Seine-Saint-Denis : Une plateforme pour les Rroms




La politique de Valls poursuit celle de Sarkozy et ses déclarations révoltent les associations les plus modérées. Petit tour dans les collectifs du 93.

Déplacées au gré des expulsions qui risquent d’augmenter après une relative trêve hivernale, les populations dites Rroms (une majorité de Rroms de Roumanie mais aussi des Bulgares parfois turcophones) sont évaluées autour de 10 000 personnes mais nul ne peut vraiment savoir tant la situation est mouvante. Ce qui est en revanche certain c’est l’extrême dureté de leurs conditions de vies, l’interdiction d’accès au travail qui les vise spécifiquement (du fait de mesures dites transitoires qui arrivent à échéance fin décembre mais dont la prorogation n’est pas exclue) et l’absence de volonté politique pour les intégrer.

État des mobilisations

Il faut rappeler ici la vie dans des cabanes (habilement) installées dans des terrains vagues, des bords d’autoroute, sans accès à l’eau ni aux toilettes, les efforts des mères pour tenir propres et même « cosy » les intérieurs. Rappelons la violence des expulsions, la destruction des habitations sous les yeux des enfants à coup de pelleteuses, alors qu’un simple partage de l’effort social nécessaire entre les communes suffirait, les fonds européens qui existent ne sont quasiment pas utilisés.
Face à cela, chaque mairie réagit à sa manière. Montreuil (Verts), Saint-Denis (PCF) et Bobigny (PCF) pourraient faire mieux mais produisent quelques efforts sur un nombre ciblé de familles ; mais aucune ville n’a une vraie politique globale d’accès au soins, de vaccination, d’alphabétisation ni de scolarisation. Rosny (UMP) s’acharne sur les expulsions mais tolère la scolarisation. Noisy-le-Grand (PS) expulse et s’oppose à la scolarisation…

Plateforme départementale

Dans de nombreuses villes des collectifs variés se sont mis en place avec une double tâche : mener les batailles politiques face aux stigmatisations institutionnelles et parfois face aux réactions populaires ; organiser la solidarité immédiate minimum. Le Secours catholique est en pointe avec la LDH et le Mrap. Côté politique, les militants et militantes Verts, Fase, NPA, AL sont les plus présents. À Rosny, des membres du PS se sont investis. Côté PCF, sa présence sur le terrain est l’exception quand elle n’est pas, comme à Montreuil, du côté des manifestations populaires hostiles ; la FCPE est parfois présente également ; les syndicats sont totalement absents.

Sur le plan départemental, le préfet (toujours Lambert, l’ex super flic nommé dans le 93 pour faire du chiffre…) est censé mettre en musique la circulaire du 26 août qui rappelle l’obligation de scolarisation et qui prévoit la mise en place de solutions pérennes avant l’expulsion des campements. Mais rien ne bouge. Un collectif existe à cette échelle : la Plateforme 93 qui réunit des associations caritatives, des associations humanitaires, des ONG, des militants et militantes politiques et fédère les collectifs locaux. La Voix des Rroms participe également très activement mais ne regroupe pas énormément de militants et militantes issu-e-s des communautés. Les activités sont nombreuses : échange d’infos indispensables, rédaction d’une charte revendicative, déclarations publiques.
La Plateforme 93 a également organisé début mars une manifestation conjointe avec le DAL contre toutes les formes de mal-logement et pour la réquisition des logements vides. Deux cent cinquante personnes pour le premier samedi des vacances scolaires, c’est plutôt une réussite. Les militants et militantes présentes se souviendront d’une tête de cortège où Rroms et populations à majorité africaine au coude à coude ont fusionné leurs slogans.

Jean-Yves (AL Seine-Saint-Denis)

 
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