Universités : Pour l’éducation, contre la sélection




Le gouvernement Macron souhaite remettre en cause notre droit à l’éducation avec, entre autres, la sélection à l’université. La riposte se construit peu à peu  : sera-t-elle suffisante pour inverser le rapport de force  ?

Le Plan étudiants, le projet de loi orientation réussite des étudiants (ORE), mettent en place la sélection à l’entrée de l’université, imposent d’avoir la moyenne dans toutes les matières pour valider sa licence, et feront augmenter les frais d’inscription... Tout comme pour la réforme du bac prévue par le rapport Mathiot, l’objectif du gouvernement est de rendre la fac de plus en plus élitiste et d’accroître la sélection sociale pour interdire l’université aux classes populaires. Les lycéennes et lycéens en bac professionnel ou technologique auront encore moins de chance d’y entrer. Celles et ceux qui travaillent à côté de leurs études auront encore plus de difficulté à valider leur licence.

En janvier, des universités comme Paris-I ont voté des motions contre la sélection, tandis que dans d’autres, comme à Rennes-II par exemple, le vote des attendus qui mettent en place la sélection a été empêché par l’envahissement de conseils. En effet, le gouvernement demande aux universités de mettre en œuvre la réforme alors qu’elle n’a pas encore été votée au parlement, ce qui est illégal. Le 1er février, environ 20 000 lycéennes et lycéens, étudiantes et étudiants, profs et personnel.les ont protesté contre ces projets de loi du gouvernement Macron. Le 6, nous étions un peu plus à nous mobiliser, la grève des profs dans le secondaire a favorisé la mobilisation lycéenne, en leur permettant de descendre dans la rue.

L’occasion de montrer le syndicalisme de lutte

Avec le tunnel des vacances d’hiver, l’alternance des zones et les vacances étudiantes en avril, la procédure accélérée nous laisse peu de temps. Ce calendrier court ne doit pas nous faire sauter certaines étapes-clés de la mobilisation  : informer et expliquer ces projets de loi est important – jusqu’à présent peu de monde avait conscience qu’il s’agissait d’attaques contre nos droits. D’autant plus que les premières manifs n’ont pas été un raz-de-marée. Chez les étudiantes et étudiants par exemple, la mobilisation existe mais reste faible, à l’exception de l’université du Mirail à Toulouse, où la mobilisation est bien présente avec une AG réunissant jusqu’à 1 000 étudiants et personnel.les. Cela s’explique en partie par le mouvement local contre la fusion qui durait déjà depuis trois mois. La fusion des facs est par ailleurs un sujet qui concerne de très nombreux autres sites universitaires. Dans les lycées, le succès du premier débrayage conditionne la suite. Mais la difficulté à tenir des assemblées générales, souvent à cause des directions des établissements, empêche de donner du souffle à ce mouvement. L’absence d’auto-organisation sur le lieu d’étude peut être compensée par des coordinations entre les lycées. L’enjeu est donc d’élargir et d’amplifier la lutte. La mobilisation nationale du 15 février a lancé une contestation active que nous allons tenir jusqu’au 22 mars, journée de grève dans toute la fonction publique.

L’auto-organisation des étudiants, des lycéens, des enseignants, du personnel est cruciale afin que chacun et chacune s’approprie la lutte, à partir de ses réalités, de son lieu de travail ou d’étude. La lutte en cours sera compliquée, mais ce qu’il faut aussi avoir en tête, c’est que cette attaque du gouvernement ne sera pas la dernière, et qu’il faudra riposter à nouveau. Un mouvement est aussi l’occasion de montrer l’utilité du syndicalisme de lutte et des ressources qu’il offre. Nous avons intérêt à ce que des pratiques autogestionnaires et combatives s’enracinent dans nos mobilisations en vue des autres luttes à venir.

Quentin (AL Rennes)

 
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