Maroc : Le peuple debout




Devant une politique libérale et une répression se voulant moins voyante mais qui est toujours aussi brutale, le peuple marocain est de moins en moins dupe de la politique du Makhzen (l’Etat marocain et ses institutions) qui s’exprime à travers le gouvernement islamiste modéré, lequel se veut le légitime représentant du peuple.

Les affrontements qui ont eu lieu dans les quartiers pauvres de Marrakech en décembre dernier, opposant la population de ces quartiers et les forces de répression, montrent les tensions qui existent au sein de la société marocaine entre le peuple et le pouvoir makhzani. Il ne faut pas oublier que Marrakech est une ville « vitrine » d’un Maroc de mille et une nuit, où le pauvre est de plus en plus illégitime. Mais les classes populaires ont toujours su arriver au rapport de forces quand leurs droits étaient bafoués, parfois même en recourant à la violence.
Cette fois, c’est contre la hausse des factures d’eau et d’électricité que la révolte a secoué Marrakech. Une révolte que le pouvoir a voulu circonscrire en encerclant tout un quartier avec une stratégie d’attaque militaire et en utilisant les derniers gadgets de l’artillerie répressive : des voitures blindées derniers cris, et des canons à eau. Résultat : tortures et arrestations d’une centaine de personnes et plusieurs dizaines de blessé-e-s.

La petite ville de Sidi Ifni, en ce début de 2013, s’est révoltée encore une fois car des pêcheurs ont été tués par des garde-côtes espagnols opérant aux îles Canaries. Le pouvoir, qui ne s’est jamais senti gêné de ne représenter que ses intérêts, a réprimé violemment la révolte encore une fois.

Contre la révolte, la répression

Ces événements sont des exemples parmi tant d’autres, qui surviennent fréquemment chaque année. Que ce soient des révoltes contre la vie chère, les sit-in des diplômé-e-s au chômage, les grèves des employé-e-s du service public luttant contre les coupes et les reformes libérales, les manifestations contre les violences faites aux femmes et celles contre l’absurdité d’une ligne TGV entre Casablanca et Tanger, etc. Les luttes et les fronts d’affrontements se multiplient et les tensions ne s’apaisent pas entre le peuple en lutte et le pouvoir.
Les convergences entre ces différents fronts sont encore difficiles à réaliser par les concerné-e-s, en raisons de la désinformation de certains organes politiques et centrales syndicales. Ces convergences sont certes tatonnantes mais ouvrent un chemin prometteur. Le mérite de l’effervescence contestataire et des révolutions dans les pays d’Afrique du Nord et du Proche-Orient, c’est que les peuples sont moins handicapés par la peur quand il s’agit de défendre leurs droits ou de les revendiquer, et cette situation n’est pas prête d’être renversée.

Marouane (AL Paris Nord-Est)

 
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