Lire : Jacques Leclercq, « (Nos) Néo-nazis et ultras-droite »




Impressionnant c’est sûrement le mot qui vient lorsque l’on a l’ouvrage de Jacques Leclercq entre les mains. Il l’est tout d’abord par sa taille conséquente (528 pages tout de même) mais aussi par le travail minutieux d’observation du microcosme de l’ultradroite de l’Hexagone dans ses plus infimes détails.

La période historique et le nombre d’organisations, groupes, groupuscules ou sectes est colossale. Il s’agit à la fois de la force et de la faiblesse de ce livre, l’exhaustivité est intéressante mais on se perd rapidement dans les sigles ou les noms de protagonistes.

De même, on peut parfois s’interroger sur l’espace consacré à certains microgroupuscules qui ne doivent pas compter plus de quinze membres alors que des mouvements plus importants sont à peine survolés (ce défaut est à relativiser puisque d’autres ouvrages de l’auteur sont consacrés justement à ces groupes).

Cependant, il est indéniable que l’étalement des débats qui vivent au sein de cette frange politique permet de sortir d’une vision simpliste que l’on pourrait avoir de ces groupes et des dynamiques qui les animent.

Ce serait une grave erreur politique de considérer qu’il n’y a pas de doctrine ou qu’ils se construisent sur une inconsistance théorique ou philosophique. Certes, ces groupes prolifèrent sur la faiblesse endémique du mouvement ouvrier actuel mais comme disait Korsch à propos du nazisme : « Le fasciste essaie d’accomplir à l’aide de nouvelles méthodes révolutionnaires, et sous une forme grandement différente, les tâches sociales et politiques que les partis et les syndicats réformistes avaient promis d’exécuter sans pouvoir y parvenir dans les conditions historiques données. »
 [1]
Il s’agit donc d’une force qui possède une forme d’autonomie et un projet de société « alternatif » dans le cadre capitaliste.
Leurs projets sont bien sûr exécrables à tous points de vue et lire leurs textes ne peut que nous conforter dans l’importance du combat antifasciste.

Cette importance doit justement nous obliger à comprendre leur logique pour mieux la combattre au lieu de tomber dans les anathèmes et les raccourcis faciles, en examinant de plus près les débats théoriques et les querelles de chapelle.

On comprend que l’extrême droite est loin de constituer un monolithe et pas uniquement pour une simple question d’ego de ses leaders.
Un ouvrage qui s’adresse donc selon moi à tout ceux qui voudraient approfondir leurs connaissances de ces groupes mais qui est difficilement abordable pour des nouveaux venus qui risqueraient de se perdre dans le dédales de sigles, de noms et d’événements.

Sin Vincente (AL Bruxelles)

Jacques Leclercq, (Nos) Néo-nazis et ultras-droite, L’Harmattan, 2015,
528 pages,
49 euros.

[1Korsch Karl, La Guerre et la Révolution, à consulter sur : https://bataillesocialiste.files.wordpress.com/2007/04/korsch-la-guerre-et-la-revolution-1941.pdf

 
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