Education : La démolition du statut d’enseignant




La réforme des concours de l’enseignement, dont l’application se précise cette rentrée, annonce des dysfonctionnements majeurs auxquels les jeunes enseignants sont d’ores et déjà confrontés. Entre appauvrissement de la filière recherche, suppression de postes et recours massif aux vacataires, l’heure est grave.

La réforme de la formation des maîtres dite de masterisation touche l’ensemble des personnes se destinant à enseigner dans le primaire comme dans le secondaire. Parmi d’autres mesures, elle allonge notamment la durée d’étude nécessaire avant de pouvoir passer les concours (CAPES pendant le M2, l’agrégation nécessitant de posséder un M2) et supprime la formation en IUFM qui, sans être idéale, valait sûrement mieux que la situation actuelle, à savoir des enseignantes et des enseignants placés devant une classe à temps plein (18h) dès la première année d’obtention du concours.

Surtout que les tuteurs prévus sont en nombre insuffisants faute de volontaires et ne veulent pas des heures sups quasiment pas rémunérées, ou tout simplement parce que nombre d’enseignants et d’enseignantes ont la volonté d’entraver la mise en place de la réforme. Parfois, les néo-titulaires ont même obtenus une classe de seconde, devant ainsi faire cours sur de nouveaux programmes et sans manuels, réforme du lycée oblige !

Disparition des masters « recherche »

A ces situations déroutantes, qui représentent un non sens tant sur le plan pédagogique que professionnel, s’ajoute l’impossibilité de mener de front préparation du concours et validation de l’année de M2, ce qui est pourtant demandé aux étudiantes et étudiants. Et les masters « recherche » se vident d’étudiants au profit des masters « métiers de l’enseignement », cette situation programmant ainsi la disparition de certaines spécialités de recherche.

La lutte contre cette réforme faisait partie des trois principales revendications du mouvement de grève historique de 2009 dans les universités, mouvement qui malgré une adhésion massive de la communauté universitaire a échoué à infléchir les choix du gouvernement, en partie en raison de modes d’actions inadaptés. De plus, le fait que le SNES ne voyait pas d’un mauvais oeil une réforme augmentant le niveau de qualification des enseignants et donc, espérait-il, leur rémunération, a également pu peser à l’intérieur de la FSU, et jouer contre la mobilisation.

Recours accru aux précaires

Actuellement la lutte s’est déportée sur un terrain juridique avec le recours d’une étudiante devant le tribunal administratif de Rennes, ou encore les recours de plusieurs associations et syndicats devant le Conseil d’état. Mais cela n’est pas suffisant pour combattre une réforme qui démontre au fur et à mesure de son application son absurdité, ses dysfonctionnements et les tâtonnements auxquels se livrent ministère, rectorats et directions d’universités.

Ces dernières se chargent d’appliquer la réforme malgré les innombrables motions votées dans des conseils par des élus qui eux-mêmes s’occupent ensuite de rédiger la nouvelle maquette de formation dont ils sont responsables dans leur département. Cette réforme s’inscrit dans un contexte où des dizaines de milliers de postes sont supprimés chaque année. Postes que le Ministère espère compenser par l’emploi de vacataires détenteurs d’une licence (Bac +3). Elle fait également écho à la réforme des retraites qui allonge la durée de cotisations quand le nombre d’années d’études pour accéder aux concours s’allonge également.

Aurélien (AL Paris Sud)

 
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