l’accord national, qui lui n’avait pas été dénoncé. Impossible pour un syndicat digne de ce nom d’approuver un accord local aussi régressif, donc la CGT et SUD, majoritaires à la DTG, ne l’ont pas signé. Durant toute cette période et malgré le contexte sanitaire, SUD et CGT ont coorganisé des AG du personnel qui ont pu réunir des centaines de salariées.

La réorganisation au centre de la colère

En parallèle de cela, la direction a annoncé une réorganisation complète de l’unité, cassant l’ensemble des collectifs de travail. Actuellement les services mélangent techniciens, ingénieurs et experts autour d’un même domaine technique ; le nouveau projet promet de séparer tout le monde pour mieux ouvrir à la sous-traitance et conforter une gestion centrée sur les profits. Face à cela les salariées sont vent debout et 95 % se sont prononcées contre cette réorganisation.

Finalement, la direction a essayé de faire passer son accord par référendum (possible depuis la loi Travail si des syndicats d’une représentativité d’au moins 30 % ont signé l’accord) dans des conditions assez délétères  : salariées passées de force à trente-cinq heures, cadres au forfait jours qui ont pu voter sur un accord ne les concernant pas, scrutin organisé en août, pressions hiérarchiques... Malgré tout, le résultat du référendum a été sans appel  : 65 % de non ! En réponse, la direction traite les agents qui se déplacent de « voleurs », ceux à temps partiel de « fainéants » et un syndicaliste de « terroriste intellectuel ».

Néanmoins, forts du dernier mouvement social datant du printemps 2017 (concernant les frais de déplacement), les agents et agentes sont remontées, avec toujours une participation active aux AG, comptant ­systématiquement plus de 100 présentes. Un préavis de grève a été déposé et la résistance s’amplifie.

Pierre (UCL Grenoble)

 
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