Dossier urbain : Montpellier : Luttopia, acte II




Un centre social autogéré, un habitat réquisitionné, un lieu de convergence des luttes et d’entraide… c’est tout cela, le projet Luttopia. Après six mois d’activité, la police a violemment évacué Uttopia 001. Quinze jours plus tard ouvrait Uttopia 002, dans un autre quartier de la ville.

Au printemps 2014 s’ouvrait à Montpellier
Uttopia 001, un centre social
autogéré installé dans un spacieux
complexe de bâtiments : un building,
un réfectoire, une salle d’activités et
une belle maison de maître, le tout
appartenant à l’ordre des avocats de
Montpellier.

La pénurie de logements est assez
critique dans cette ville où les loyers
atteignent des sommets. 80 % de la
population est éligible au logement
social… mais c’est une denrée rare.
Plus de 17 000 personnes sont en
attente d’une attribution. Dans le
même temps, plus de 18 000 logements
sont vides et les solutions d’hébergement
d’urgence sont complètement
con gestionnées : 80% des appels
au Samu social n’aboutissent pas.

Pour le collectif Luttopia, la réquisition
est une réponse partielle à cette
crise, causée par la gestion capitaliste
du logement. Uttopia 001 a ainsi
accueilli plus de 100 personnes : des
étudiantes et des étudiants, des jeunes
travailleuses et chômeurs de moins
de 25 ans, mais aussi des sans-papiers
et une dizaine de familles à la rue.
Rapidement, une distribution de colis
alimentaires a été mise en place, à
base de récupération.

Une permanence de médecins du monde

Luttopia s’est également voulu un
lieu de réunion, de soutien aux luttes
et d’activité culturelle. De nombreux
ateliers gratuits se sont mis en place :
chant, théâtre, boxe, nin-jitsu, clowns
et concerts... Le squat a accueilli les
intermittents en lutte, le collectif Luttons
contre la précarité, ainsi que la
CGT-Précaires. Un pôle santé et juridique
a aussi été mis en place avec la
présence de Médecins du monde, qui
a proposé des consultations hebdomadaires.

Le Centre social autogéré a fonctionné
grâce à une coordination à
deux niveaux, celle des habitantes et
habitants du lieu d’un côté, et de l’autre
celle des associations (Médecins
du monde, Cimade, LDH…), des syndicats
(CGT-Précaires) et des organisations
politiques (AL, CGA, JC,
PCF…). AL Montpellier a tenu un certain
nombre de réunions là-bas, et
certains militants se sont beaucoup
impliqués dans le projet.

Bien évidemment, l’Ordre des avocats
n’a pas apprécié. Après quelques
larmes de crocodiles, cette puissante
corporation a fait pression sur les tribunaux
pour nous jeter dehors. Après
une âpre bataille juridique, l’expulsion
a été ordonnée.

Le 24 octobre, une demi-compagnie
de CRS, accompagnée de la brigade
anticriminalité (Bac), de la compagnie
départementale d’intervention
ainsi que de la police aux frontières
(Paf ) ont attaqué le centre social. En
une heure, tous les bâtiments ont été
pris d’assaut et les gens évacués,
même si un courageux cordiste a pu
résister plus longtemps avant d’être
décroché.

Dans la foulée, pour protester, les
habitants et les soutiens ont bloqué la
ligne de tram 3 pendant plus de deux
heures, malgré la violence policière :
gaz lacrymo, coups de matraque, de
pieds, de poings, les flics n’ont pas
économisé leurs moyens.

Cette expulsion violente n’a fait
que renforcer la détermination de la
coordination. Dès le 14 novembre,
Luttopia a réquisitionné un nouvel
immeuble vide, appartenant au
conseil général : 2 000 m² sur
6 étages. Uttopia 002 a ouvert ses
portes et va faire du bruit !

Frédo et matthijs (AL Montpellier)


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