SNCF : Les CHSCT, un outil pour résister à l’exploitation forcenée




Dix accidents mortels par an, des maladies professionnelles à la pelle, un taux de suicide inquiétant… Triste bilan pour l’entreprise ferroviaire et ses sous-traitants. Seule l’action syndicale empêche que la situation n’empire. La disparition annoncée des CHSCT est un coup dur.

La SNCF, ce sont environ 600 CHSCT, six commissions fonctionnelles par grand corps de métiers (matériel, équipement, commercial, traction…) ainsi qu’une commission nationale CNHSCT certes dépourvue de pouvoir, mais qui permet d’avoir une vision globale. Ce maillage assez dense dope la capacité d’action syndicale sur les questions concernant la santé, les conditions de travail et la sécurité des 150 000 cheminot.es et contractuel.les. Chaque année, 300 à 400 enquêtes CHSCT sont déclenchées suite à des accidents du travail graves, et plus de 600 droits d’alerte CSHCT sont activés pour dénoncer des situations de « danger grave et imminent ».

La récente grève unitaire dans l’entreprise de nettoyage H. Reinier-Onet, à Saint-Denis [1], a mis en lumière les conditions de travail particulièrement pénibles et les rapports de domination que subissent les travailleuses et travailleurs de la sous-traitance. Les CHSCT sont un point d’appui pour lutter contre, car le Code du travail précise bien que parmi ses missions, il y a la « prévention et à la protection de la santé physique et mentale et de la sécurité des travailleurs de l’établissement et de ceux mis à sa disposition par une entreprise extérieure » (L.4612-1).

Il faut savoir que chaque année, rien que pour les « privilégié.es » de la SNCF, une dizaine d’accidents de travail mortels ont lieu, et des dizaines de décès sont officiellement reconnus suite à des maladies professionnels (615 morts en quinze ans). A cela il faut ajouter la souffrance au travail due à la « stratégie du choc » des restructurations incessantes et des méthodes managériales qui vont avec, et qui n’est sûrement pas sans rapport avec le nombre élevé de suicides de cheminot.es dans les emprises ferroviaires (57 en 2017). Tout cela dans un silence médiatique assourdissant, et face à l’omerta de la direction.

Négociation à couteaux tirés sur le redécoupage

En utilisant les CHSCT, l’action syndicale consiste à mettre en lumière ces phénomènes par le biais des enquêtes et expertises, et à organiser les ripostes localement avec les salarié.es concerné.es.

Sur certains dossiers d’ampleur nationale, comme l’amiante, des batailles ont été menées en lien avec les cheminot.es exposé.es et avec les associations de victimes comme l’Andeva. La SNCF a ainsi été condamnée à plusieurs reprises pour faute inexcusable, et une procédure judiciaire pour « préjudice d’anxiété » a été menée par SUD-Rail concernant des centaines de salarié.es exposé.es à ­l’amiante et soumis.es à une surveillance médicale renforcée.

Il y a actuellement une négociation à couteaux tirés à la SNCF, sur la mise en place, au 1er janvier 2019, des comités sociaux et économique (CSE) qui vont fusionner les instances DP, CE et CHSCT, avec un redécoupage et une réduction de moyens en vue. Quelle qu’en soit l’issue, les équipes syndicales devront s’adapter pour continuer le combat. Ce n’est pas parce qu’on casse le thermomètre que la fièvre va retomber !

Sébastien (AL Paris nord-est)

[1Lire l’entretien avec Oumou Gueye dans Alternative libertaire de février 2018.

 
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