Écologie

Contre-tribune : Néomalthusiens en roue libre




En réponse à une tribune du collectif Démographie responsable, parue dans Le Monde le mois dernier, quelques arguments contre la réduction démographique, qui n’est toujours pas la solution.

L’humanité va bientôt dépasser la barre des 8 milliards d’êtres humains et la couverture médiatique de ce fait a des relents malthusianistes. Le mois dernier Alternative libertaire publiait un article qui qualifiait l’écologie profonde de réactionnaire en particulier à cause de sa volonté de faire décroître la population mondiale. Dans le même temps, le 9 novembre, paraissait une tribune de l’association Démographie responsable dans Le Monde intitulée « Réduire la population contribuerait à l’atténuation du réchauffement climatique ».

Puisqu’une mise au point s’impose, reprenons l’argumentation. Elle a l’avantage d’être très classique, s’agissant d’une simple mise à jour des thèses de Malthus où au lieu de la production agricole, ce seront les limites en ressources qui limiteront la capacité de la planète à supporter la population. Il s’agit d’un développement logique puisque le discours dominant de « sobriété » implique basiquement de regarder les problèmes écologiques à travers l’équation « ressources consommées = ressources consommées moyennes par humain x population mondiale ».

La menace de la bombe démographique africaine est un vieux ressort d’une mentalité coloniale française, par ailleurs implicite quand on parle de croissance de la population mondiale.

Démographie (pas si) responsable

Contrairement à ce qu’indique la tribune de Démographie responsable, il est aisé de trouver des simulations climatiques qui prennent en compte ce facteur puisque le rapport Meadows, qui est la pierre angulaire des travaux sur les limites à la croissance, les prend en compte. Et si les signataires de la tribune avaient fait l’effort minimum de lire la référence la plus citée dans le domaine, elles et ils auraient vu que leur vision était déjà obsolète il y a cinquante ans. Cet anachronisme et cette simplicité sont permises entre autre parce que le concept même de choix technique y est ignoré. Cette tribune étant signée par des scientifiques dont certains au titre de directeur de la recherche au CNRS, on appréciera l’ironie.

Le site de l’association nous dit que l’argumentation progressiste qui pointe du doigt les inégalités comme source principale des problèmes écologiques ne tient pas. En effet, diminuer la richesse des plus riches n’a pas un impact proportionnel sur leur consommation en ressources. C’est vrai et c’est pour ça que notre organisation ne pointent pas du doigt les riches parce qu’ils prennent leur jet privé mais bien le système actuel qui fait que ce sont les riches en jet privé qui prennent des décisions concernant, par exemple, les jets privés. Leur analyse fait l’impasse sur la critique du système de production, cela en fait-il pour autant des réactionnaires  ? Elles et ils ont tout de même un logo avec un préservatif  ! Par contre, on pourra remarquer qu’elles et ils dédient beaucoup de caractères de leur site au problème des futures émissions de CO2 de l’Afrique et précisent en interview qu’en France on ne pourra pas accueillir tous les migrants.

Cette menace de la bombe démographique africaine est un vieux ressort d’une mentalité coloniale française, par ailleurs implicite quand on parle de croissance de la population mondiale. Elles et ils notent d’ailleurs que cette peur de l’augmentation démographique est liée au fait que l’Afrique va vouloir modeler son niveau de vie sur celui très émetteur en CO2 de l’Europe. Ces grands esprits de la science semblent malheureusement incapable de réfléchir aux causes de ces émissions. Ne vous occupez surtout pas par exemple du fait que la famille de la ministre de la transition énergétique a fait fortune grâce au pétrole !

Ces relents racistes sont inhérents aux thèses néomalthusiennes. Peut-être que ce n’était pas là l’intention des auteurs et autrices de cette tribune. Une chose est sure, il ne fallait pas compter sur le discernement de scientifiques qui pensent pouvoir résoudre la crise écologique en se focalisant sur le 2e facteur d’une équation bidon à deux variables.

Corentin (UCL Alsace)

 
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