Dico anti-partiarcal : Qu’est ce que le genre ?




Chaque mois, un mot ou une expression passée au crible par la commission antipartiarcat.


Le genre est une notion apparue dans les années 1970 dans le monde de la recherche féministe anglo-saxon, en parallèle avec la notion de sexe social puis de rapports sociaux de sexes, qui insiste sur la division sexuelle du travail, construite en France dans les années 1980. Les trois notions décrivent la même réalité.

Selon Ann Oakley, dans Sex, gender et society paru en 1972, « le mot sexe se réfère aux différences biologiques entre mâles et femelles : à la différence visible entre leurs organes génitaux et à la différence corrélative entre leurs fonctions procréatrices. Le genre, lui, est une question de culture. Il se réfère à la classification sociale en masculin et féminin ».

Le masculin et le féminin sont socialement définis. Des caractéristiques physiques et des comportements, des traits psychologiques différents sont attendus selon qu’un individu est classé homme ou femme. Les activités professionnelles ou sociales qu’on est « autorisé » à pratiquer sont différentes, en gros domaine privé et relationnel aux femmes, domaine public et politique aux hommes. Par conséquent, deux aspects sont généralement supposés : tout d’abord, la coïncidence entre le sexe biologique et le genre (un homme biologique doit être viril et une femme biologique doit être féminine), ensuite, l’ensemble des comportements peuvent être catégorisés en deux genres distincts et gare à qui entretient des confusions.

Les féministes développeront ensuite l’idée que ces stéréotypes sont socialement construits, imposés par l’éducation, la société, le système politique... Et que si le contenu des stéréotypes est légèrement variable d’une civilisation à l’autre, les deux sexes sociaux sont partout différents et hiérarchisés. La division des humains en deux sexes sociaux est à la fois le résultat de leur hiérarchie et la source de cette hiérarchie.

Cette définition initiale a toutefois pour défaut de laisser la différence biologique des sexes à l’état de nature. Les travaux plus récents des féministes montrent que le sexe biologique est aussi en grande partie une construction sociale. En effet, selon Nicky Le Feuvre, chercheuse à l’Université du Mirail à Toulouse, « le genre (résolument au singulier) renvoie à un système social de différenciation et de hiérarchisation qui opère une bicatégorisation relativement arbitraire dans le continuum des caractéristiques sexuelles des êtres humains ».

On peut également lire avec profit l’ouvrage de Roland Pfefferkorn, Inégalités et rapports sociaux - Rapports de classe, rapports de sexe, paru à La Dispute en 2007.

 
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