Ecologie

Congrès de la Confédération paysanne : Le réformisme au compost




En juillet dernier s’est tenu le congrès de la Confédération paysanne. Suite à l’échec total des négociations de la Politique agricole commune (PAC), les débats des congressistes sur la stratégie à adopter ont été vifs et révélateurs de désaccords politiques.

Les 7 et 8 juillet avait lieu le congrès de la Confédération paysanne à Velanne-en-Isère. Déjà reporté à cause du Covid, ce congrès s’est tenu sur la ferme de Pierre et Marie-Pierre afin de garantir son maintien. Une belle ferme aux nombreux bâtiments auto-construits en troncs taillés à la tronçonneuse, Pierre participant à l’Atelier paysan, une association qui promeut l’autonomie technique des paysans et paysannes  [1]. Le partage et l’entraide technique font partie de la solidarité agricole. À l’heure où les politiques publiques favorisent la fuite en avant technologique, il est impérieux de se réapproprier un certain nombre de savoirs.

Ce congrès arrive à un moment charnière. Le syndicat sort d’importantes négociations sur la PAC au cours desquelles il n’a rien obtenu. Beaucoup de temps, d’analyses, de propositions, d’énergies ont été fournies et se sont heurtées à un mur. Le ministère était dans une logique de statu quo. «  On ne veut pas de manifestations d’agriculteurs à un an des présidentielles  ». Les inégalités perdurent, les aides conséquentes pour les petites fermes ne verront pas le jour.

Il se pose alors, pour les congressistes, la question de la stratégie. Le rapport de force, malgré des actions et manifs, n’a pas été assez conséquent. La seule négociation ne pèse rien face à un gouvernement qui n’est pas dans le compromis.

C’est dans le cadre de ces réflexions collectives stratégiques que des syndicats se revendiquant «  réformistes  » ont posé une motion pour «  réaffirmer notre logique institutionnelle  ». Le rapport d’orientation faisait le constat que face aux institutions, il y a au sein de la Confédération Paysanne deux tendances  : «  une vision anarchiste  » qui peine à être légitime, et une «  légaliste  » qui voit dans le jeu des institutions la possibilité de faire avancer des propositions.

L’impasse de la PAC

C’est cette dernière qui fut à l’offensive au sein du congrès. L’idée étant de marginaliser les discours délégitimant les institutions et surtout de limiter au maximum le travail qui pouvait être fait avec des franges du mouvement social dit autonome ou anarchiste. Cette position veut un recentrage corporatiste et se concentrer sur des thématiques agricolo-agricoles.

L’intervention des réformistes, dans un contexte d’échec total des négociations, a été très mal perçu par une écrasante majorité des congressistes. Entre le sentiment de mépris vis-à-vis des militantes et militants qui s’échinent à construire des luttes et les grosses divergences politiques, le débat, vif et incisif, s’est conclu par le rejet total de ces positions réformistes.

Nous sommes à un carrefour stratégique pour la gauche agricole qui se trouve, avec l’accélération du dérèglement climatique, face à des impératifs de transformation des systèmes agricoles et un pouvoir sans concession aligné sur les positions du syndicalisme majoritaire. Si ce congrès a dessiné quelques ébauches, il va falloir dans les années qui viennent construire une force qui vienne bousculer les pouvoirs établis.

Georges Claas (UCL Var)

[1L’Atelier paysan, Reprendre la terre aux machines – Manifeste pour une autonomie paysanne et alimentaire, Seuil, 2021

 
☰ Accès rapide
Retour en haut