Sortir du nucléaire : Le réseau en crise !




Le réseau Sortir du nucléaire a tenu son assemblée générale les 6 et 7 février 2010 à Lyon. Creuset de la contestation antinucléaire depuis de nombreuses années, le réseau traverse actuellement une importante crise interne.

« Avec les 872 associations qui le composent, fort du soutien de plus de 26 600 adhérents individuels, le réseau Sortir du nucléaire reste plus que jamais vigilant face au nucléaire qui continue à gangrener notre pays tout entier ». C’est ainsi que débute le communiqué de presse officiel. Toutefois, ce que ne décrit pas ce dernier, c’est l’ambiance de crise qui a marqué l’AG, conséquence à la fois de divergences d’orientation et d’un blocage de son fonctionnement. Les désaccords ont commencé avec l’appel dit « Ultimatum climatique », signé par WWF-France, Greenpeace France, la Fondation Nicolas Hulot et Les Amis de la Terre, caractérisé par l’absence de référence à la lutte antinucléaire et se terminait par : « Monsieur le Président, vous vous devez de prendre la tête de ce combat qui est sans doute l’enjeu de ce siècle ». Cela ressemblait furieusement à une acceptation du nucléaire comme alternative à l’effet de serre, ce qu’affirme justement Sarkozy ! Au gré des présences des uns et des autres au conseil d’administration (CA) du réseau, celui-ci refuse de signer l’appel le 2 juin 2009 puis change d’avis le 11 septembre pour ensuite contester cette décision et se rétracter le 1er octobre.

Des conflits d’orientation et de fonctionnement

C’est sur cette base que s’est installé le blocage du fonctionnement du réseau. Les noms d’oiseaux ont volé. La crise voit lors du CA une majorité s’opposer à une minorité et un salarié s’élever contre les douze autres. Ces derniers se mettent alors en grève et le directeur, salarié du réseau, enclenche contre le salarié récalcitrant une procédure de licenciement cassée par la majorité du CA. L’AG des 6 et 7 février a d’une certaine façon calmé la situation. D’abord l’ensemble des membres du CA ont démissionné et un CA provisoire a été élu jusqu’à une AG exceptionnelle fixée fin juin 2010. Ensuite furent votées trois motions pour encadrer le fonctionnement du réseau d’ici là. La première empêche tout licenciement, la deuxième refuse de signer des textes qui ne condamnent pas explicitement le nucléaire et la troisième constate qu’« il est grand temps d’engager un processus de refondation du Réseau, […] réformer en profondeur sa structuration ainsi que ses règles et mécanismes de fonctionnement ». En effet la croissance du réseau semble avoir été mal maîtrisée. Le fonctionnement en est devenu surprenant, en tout cas pour les militantes et les militants autogestionnaires, avec une expression publique du réseau sous-traitée à des salariés et l’embauche d’un directeur qui au-delà des tâches nécessaires de coordination, revendique une autorité disciplinaire.

Redonner le pouvoir aux associations

Depuis plusieurs années, le réseau a largement démontré son importance en étant le creuset de la contestation antinucléaire, en impulsant des mobilisations importantes, comme à Colmar en octobre 2009 où 10 000 manifestants réclamèrent la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, la plus vieille et une des plus dangereuses de France. La diversité des associations qui composent le réseau est sans conteste sa grande richesse, lui donnant une légitimité et une réelle capacité d’action contre le nucléaire. Il y a donc urgence à régler cette crise et à refonder le réseau en redonnant le pouvoir aux associations de terrain. Heureusement, l’AG a aussi donné au réseau les moyens de poursuivre cette année son combat antinucléaire : les campagnes pour 2010 ont pu être débattues et décidées, le plan d’action 2010-2012 pour la sortie du nucléaire a été validée, de même que l’ouverture du réseau au combat contre le nucléaire militaire et la décision de participer à la campagne dite « Abolition des armes nucléaires / Stop essai ». Enfin le réseau a décidé de faire du soutien à l’Institut Belrad, qui informe et soigne la population biélorusse suite à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, l’axe principal du « Tchernobyl Day » le 26 avril 2010. Longue vie au réseau !

Jacques Dubart (AL Agen)

 
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