Lire : Crettiez et Muchielli, « Les violences politiques en Europe »




Publié sous la direction de Xavier Crettiez et de Laurent Muchielli, cet ouvrage collectif tente de faire un état des lieux de la violence politique en Europe.
L’objectif est non seulement de décrire, mais aussi d’expliquer pourquoi, au nom de leurs idées, de leurs intérêts, ou de leur situation sociale, certains groupes utilisent la violence dans le champ politique.
L’état des lieux est assez exhaustif. Il va de la violence de la part de groupes politiques « extrêmistes », à la lutte armée de mouvements de libération nationale, aux émeutes, en passant par la violence d’État.
On peut par ailleurs regretter l’assimilation entre ultra-gauche, terrorisme islamiste et violence de rue d’extrême droite sous l’étiquette de violences « extrêmistes ».

La partie consacrée aux mouvements de libération nationale (Corse, Irlande du Nord et Pays Basque) est intéressante, distinguant assez finement les différences entre les situations de ces différents mouvements.
Les parties les plus captivantes sont celles consacrées aux violences émeutières et à la violence d’État. Le grand intérêt de la partie sur les violences émeutières est de montrer, exemples et enquêtes à l’appui, que ce phénomène, en banlieue (en France et ailleurs en Europe) est bel et bien politique. Ce ne sont pas de simples faits de vandalisme commis par des « casseurs » mais des révoltes politiques, contre des conditions de vie jugées inacceptables, même si ces révoltes n’ont ni structuration, ni idéologie définie.
Il convient de noter que ces révoltes interviennent souvent après le décès d’un jeune tué par les « forces de l’ordre », ce qui nous amène à l’un des plus gros acteurs de la violence politique : l’État.
En effet, trop souvent oublié, l’État exerce lui aussi des violences à caractère politique sous le nom de maintien de l’ordre. Sont abordées la police anti-émeute, les divers dispositifs de contrôle de la population mais aussi les violences quotidiennes exercées par les « forces de l’ordre » contre certaines populations marginales (jeunes de banlieues, SDF, Roms, sans-papiers…)

En plus d’essayer d’expliquer ces divers phénomènes, l’ouvrage amène à se poser la question de quand la violence apparait, de quand la conflictualité est suffisamment exacerbée pour que la violence soit la seule solution. De plus, ce texte a le mérite de rappeler que l’État est toujours le premier entrepreneur de violence politique.

Matthijs (AL Montpellier)

• Laurent Mucchielli, Xavier Crettiez, Les violences politiques en Europe : Un état des lieux, La Découverte, 2010, 336 pages,
27 euros

 
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